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Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 18-01-2019 à 15:15:50

Bérangère et les premiers téléviseurs

 

 

Bérangère est la fille de Jeanne Tremblay. L'enfant est née à Paris et a appris à parler en écoutant son entourage. Obligée par Roméo d'accompagner sa mère pour un retour à Trois-Rivières, à cause de la menace de la guerre, la fillette fait face à la xénophobie des Québécois, à cause de son accent. Au décès de Jeanne et comme souhaité par sa mère, Bérangère est confiée à sa tante Renée, à peine mariée. L'époux, Roland (Rocky, dans L'Héritage de Jeanne) est réparateur de radios, de phonos, de petits appareils électriques, puis d'une nouveauté de la fin des années 40 : les téléviseurs.

Bérangère, 14 ans, est en transit entre la fin de ses jours d'écolière. en attendant d'avoir 15 ans et de s'inscrire à une école de secrétariat. En attendant, elle travaille à un comptoir de glaces et s'occupe de la boutique de Roland, pendant que celui-ci est parti chez des clients pour des réparations. C'est ainsi que Bérangère fait connaissance avec les téléviseurs. Un extrait de : Le cochon de Bérangère.

 

 

 

C’est plus facile chez Roland, car il y a un ventilateur. J’ai le droit de m’asseoir. Les téléviseurs attirent les curieux. Le mari de Renée a assuré que dans une année, il y aura une station de diffusion en français, parrainée par Radio-Canada, et que, conséquemment, l’image sera plus claire. Être millionnaire, je n’en voudrais même pas. La publicité nous promet des spectacles sans sortir de notre maison. Sans les applaudissements? L’appareil ressemble à une girafe, avec un tout petit écran en guise de visage. De ce point de vue, Roland prétend que les écrans seront plus larges et l’ensemble davantage compact. Pourquoi s’embarrasser de ces trucs aujourd’hui, s’ils ne sont pas à point? En le mettant en marche, on peut voir un lointain américain survivant au milieu de points répétitifs qui font penser à une chute de neige. Parfois, il y a des lignes zébrées et si le vent déplace l’antenne du toit,  on n’y voit que dalle.        

Roland prétend que d’être un des premiers marchands à miser sur les téléviseurs le servira quand tout sera au point. Les gens diront qu’il aura été un pionnier et en cas de bris, il sera l’homme appelé pour réparer. Il me demande de vanter l’appareil, de distribuer le feuillet publicitaire – tout en anglais – mais d’éviter de le mettre en marche, à moins que le client n’insiste.        

Chaque jour, je vois des badauds s’installer face à la vitrine, pointer du doigt le téléviseur qui s’y trouve et chuchoter quelques mots. Roland m’a demandé de leur faire signe d’entrer, mais cela me gêne beaucoup. Il prétend que la gentillesse pourrait porter ses fruits dans deux ou trois années, que ces gens sauront qu’il est un réparateur qualifié. Il a inventé le slogan trônant sur son affiche de la devanture : «Roland Gingras, l’avenir aujourd’hui même.» Parmi les objets récents en vente : des phonos pour les petits disques. Mieux que le téléviseur, mais comme tout le monde possède une collection de 78 tours… Nous vendons aussi ces disques minuscules, mais le choix est restreint.

 

De ce fait, les premiers télévisieurs ne se vendaient presque pas, au Québec. Cependant, la jeune adolescente Bérangère réussira le miracle, en fin de chapitre, de vendre un appareil, surprenant ainsi Roland, qui croit à un poisson d'avril.

 

 

Commentaires

Marioromans le 19-01-2019 à 14:38:24
Je n'ai aucun souvenir d'une telle chose.


Merci !
johnmarcel le 19-01-2019 à 10:21:46
Je me souviens de l'arrivée de notre premier poste de télévision… je devais avoir cinq ans, ou un peu moins… le livreur/technicien l'installe… maman me dit Regarde, c'est une télévision… y avait la mire…
Marioromans le 18-01-2019 à 16:38:46
Le roman couvre 50 années de vie de femme. Née au coeurs de la décennie 1930, Bérangère vit l'étape de la tradition : mariage, enfants, mais en désirant aussi travailler. Mal mariée, elle profite des premiers divorces, vit le féminisme des années 70, devient femme d'affaires, mais toujours elle pense à retourner en France, même si elle n'y a vécu que les premières années de sa vie.


Le cochon du titre est une tirelire donnée par Roland, lui disant qu'en y déposant sans cesse des sous, elle aurait l'argent pour retourner en France, ce qu'elle fera une première fois au début des années 60. Même en étant femme d'affaires prospère, elle conservera le cochon et y déposera sans cesse de l'argent.
chocoreve le 18-01-2019 à 16:12:17
Très douée la petite Bérangère !

et les premiers téléviseurs c'était quelque chose ça ! ....

j'aime beaucoup la photo d'illustration.