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Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 28-05-2019 à 04:04:10

Le roman en cours

 

 

Dans mon roman Gros-Nez le quêteux apparait une jeune femme de 20 ans surnommée Grand-Regard. Comme j'avais beaucoup aimé ce personnage hors de l'ordinaire, j'avais décidé de lui consacrer un roman intitulé Grand-Regard et la Lumière, qui se déroule en 1905, alors qu'elle a 25 ans. Je crois que c'est un de mes meilleurs textes et comme j'ai toujours un coup de foudre pour la demoiselle, j'ai décidé d'écrire un roman sur son enfance et son adolescence, en gardant la même formule que dans l'autre texte : aucun dialogue avec tirets, puis chapitres enchaînés les uns les autres, sans séparateurs.

J'ai d'abord relu Grand-Regard et la Lumière, pris en note des caractéristiques de la jeune femme, de son milieu. Ceci m'a permis d'élaborer un plan. Je le respecte depuis et tout va rondement. Joli plaisir à créer ce texte.

Voici un fait qui pourrait vous apparaître curieux, mais ce n'est pas la première fois que je réalise que le personnage grandit dans mon esprit à mesure que je le vois évoluer. J'apprends à le connaître pour en arriver à écrire des éléments que je ne pourrais accorder à un autre acteur d'un autre roman.

Grand-Regard de 25 ans est une femme inhabituelle. Elle possède deux beaux talents : celui de dessiner et de chanter. Elle adore aussi la nature, le ciel, la lune et les nuages. Il fallait donc respecter ceci et l'introduire au cours de son enfance. Pour le chant, il faudra attendre l'adolescence (au moment où j'écris cet article, elle a 10 ans.) Cet amour pour le chant, cependant, vient de sa mère, qui connaît des berceuses, des mélodies folkloriques.

Le goût de dessiner, de tenir un crayon, vient de son père, artisan qui écrit chaque jour un bilan financier de ses activités. C'est en le voyant que Grand-Regard est attirée très jeune (4 ans) par l'idée d'écrire, de dessiner. D'ailleurs, même sans crayon, elle le fait avec ses doigts, avec une branche d'arbre, cela dans la neige, dans le sable, dans la terre durcie.

La lune est déjà présente dans sa vie. Lors d'une récente séquence, elle sème des graines de lune dans son petit jardin afin de récolter sa propre lune. Quand sa grand-mère meurt, la fillette regarde le ciel, car toute bonne catholique va au ciel après son décès, puis elle lui dit : "Tu es chanceuse, grand-mère, d'être au ciel, car ainsi, tu peux voir la lune de plus près."

Grand-Regard parle aux arbres et observe les menues choses, comme des insectes. C'est une enfant sans cesse intriguée. Plus que souvent, elle dit des paroles surprenantes, déroutantes. Quand son père lui avoue que sa maman vient de perdre un bébé, elle demande : " Où ? ", puis elle cherche dans la forêt derrière la maison.

Je sais où je dois poursuivre, mais je suis certain aussi que Grand-Regard me surprendra, sans que je ne le pense d'avance.

Créer un roman, c'est vivre non pas à l'intérieur de soi-même. mais dans une zone de ma personne qui est secrète.

 

Commentaires

Marioromans le 29-05-2019 à 01:25:03
Parce qu'il m'arrive d'écrire des phrases qui ne me ressemlent pas, qui alors m'étonnent, comme si c'était le personnage qui avait écrit en se servant de mes mains.

C'est le cas de ce passage où l'enfant sème des graines de lune.
Maritxan le 29-05-2019 à 00:28:47
Des fleurs ? Oui bien sûr, pour toi c'est des fleurs, pour ma part, je dis ce que je pense. J'ai bien aimé la façon dont tu te découvres à nous dans la dernière phrase de ton article... là, tu m'intrigues… Clin doeil1
Marioromans le 28-05-2019 à 21:14:11
Oh, les fleurs !

Marcel Broquet le détecte, sauf qu'il n'a pas les puissants moyens pour me mener vers une reconnaissance. Gros-Nez le quêteux a été refusé une douzaine de fois et l'un m'a dit que c'était parce qu'il n'y avait pas de chronologie entre les chapitres.

Grand-Regard et la lumière a subi autant de refus car c'est un texte qui ne répond pas à la norme : il n'y a pas de dialogues (Bien que les personnages s'expriment è même les paragraphes). Quand j'ai rencontré monsieur Broquet en mars dernier, il avait un carnet de notes et écrivait parfois ce que je disais, entre autres que dans Grand-Regard et la Lumière, il n'y a aucun référence au Québec, si bien que ceci pourrait se passer chez toi, en Suisse, en Belgique, etc.


Il y a certes la norme, qu'on m'a déjà indiquée chez deux éditeurs et qui m'avaient fait dresser les cheveux sur la tête. Ce sont les sentiers battus. Désolé, mais si je fais toujours la même chose, ce n'est plus un plaisir, mais un boulot.


Je viens d'avoir une idée pour ce qui va suivre : une histoire avec des... fantômes socio-historiques. J'y reviendrai.
Maritxan le 28-05-2019 à 20:59:26
C'est tout ce que tu dis dans cet article qui m'attire dans tes romans. Tu es un auteur d'une richesse créative incroyable, tu ne ressembles à aucun autre romancier. Pourquoi les éditeurs ne détectent-ils pas la même chose que moi qui suis simple lectrice ? Quel dommage, ils ne savent pas ce qu'ils loupent !
Marioromans le 28-05-2019 à 13:08:35
Merci.
anaflore le 28-05-2019 à 11:00:08
bonne inspiration!