VEF Blog

Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 11-04-2018 à 07:21:58

Mon premier salon du livre de l'Abitibi-Témiscamingue

 

 

Ceci est le signet pour le salon du livre de l'Abitibi-Témiscamingue, édition 1998, tenu à La Sarre. C'est là que j'ai eu un coup de foudre pour cette région et pour ce salon. Mais ceci, c'est une autre histoire, que je réserverai pour des articles futurs. Le voyage en soi fut extraordinaire en surprises et en expérience de vie. On ne peut oublier!

 

Je ne devais pas y participer, mais l'éditeur n'avait qu'une auteure, qui s'était désistée. On m'avait alors demandé si je voulais la remplacer, puis toucher son cachet. Comment me rendre en haut de la carte? Alexandre, représentant commercial pour la maison, m'avait assuré qu'il passerait me prendre, car il avait affaire à Montréal. De plus, je pourrais gratuitement partager sa chambre d'hôtel. Une aubaine de A à Z.

 

 

Alexandre devait cogner à ma porte à neuf heures en matinée. Il est arrivé à onze heures. Nous avons dû arrêter en chemin pour qu'il puisse manger, si bien que nous sommes arrivés à Montréal vers trois heures. Son rendez-vous a été plus long que prévu et il était temps de manger. Nous avons pris la route vers l'Abitibi à six heures. L'expérience allait débuter!

Il fallait traverser les Laurentides au complet et nous étions encore loin de notre but. Une surprise des Laurentides : dans le village de L'Assomption, il y a un gros hôpital, à flanc de montagne, et qui semble surgir du néant. Un coup d'oeil inhabituel.

Entre les limites des Laurentides et le début de l'Abitibi, il y a un parc faunique à traverser. Deux heures de route avec rien d'autre que de la forêt. (En 2010, j'apprendrai, à ma grande surprise, qu'il y a une halte routière, mais à l'intérieur de la forêt). Au bout de ces moments éternels, il y avait un restaurant. Alex décide alors de croquer un morceau, de se reposer un peu. En entrant dans le lieu : une tête d'original empaillée dans la salle à manger. Mais, surtout, des moustiques à profusion. Le temps de descendre de la camionette et d'entrer dans le lieu, ces insectes avaient eu le temps d'envahir le véhicule, si bien qu'en reprenant la suite de l'aventure, j'ai passé dix minutes à écraser des moustiques dans le pare-brise.

C'est dans ça, l'Abitibi ? Une forêt! Parfois surgit un village et à ses limites : re-forêt. En traversant Val-d'Or, Alex me demande de compter le nombre de bars, de tavernes et de brasseries de mon côté et il ferait la même chose. Autour de 25.

À onze heures, nous approchons de La Sarre, mais Alex se dit fatigué, désireux de boire une bière dans le premier bar trouvé. Le voilà dans un village du nom de Taschereau. Plein! Autre surprise : la serveuse est une Française, ayant acheté le bar en compagnie de son mari, pour vivre l'aventure du Nouveau-Monde. Elle ne sait pas comment remettre la monnaie, ne connaissant pas l'argent canadien. Voilà bien la dernière chose que je pensais voir au fond de l'Abitibi : une Parisienne !

Nous arrivons à La Sarre vers minuit trente. Alex réclame de passer au bar de l'hôtel pour une autre bière. La serveuse s'appelle Pussy. On ne la croit pas, jusqu'à ce qu'elle nous montre sa carte d'assurance-maladie : Pussy! "Ça doit te causer des problèmes, non ?" Amusée, elle répond que ce fut le cas quand elle habitait chez les Anglais, en Ontario. Quelques années plus tard, de retour à La Sarre, je raconte ceci à un jeune auteur, pensant que je blague. Alors, nous voilà au bar et je demande à la serveuse si Pussy travaille encore en ce lieu. "Non, elle est partie il y a trois ans." Pussy, c'est un petit chat, mais aussi, en argot, un autre type de minou féminin...

Le salon du livre est plein de surprises, mais la plus grande : la joie de la population de savoir qu'on a roulé pendant dix heures pour les rencontrer. Les Abitibiens sont des personnes très expansives et gentilles. Le second soir, il y a, toujours chez Pussy, l'ex syndicaliste Michel Chartrand, sujet d'un livre biographique. Je suis avec une femme du salon qui, le voyant, me donne un coup de coude : "On va aller le voir et parler avec lui!" Ce qui fut fait. Alors, on a veillé avec le légendaire jusqu'à deux heures de la nuit et Chartrand a payé toutes nos consommations.

Des choses étonnantes, inhabituelles, il y en a eu à chacune de mes visites en Abitibi, mais jamais je ne pourrai oublier la tête d'orignal, la Parisienne du bar de Taschereau et Pussy.

Comme indiqué précédemment, je suis retourné à La Sarre une seconde fois et, en 2013, j'avais l'argent pour une troisième occasion, mais aucun des deux hôtels de la ville n'a voulu mettre un cendrier dans ma chambre. Au second refus, je dis à la réceptioniste que son hôtel vient de perdre 600 dollars et la compagnie d'autocar abitibienne un 200 de plus, sans oublier une centaine pour mes dépenses dans la ville. Elle a gardé silence...

J'aurai l'occasion de vous raconter d'autres aventures abitibiennes.