Après les frustrations relatives au précédent éditeur, j'ai de nouveau obéi au conseil de Pauline Gill : ne pas envoyer de manuscrit, mais des résumés des histoires et la présentation des caractéristiques de chaque texte. Comme je l'ai fait pour une vingtaine de romans, ceci a provoqué de l'indifférence, une colère, mais beaucoup de curiosité.
Cependant, mon entrée chez Marcel Broquet a donné lieu à une situation un peu loufoque. L'homme me téléphone une fin d'avant-midi et dit qu'il désirait publier mon roman. Au singulier ? Je lui demande lequel. Il me répond : celui avec la religieuse enseignante. J'ai alors réalisé tout de suite qu'il n'avait pas vu l'enveloppe de ma démarche et qu'il répondait à une demande faite trois années plus tôt. "Mais ce livre est sur le marché, monsieur." Silence et embarras de l'homme, qui me demande si j'en ai d'autres en réserve. Je lui en ai envoyé quelques uns.
Une semaine plus tard, ce roman était accepté. Trois jours après, je signais un contrat. Quelques jours passent et j'avais la page couverture entre les mains. Encore peu de temps et j'entrais en contact avec la correctrice (Une femme formidable) et six semaines après le coup de fil initial, j'avais le roman entre les mains. Plus rapide que ça, tu meurs !
Gros-Nez le quêteux est le premier des trois romans créés parallèlement à la série Tremblay. Mon personnage était présent dans Ce sera formidable et dans Petit Train. Très aimé du public! Alors, j'ai décidé de lui créer son propre roman. La forme était la même que dans la seconde partie de Contes d'asphalte : chapitres thématiques, mais sans chronologie. Ainsi, chaque chapitre était une petite histoire en soi, avec un début et une fin. Autre caractéristique : hors Joseph Tremblay, aucun autre personnage ne porte de nom (Bien qu'on en croise deux avec des surnoms). L'approche est humoristique, mais aussi humaine, avec ses thèmes sur l'amitié, le respect, la générosité, etc.
J'aime beaucoup ce roman. J'en suis très fier. D'autant plus que Marcel Broquet s'est montré très respectueux à mon endroit, comme jamais aucun des trois autres ne l'avait été pour un de mes textes. Cependant, je ne me suis pas senti parti pour la gloire et la suite allait me donner raison.
Ceci est la première épreuve de la page couverture. Le dessin provenait de chez moi : la rue Notre-Dame de Trois-Rivières, fin du 19e siècle. En noir et blanc à l'origine, mais colorée par le concepteur, qui n'a eu qu'à glisser le personnage dans le coin gauche. Le hic est que cet homme avait les cheveux blancs. Or, dans le roman, Gros-Nez est dans la quarantaine au maximum. Alors, le concepteur a enlevé ce blanc, pour le résultat que l'on voit ci-haut.
L'extrait : Gros-Nez en a ras-le-bol de sa vie de mendiant et décide de devenir ermite, dans une forêt au nord d'un village. C'est là qu'il rencontre une jeune femme surnommée Grand-Regard et dont il tombe amoureux. Voici la rencontre entre les deux.
L’attitude de ce marchand confirme à Gros-Nez la pertinence de sa décision de vivre éloigné de l’humanité. Une jeune femme, témoin de l’altercation, sort de la boutique et presse le pas vers le vagabond. « Monsieur! Monsieur! » L’homme l’ignore, jusqu’à ce qu’elle ajoute : « Ce n’est pas un surnom ridicule, Gros-Nez. C’est joli. » L’homme se retourne et sent son cœur battre en voyant un si charmant minois.
« Mon frère a beaucoup de tabac et ne manque pas de travail pour gagner l’argent nécessaire à en acheter d’autre. Venez chez moi, je vais vous en donner.
- Je vous remercie, mademoiselle, mais je vais me rationner.
- Le tabac est le meilleur ami de la solitude. Moi-même, parfois, je fume une cigarette. N’agissez pas en orgueilleux et suivez-moi.
- Moi, orgueilleux? »
Gros-Nez est intrigué de l’entendre parler de son frère à la manière d’un mari. La maison, modeste, est privée de décorations. Pas de papier peint aux motifs floraux. Des couleurs pâles remplacent les foncées habituelles. Aucune photographie austère d’un aïeul, comme partout ailleurs. Avant de penser au tabac, elle remplit une cafetière et dépose une bûche dans le poêle.
« Je m’appelle Grand-Regard.
- Grand-Regard?
- Si vous êtes Gros-Nez, j’ai le droit d’être Grand-Regard. Je sais où vous habitez. Du moins, je le présume. C’est une cabane à sucre abandonnée, dans la forêt, quelques milles au nord des limites du village. Vous marchez souvent cette longue distance pour venir acheter ceci ou cela chez le marchand. Je vais me ranger de son côté, pour une question : pourquoi de l’encre? Qu’écrivez-vous? Ne seriez-vous pas un peu poète?
- Vous êtes curieuse, Grand-Regard.
- Vous aussi, Gros-Nez. Alors, je n’ai rien à cacher : cette maison appartenait à notre père, décédé voilà trois années. Ma mère l’avait précédé deux ans plus tôt. Mon frère et moi y habitons toujours. Il est chef de gare au village voisin et y couche en chambre, si bien que je suis seule ici cinq jours sur sept. J’étais maîtresse d’école, mais comme je ne me pliais pas à toutes les règles, les commissaires m’ont remplacée. Des biscuits, avec votre café? »
La rencontre dure un peu plus d’une heure, pendant laquelle Gros-Nez se donne un torticolis à force de suivre les mouvements saccadés de la jeune fille, qui s’exprime autant avec sa bouche qu’avec ses mains. La belle dit des choses inhabituelles, comme si elle vivait hors du temps présent. Elle lui a parlé des étoiles, des planètes, des herbes sauvages, de l’automobile et des vues animées.
Grand-Regard insiste pour aller reconduire son invité. Elle conduit avec la dextérité d’un cocher d’expérience. Dès la limite du village franchie, elle se met à chanter à tue-tête. Voilà le vagabond à la lisière de la forêt. Elle le salue avec fermeté. Il aurait cru qu’elle l’accompagnerait jusqu’à la cabane, mais, au fond, cela ne serait pas très convenable. « Ouf! » de penser Gros-Nez, ayant perdu la notion du silence. Il transporte deux lourds sacs de victuailles qu’elle lui a offerts. Un de ceux-là se déchire en se frottant à une branche et tous les aliments tombent. « Du fromage! Un ermite qui va manger du fromage! Princier! »
Gros-Nez est alors beaucoup plus âgé que la demoiselle, mais il se laisse emporter par l'illusion de l'amour, jusqu'à ce que surgisse le fiancé de Grand-Regard. Coeur brisé et le vagabond n'oublira jamais...
Moi non plus, d'ailleurs, puisque suite à la suggestion d'un visiteur au salon du livre de Trois-Rivières, je me suis servi à nouveau du personnage pour un roman intitulé Grand-Regard et la lumière. Mon petit doigt m'affirme que j'y retournerai avec joie.
Commentaires
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Gros-Nez esr particulier... Peut-etre pas tout à fait dans la tradition. Par exemple, s'il tend la main, il veut offrir en retour.
Oui bien-sûr, mais parfois le moindre petit mot peut répondre aux questions que l on se pose.
J ai souvent trouvé dans les livres.
C'est cependant différent, car d'une autre époque. Les mendiants du 19e siècle faisaient partie des moeurs, de la culture rurale.
Merci beaucoup, tu m avais déjà donné ces informations, et fait une proposition concernant ce roman.
Mais ma fille possible une Kindle depuis peu et je pourrai bientôt le lire. Ce roman m intéresse tout particulièrement au point de vue philosophique, car j ai dans ma famille des personnes sans domicile...
Ce livre existe toujours, Il suffit d'insister auprès des gens qui disent qu'ils ne l'ont pas en magasin.
Une autre façon est de passer par ceci :
http://www.librairieduquebec.fr/
Ils vont aussi te dire qu'ils ne l'ont pas. Tu répliques de le commander et tu insistes. Ces gens ont comme mandat de faire connaître les livres du Québec, mais ils semblent ne penser qu'aux auteurs vedettes.
Tu peux aussi passer par la maison d'éditions, mais je crois que ce sera un peu couteux de lui faire traverser l'Atlanique.
Tu peux aussi me le demander et j'envoie le fichier manuscrit gratuitement.
Une jolie petite histoire qu aimeraient connaître bien des personnes seules et necessiteuses ! ...
Cet ouvrage ne se trouve en France qu avec une Kindle chez Amazon.
Ma fille vient d en avoir une ... bientôt j aurai le plaisir de le lire.