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Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 07-06-2019 à 22:16:47

Autobiographique ?

 

 

Il y a toujours un peu de soi, dans un roman. Volontairement ou non. Lors de mes sprints dans les salons du livre, à l'époque du premier éditeur, beaucoup de gens me demandaient, certains de leur affirmation, si le personnage Roméo Tremblay était nul autre que moi-même. Pas du tout. Mais personne n'a mis le doigt sur deux personnages de la série Tremblay me ressemblant beaucoup.

 

 

Le petit Martin de Contes d'asphalte était une idélisation de ma propre enfance. Dans Les fleurs de Lyse, Robert, guitariste des Indésirables, ressemblait à Mario adolescent. amoureux des disques.

 

 

Les deux personnages les plus voisins de moi-même nichent dans des romans non publiés.

 

 

Dans Le Fouinard, le personnage porte mon prénom et mon nom, et c'est un récit en partie basé sur ce que j'ai vécu lors de l'année scolaire 1973-74.

 

 

 

Dans Les Baveux, Intel me ressemble énormément. Le jeune homme calme de la bande de turbulents. dingue de rock et dont la marotte consiste à enregistrer des cassettes pour les amis. Puis lorsqu'il travaille de nuit pour une station de radio de musique sirupeuse et qu'il vit un coup de foudre pour la console de son pro que je devais manier chaque nuit. Nous sommes en 1980.  Voici !

 

 

 

Me voilà encore à la station de radio. Le patron a déplacé l’émission du matin à sept heures, au lieu de six, ce qui me donne cinq heures de travail de plus par semaine et, par ricochet, je touche une augmentation de salaire. Je pourrai peut-être ainsi réaliser mon rêve : posséder ma propre table de mixage, avec deux platines. Avec un tel matériel, et avec mon expérience à la radio, je pourrai fabriquer des cassettes de haute qualité et trouver de nouveaux clients, car je dois avouer en avoir perdu quelques uns, depuis deux ans… Oh, pas à cause de la musique, mais bien parce que ces gars ont des dépenses auxquelles ils ne pensaient pas, quand je les ai initialement rencontrés.

 

Ce qu’il y a de plus agréable, à propos de mon emploi, est de voir la nuit trifluvienne,  de mon coteau. Toutes ces petites lumières qui gazouillent dans la noirceur sont splendides. Le studio étant insonorisé, je n’ai qu’à fermer la porte pour faire taire le boulevard d’en face et me penser seul sur cette planète. Comme le vétéran me précédant, j’arrive maintenant à enchaîner les chansons sans les écouter. Je me permets des lectures, un peu d’écriture, puis je joue aux dés, en attendent la visite de Marco et Marie, de l’entretient ménager, qui me sourient et ont toujours quelque chose à me raconter. Marie prétend qu’elle était au festival de Woodstock. Impossible : elle ne devait avoir que onze ans. Elle assure dire la vérité, qu’elle accompagnait alors sa grande sœur. Mensonge ou pas, elle raconte tout ça très bien.

 À l’occasion, Pepère m’invite à boire une mousse au Trou, puis vient me reconduire à la station, où il demeure une heure, pour se moquer des chanteurs en ondes. Parfois, il me demande de s’installer devant la table de contrôle pour un enchaînement. « Baisse la slotte, Pepère! Baisse! Nooon, crisse! Pas celle du disque qui joue! » Il se sent alors roi du monde. Je lui explique que ces âneries font plaisir à des gens un peu partout, d’où l’importance de ne jamais rien brusquer. Il y a beaucoup de personnes qui travaillent la nuit : les infirmières dans les hôpitaux ou des policiers, par exemple. Alors, la musique devient des compagnons. Tout ça parce que je pèse sur le bon bouton et prépare le disque suivant. La radio a toujours été pour moi une réalité invisible. Maintenant, j’en connais les intestins.