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Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 28-04-2019 à 06:09:17

Secret de création

 

 

Pour changer, je vais d'abord commencer par l'extrait de ce roman Des Trésors pour Marie-Lou.


             Je m’appelle Isabelle Dion et je suis une étudiante de dix-huit ans. Je viens d’un milieu professionnellement pauvre et misérable, et mon but dans la vie est de ne surtout pas ressembler à mes parents. Plus jeune, afin d’atteindre cet objectif, je croyais que seules les études pouvaient me sauver de ce désastre. J’ai toujours excellé à l’école, sauf au cours de la dernière année, ma première au cégep. J’ai échoué deux cours et réussi le reste de façon peu valorisante. Il faut avouer que j’ai eu des tas de problèmes. Voyez-vous, je suis séropositive. En un tel cas, on n’a pas tellement l’esprit à étudier Trente arpents ou de chercher à comprendre l’âme de Saint-Denys Garneau.

             Si je suis séropositive, c’est à cause d’un écœurant dont j’étais tombée amoureuse, l’automne dernier. Il m’a laissée dès la fin de la première nuit, me donnant cet héritage catastrophique. Ma première intention était de le tuer de façon spectaculaire et, ensuite, de me suicider. De toute façon, avec cette saleté dans mon corps, je ne vivrai pas longtemps. Je suis si lâche ! Incapable de me tuer ! À bien y penser, plusieurs choses me retiennent à ma mince vie, comme le blues, les bons livres et surtout mon amie Marie-Lou Tremblay. Son vrai nom est Gauthier, mais elle veut qu’on l’appelle Tremblay, suite à un héritage que son arrière-grand-oncle Roméo lui a laissé.

 

 

Je savais peu de choses du sida et des séropositifs, avant d'entreprendre cette partie du roman. Il fallait donc me documenter. Je fréquentais alors l'université. À la maîtrise, nous n'avions pas de limite pour le nombre de livres à emprunter à la bibliothèque. Nous étions peu avant  le 25 décembre et comme ce long congé me donnerait beaucoup de temps pour lire, j'avais entre les mains une douzaine de brochures et de livres sur le sida. L'employée au comptoir, voyant la nature de ces emprunts, m'a regardé d'une façon étrange, avant de me soupirer : "Je vois que tu t'apprêtes à passer un joyeux temps des fêtes..." J'avais trouvé sa remarque très comique !