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Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 05-10-2018 à 05:47:21

Max et les enfants

 

 

Max est gros, vieux et laid. Il fait peur au enfants! Mais plusieurs adorent le monsieur, sachant qu'il se montre généreux et gentil. Max est propriétaire d'une tabagie sur le chemin des écoliers et le lieu rayonne d'un comptoir à bonbons. Nous sommes en 1967 et voici l'amour de Max pour les petits. Un extrait de Quand on s'aime bien tous les deux.



« Monsieur, j’ai deux sous. Je veux des bonbons roses, parce que rose, c’est la couleur des filles.

- Je vois, mam’zelle. Regarde ceux-là. Tout à fait roses.

- J’en ai combien, pour deux sous?

- Quatre. »

 

Mademoiselle rose, sans doute pressée de consommer, trébuche en sortant et il n’existe plus de joie, de bonheur et de bonbons : que des larmes et des cris. Max se lance à son secours, la grimpe sur le comptoir, en l’assurant que ce n’est pas si grave, du moins jusqu’à ce qu’il se rende compte que la pauvresse a un genou qui saigne. L’homme se presse vers sa trousse de secours, dont il ne s’est pas servi depuis des années. Il se sent mal à l’aise de lui enrubanner la blessure, mais deux autres friandises, gratuites, font diminuer le torrent. Max la descend de son perchoir, lui demande de marcher un peu. « Tu vois? Plus de bobo. Par contre, tu diras à ta maman de regarder ça de près. » Quelques larmes rebelles persistent, mais la fillette, boitant exagérément, pousse la porte, après avoir remercié.

 « Quand je vais raconter ça à Betty… Elle verra que j’aurais fait un bon père. » Il regarde les bonbons roses, en engloutit un, « Maintenant, je suis une fille. » Max ne pense pas alors que dès le lendemain, sa petite clientèle féminine allait doubler. L’homme sait que la vente de friandises au sou ne lui rapporte presque rien. Certains commerçants du même type refusent de se prêter à ce jeu. Par contre, Max aide à construire des souvenirs d’enfance. Il espère que bien après sa disparition, des vieux, dans un parc, parleront tendrement du lointain jour où ils achetaient deux sucreries pour un sou chez Max. Pour lui, chaque arrivée de petits vers le comptoir demeure un beau moment de sa matinée.

 

 

 

Commentaires

Marioromans le 11-10-2018 à 01:28:09
Total de trois. Chanceux !
johnmarcel le 10-10-2018 à 09:58:17
Moi aussi ! Moi aussi !

Un petit confiseur pas loin de chez mes grands-parents paternels, un autre pas plus grand non loin de chez mes grands-parents maternels… oh et un sur le chemin de l'école…
Marioromans le 07-10-2018 à 17:59:06
J'avais moi-même un lieu semblable sur le chemin des petits écoliers.
chocoreve le 07-10-2018 à 17:54:05
Ah oui ! Max a raison ... j'entends souvent les gens du village dire "tu te rappelles, quand on était gosses, les bonbons chez la mère Vilain" ...

J'adore la photo ...