Je me souviendrai toujours de la réaction de la correctrice de l'éditeur Marcel Broquet, apprenant à la dernière ligne de ce roman quelle était la véritable identité du vagabond Gros-Nez. Je l'ai vécue à nouveau au salon du livre 2019 de Trois-Rivières, de la part d'un homme de Montréal.
Gros-Nez apparaît dans trois de mes romans. En premier lieu, dans Petit Train, alors que cet homme grand et costaud semble surgir des ruines de l'incendie de Trois-Rivières, surprenant tout le monde, sauf Joseph Tremblay, qui semble le connaître. Le vagabond aura une énorme influence sur deux des enfants de Joseph : Jeanne et Roméo. Et bien sûr, à la fin, on apprend son idenité.
Ensuite : dans Ce sera formidable où on le voit avant qu'il ne devienne quêteux. Le surnom Gros-Nez lui a été attribué par Joseph, car le gaillard a au milieu du visage un attribut inoubliable. Les deux hommes développeront une forte amitié.
Gros-Nez le quêteux m'a été suggéré par un lecteur du salon de Trois-Rivières. Personnage de décor dans les deux autres romans, cet homme avait dit que je devrais lui consacrer un roman bien à lui.
Le roman est divisé en 25 chapitres thématiques : enfants, travail, amour, femmes, animaux, etc. Il n'y a pas de chronologie temporelle, si bien que le personnage vieillit ou rajeunit selon les chapitres. Aucun autre humain n'y est nommé, sinon Joseph, bien que deux personnages portent des surnoms, dont cette jeune femme Grand-Regard que j'aime tant.
Des caractéristiques de Gros-Nez.
SALUER : Il salue en tournant le dos, agitant sa main au dessus de sa tête.
DON : Il a un don de guérisseur.
GÉNÉREUX : Quand il a de l'argent, il le donne à autrui. Il ne mendie jamais égoistement : il offre en retour, très souvent pour travailler, rendre service.
ANIMAUX : Gros-Nez parle aux animaux.
RACONTEUR : Il aime déformer des légendes, inventer des histoires relatives aux gens rencontrés et même en llisant une anecdote dans un journal. Il raconte de façon expansive, avec d'amples gestes, des mimiques et a un don pour créer des grimaces très drôles.
SON PASSÉ : Le seul épisode qu'il relate est deux années où, adolescent, il travaillait pour un oncle à Manchester (New Hampshire) et où il rencontrera le grand amour de sa vie : le baseball.
SAC ET BASEBALL : Son sac de misère contient une savonette, quelques guénilles, une pipe, un pot d'encre et une balle de baseball. Quand le vagabond rencontre des difficultés, des frustrations, il sort la balle de son sac, la lance au loin, la récupère, la relance, etc. Dans Ce sera formidable, il tente d'enseigner le jeu à des bûcherons. Dans Petit Train : il devient l'arbitre d'une rencontre entre des gamins.
TRAINS : Homme au physique imposant, Gros-Nez a une habitude dangereuse dont il ne peut se passer. La voici.
À la sortie du village, le train, caché derrière une courbe, fait entendre son grondement. Gros-Nez surgit du néant, court en tendant la main vers les barres de fer qu’il y a toujours sur les wagons de marchandise. L’objet saisi, il se donne immédiatement un élan pour déposer ses pieds sur le rebord du wagon. Le voilà en position pour faire voler le loquet de la porte, la poussant ensuite avec son pied et se jeter facilement à l’intérieur. « Je t’ai eu, hein ! » dit-il en riant. Il s’installe, sans regarder autour de lui, jusqu'à ce que le ventre lui fasse mal. « Un quêteux avec une indigestion ! J’ai honte ! » Après quarante minutes, il décide de sortir. Descendre paraît plus risqué que de monter. Il y a le danger de se casser une jambe, de se faire sérieusement mal en roulant sur lui-même, aboutissant il ne sait jamais trop où. Le voilà attendant le lieu le plus propice pour se jeter dans le vide. Pied à terre, il tombe, puis roule en se protégeant la tête et aboutit dans un ruisseau.