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Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 19-12-2018 à 18:29:35

Bilan : Le pain de Guillaume

 

 

Ce roman est le tout premier de la série Tremblay. Il a été créé en 2000, mais publié seulement en 2017. Entre ces deux dates : des améliorations incessantes. J'y croyais beaucoup. De tous mes romans dits historiques, celui-ci présente sans aucun doute le décor historique le plus précis. Cela va du nom du navire emmenant Guillaume en Amérique, aux attaques des Agniers (Iroquois) jusqu'au nom véritable de Jeanne Aubert, pupille du roi de France envoyée ici, avec tant d'autres, pour peupler la colonie.

 

Le roman est divisé en deux parties : l'une masculine et l'autre féminine. Il adopte une forme de rédaction dans la norme, avec dialogues et descriptions. Il respecte aussi le langage de l'époque. Par exemple, le mot bébé n'existait pas dans la langue française du 17e siècle. Dès le jour 1, j'ai pensé que c'était un roman avec du souffle. Je l'aime beaucoup!

 

 

Deux romans publiés en huit mois. Je croyais avoir enfin trouvé le filon que je souhaitais depuis le début de l'aventure. Leurre! Le livre, ainsi que Gros-Nez le quêteux, n'a eu droit à aucune publicité, aucune promotion. Le petit tirage de 500 copies n'a même pas pu être écoulé. J'ai alors depuis perdu beaucoup d'illusions... L'an dernier, j'ai rencontré une femme qui, fière, m'a nommé tous mes romans, mais ignorait que ces deux-là existaient.

 

 

 

 

On m'a soumis deux épreuves pour la page couverture. Celle-ci a été la perdante. Ma part consistait à préciser ce que je désirais : Personnage féminin du 17e siècle, jeune, avec un bonnet, une robe longue. Les éditeurs ont soit un concepteur attitré, ou font appel à une compagnie d'illustrations. On voit leur nom au milieu de la page. Quand l'éditeur porte sa décision sur une de leurs images, il paie un montant et le produit est retiré du catalogue de ces gens. Je sais que Québec-Loisirs a souvent recours à cette compagnie.

 

 

 

L'extrait. Jeanne, veuve de Guillaume, refuse toute proposition de mariage, car se disant toujours amoureuse du boulanger. Femme débrouillarde, elle ouvre une confiserie, qui tient aussi lieu de comptoir de rafraichissements. Un jour, trois amérindiens agniers poussent sa porte, déjà ivres, réclament de l'eau-de-vie. Jeanne s'en débarasse, ne sachant pas qu'un du trio allait mourir le soir même. Voici qu'arrive une très forte surprise...

 

 

 

L’histoire demeure lettre morte, bien que la rumeur prenne des proportions fantaisistes dans le fort, à l’effet que la veuve Tremblay a frappé l’Agnier avec un balai et qu’il en est mort, qu’elle a refusé ses avances et qu’il est décédé le cœur brisé par le chagrin. Jeanne fait semblant de ne rien entendre. Les gens sont prêts à inventer n’importe quoi pour se distraire. Pour elle, ceci confirme avant tout aux gens que son établissement est en endroit respectable, ne saurant tolérer les mauvaises personnes et surtout pas les ivrognes. Elle oublie cette histoire, du moins jusqu’à ce qu’une Sauvagesse entre aux Délices des Trois-Rivières avec son enfant, suivie par un vieil indigène, le visage peint en rouge. Ce dernier explique à Jeanne, avec quelques mots français très mal prononcés, que cette femme est l’épouse de l’Agnier trépassé et qu’elle demande dédommagement. Jeanne recule de quelques pas, puis envoie François chercher un truchement. Grâce à l’aide de cet homme, l’explication du vieil Agnier semble plus claire, mais non pas moins abracadabrante. L’interprète explique qu’il est normal, pour les indigènes, de vouloir une compensation pour le décès d’un des leurs, surtout quand le triste incident est survenu à cause d’un Français. À trois reprises, Jeanne explique qu’elle n’est pas responsable de cette mort. La femme et le vieil homme demeurent de marbre, les bras croisés.

 

 

- Il est un sachem, madame. Le vieillard du village, le sage de la communauté. On lui doit obéissance. Il a parcouru des centaines de lieues pour mener cette femme à bon port.

- Je vais aller chercher le gouverneur et les soldats

- Madame, ne créez pas un incident diplomatique. Ces Agniers sont très susceptibles et je suis certain que le gouverneur n’aimerait pas que votre entêtement fasse en sorte qu’une délégation guerrière fonce sur les Trois-Rivières pour se venger parce que vous avez refusé de donner une  compensation.

- Vous perdez la raison, monsieur. Sortez-moi ces gens d’ici!

- Je ne vous ai même pas dit ce qu’elle désire en compensation.

- Des livres et des sols? Je n’en ai même pas pour moi-même!

- Elle réclame le gîte jusqu’à ce qu’elle trouve un nouveau mari.

- Et pourquoi trouverait-elle un autre époux aux Trois-Rivières?

- Par ma foi… Vous avez raison, madame. Attendez, je vais lui poser la question.        

 

 

 

L’interprète se tourne vers le sachem et se met à parler sans cesse. La femme demeure immobile et porte un regard de cire vers Jeanne. François, pour une rare fois intimidé, examine le garçon de son âge comme un chat guette une souris.        



- Il dit que la guerre semble imminente entre son peuple et d’autres Sauvages habitant vers le sud de leur territoire et que les humeurs de la guerre sont trop complexes à vous expliquer, pour l’instant. Il est préférable pour la femme d’élever son fils dans un endroit moins menacé, tel ce fort. Elle croit aussi qu’il n’y a pas de missionnaires aux Trois-Rivières. Elle n’aime pas les robes noires. Le sachem prétend qu’il sera plus sage d’attendre la paix avant de se marier à nouveau.

- Je n’ai rien à voir dans cette histoire. Je n’ai pas fait boire son mari et ne suis nullement responsable de son décès.

- Ce n’est pas ce qu’ont prétendu les deux Agniers qui accompagnaient son époux. Ils ont dit que le monstre à un seul œil a…

- Je vous demande pardon?

- C’est ainsi qu’ils vous décrivent, ce qui a fort effrayé cette pauvre Sauvagesse. Le sachem est aussi ici pour la protéger des mauvais sorts que vous pourriez jeter à son fils et que...

- Monsieur! Débarrassez-moi de ces histrions!

 

 

La femme, le sachem et l’enfant n’ont pas besoin du truchement pour comprendre le sens de la dernière parole de Jeanne. La vieil homme lui adresse une courte parole. La veuve interrompt la traduction de son concitoyen. François fait un pas vers le petit garçon, quand arrêté par sa mère. Jeanne indique la porte aux visiteurs, ainsi qu’à l’interprète, s’apprêtant sans doute à  lui dire qu’elle a tort d’agir ainsi.       

 

Jeanne s’assoit et soupire, rappelle François à l’ordre. Elle tente de se calmer par une prière. Trente minutes plus tard, elle vaque à ses occupations jusqu’à ce qu’elle entende chanter une curieuse mélodie. En ouvrant sa porte, elle voit le trio agnier assis dans la rue, face à la confiserie. Elle referme aussitôt et les ignore. Quand elle ouvre à nouveau, cinq minutes plus tard, Jeanne se sent fine prête à aller astiquer le vieux mousquet de Guillaume, mais il s’agit d’un client.

        

 

- Madame, vos Sauvages pourraient…        

- Ce ne sont pas mes Sauvages! Que désirez-vous? Boire ou manger?

- Vous pourriez tout de même vous adresser à moi sur un ton plus poli.

        

 

 

Rapidement, les trois Indiens deviennent la curiosité des passants.  Chacun entre demander à la veuve ce qui se passe. Lassée par cette situation, Jeanne ferme boutique et s’isole au second étage. Elle tente de raconter des histoires à François, nerveux parce que sa mère ne veut pas le laisser jouer  avec le petit indigène, toujours assis dans la poussière de la rue face à la confiserie. Cette dernière remarque de son fils résonne dans la tête de Jeanne, lorsqu’elle se met au lit. Quelle cruauté et quelle mauvaise chrétienne elle devient  en laissant cet enfant dans la fange. Et puis, elle se sent fatiguée de les entendre chanter sans cesse, avec leur ton monotone et répétitif. Après une confortable nuit de repos et un copieux repas, ces personnes se montreront plus raisonnables, croit-elle. Jeanne ouvre la porte. Le sachem se lève, suivie de la femme portant l’enfant entre ses bras. Le vieil homme dit quelques mots à sa compatriote, puis s’en va vers le fleuve. Jeanne lui fait signe d’entrer, mais il refuse. La Sauvagesse demeure au centre de la maison et attend que Jeanne lui indique le coin où elle pourra se reposer en compagnie du garçon.


- Je suis Jeanne. Madame Jeanne Tremblay, veuve de Guillaume Tremblay.

- Sacajawea. Onagan.

- Je ne comprends pas. 

        

«Sacajawea», répète-t-elle en se désignant. Elle ajoute «Onagan» en regardant son fils. Jeanne déduit qu’il s’agit de leurs noms. La femme se met à parler sans cesse, en posant de grands gestes. Jeanne hausse les épaules. L’autre avance près de son visage et soulève doucement son œillère. Elle recule d’un pas, effrayée. Jeanne sourit et l’invite de la main à approcher du comptoir, où elle lui offre des fruits secs.

 

 

Sacajewea demeurera autour de trois années dans la confiserie, comme cuisinière. Elle deviendra amie avec Jeanne, mais demeurera fidèle à ses croyances et aux traditions de son peuple. Elle n'apprendra jamais le français, contrairement à son fils, qui sera le copain du petit François.

 

Commentaires

Marioromans le 30-12-2018 à 11:24:02
Peut-être, mais les autres plateformes visitées sont pleines de pub et je déteste la chose.

Je crois surtout que cette forme est en déclin. Quand j'ai débuté, chez Multiply en 2007, c'était plein de gens qui passaient d'un lieu à l'autre et nous pouvions échanger.
choco le 29-12-2018 à 23:32:10
Ce qui fait le désert ici c est peut-être le lieu ?

Il existe peut-être des plateformes plus appropriés à cet art ?

Qu en penses-tu ?
Marioromans le 29-12-2018 à 23:15:14
Il y a deux possibilités : Grand-Regard et la lumière :


http://marioromans.vefblog.net/17.html#GrandRegard_et_la_lumiere


Et un texte moins risqué et qui pourrait rejoindre davantage de gens :


http://marioromans.vefblog.net/5.html#Rachel_veut_du_lait


Rien n'a été décidé. J'imagine qu'il va me contacter en février.
choco le 29-12-2018 à 22:59:43
Oh ! Il serait question de quelle histoire dans ce roman de ton choix ?
Marioromans le 29-12-2018 à 08:58:57
Oui, des améliorations, surtout au point de vue vocabulaire, car l'histoire a peu changé, en cours de route.


Semble-t-il que cet éditeur désire publier un autre de mes romans et mon choix irait pour un texte qui a aussi une douzaine d'années.


Heureux de te revoir. C'est un désert ici. Très démoralisant...
choco le 29-12-2018 à 01:22:13
17 ans entre création et publication ?

Que peut il se passer pendant toutes ces années ?

Des améliorations dis tu ?