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Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 17-06-2018 à 06:35:52

Isidore Tremblay

 

 

Un de mes personnages favoris de la saga Tremblay. Il apparaît dans quatre romans.  Isidore est le prototype du "bon gars", malchanceux et maladroit, mais que tout le monde aime.


 

 

LA SPLENDEUR DES AFFREUX : Isidore est le premier enfant du couple Jenny et Étienne, et aussi le seul rejeton à avoir été épargné par l'épidémie de choléra de 1830. Surnommé Ti-Or, le garçon apparaît pas très futé... Mais il apprendra le violon sous les bons soins d'une amie de sa mère. Un événement marquera alors sa vie : il se fait ruer en plein visage par un cheval. Isidore gardera une haine et une méfiance certaine pour ces bêtes, que tous les hommes du 19e siècle adoraient.

 

 

EN ATTENDANT JOSEPH : Le roman où mon personnage est le plus en vedette. Marié à une femme extrêmement autoritaire et manipulatrice, "Zidore" se fait mener par le bout du nez par cette épouse envahissante, sauf quand vient le temps de choisir un prénom pour un de ses fils : elle désire que ce soit Joseph et il s'y oppose avec acharnement. C'est aussi dans ce roman que le talent de violoniste d'Isidore se manifeste. Il n'y en a pas un meilleur dans la région, si bien qu'il anime de nombreuses soirées avec ses gigues irlandaises. Progressivement, Isidore gagne en intelligence. Son patois est Torrieux, ce que n'apprécie pas du tout son épouse...

 

 

 

CE SERA FORMIDABLE : Il est le père du jeune Joseph. alors qu'il a l'âge d'être le grand-père de l'enfant. Veuf, Isidore vieillit et devient un peu aigri, mais avec une certaine sagesse dont Joseph prendra bonne note. Il chiale beaucoup parce que la société n'est plus "comme dans mon temps."

 

 

 

LE PETIT TRAIN DU BONHEUR : Isidore est ici un personnage de décor. Son petit-fils Roméo a très peur de lui, parce qu'il parle fort et crache son tabac pas toujours là où il faut. Isidore mourra à plus de 90 ans.

 

 

 

L'EXTRAIT : De En attendant Joseph, où Isidore change souvent d'emploi, tant à cause de ses maladresses que parce que son épouse exige qu'il gagne plus cher. Voici le jeune homme qui passe des moments de malchance.

 



Isidore n’est pas trop pressé de rentrer chez lui, ce soir-là. Après son épouse, le curé a poussé la porte de la boutique pour lui parler comme s’il était un petit enfant. Il a d’abord voulu discuter avec lui d’homme à homme, l’assurer qu’il demeure un mari fidèle, un homme travaillant fort afin d’avoir une maison pour le confort de sa famille, mais le prêtre lui a tout de suite fait la morale, lui a parlé de Dieu et des Anglais. « Pis je ne bois pas », a précisé le jeune Tremblay.

 

 

Isidore arrive très tard, un peu ivre. Juste au moment où il pensait qu’il ne buvait pas, le jeune homme a vu une taverne de la rue Notre-Dame, d’où un ami lui a fait de grands signes. « Un bon gobelet ne peut faire de mal à un gars après une journée de travail. » En le voyant ainsi, Émerentienne ferme sa porte, se barricade et lui ordonne de coucher ailleurs. « Certain que je vais coucher dans une autre maison! Isidore Tremblay n’a que des amis!» Cependant, un homme dans cet état n’est pas toujours le bienvenu, même chez les plus généreux. Dans la banlieue, il trouve une écurie qui lui semble hospitalière. Il fait fi de son aversion pour les chevaux et se fabrique un bon nid de paille en se répétant que son père a passé une partie de sa vie à coucher dans un lieu similaire et qu’il vaut mieux la compagnie d’un cheval que celle d’Émerentienne. Les deux bêtes le font lever tôt. Isidore sort, fourbu, puis se dirige vers sa maison, avec l’intention de se raser. Son épouse ne veut pas le faire entrer. À son arrivée au magasin, son patron refuse de le laisser paraître aussi négligé en public.

 

 

 

« Ouvre, Rentienne! Je vais perdre mon poste si je ne me rase pas et si je ne m’habille pas proprement!        

- C’était à toi d’y penser avant.        

- Torrieux! Ce n’est pas des histoires, que je te raconte!        

- Qu’est-ce que je viens d’entendre?        

- Torrieux de charrette, Rentienne!

- C’en est trop, Isidore Tremblay! »

 

 

 

 

 

Le voisin consent à lui prêter son rasoir et une chemise. Isidore retourne rapidement à la boutique, où un client s’est plaint au patron que le commis ne lui a pas remis la monnaie exacte, lors d’une transaction de la veille. Voilà le jeune Tremblay enseveli sous les reproches de son supérieur. Isidore garde sa tête baissée.

 

 

 

 

« Ça va mal à la maison avec ma femme, monsieur, pis…        

- Ce qui se passe chez toi ne me regarde pas. Travaille!        

- Oui, patron.        

- Balaie le plancher. Et après, tu prendras mon cheval et la voiture et tu iras chercher un colis au magasin général de Champlain. La poste l’a laissé là par erreur.        

- Et c’est pour m’envoyer ailleurs que vous m’avez fait raser?

- C’en est trop, Isidore Tremblay! »

 

Commentaires

Marioromans le 19-06-2018 à 17:41:07
Dans les salons du livre, les gens me parlaient des personnages et pas tellement de l'histoire des livres. C'est normal, car je pense aux personnages avant d'élaborer des histoires. J'ai quelques témoignages de ceci.


Merci! C'est encourageant. Un véritable désert, ici...
Maritxan le 19-06-2018 à 11:37:47
Toujours très intéressant. À force de lire tes billets, j'ai fini par aimer tes personnages... c'est pas beau ça ?

@+