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Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 12-02-2020 à 20:24:27

Chien fidèle

 

 

Au cours des premières années du 20e siècle, mon vagabond Gros-Nez vivra une aventure étonnante. Utilisant les wagons de marchandise pour se déplacer clandestinement, mon personnage rencontre un jour un chien qui semble perdu. Gros-Nez croit que l'animal appartient à un cultivateur des environs, désireux de perdre la bête en le déposant à cet endroit. Perspicace, mon héros, mais il ne s'attendait vraiment pas que tout ceci durerait deux mois, dans une direction opposée à la sienne. D'abord, la rencontre entre Gros-Nez et le chien que l'homme baptisera Sans-Nom.

 

 

 

Après un arrêt à Sherbrooke, Gros-Nez a le goût de la beauté des paysages de la Beauce. Une pause dans les Bois-Francs sera aussi la bienvenue. Il s’installe près du chemin de fer de la rive sud, le plus ancien tracé du Canada. L’homme s’est un peu étiré les muscles des bras en saisissant le wagon, mais il sait que la douleur sera passagère. Il s’installe contre le mur, prêt à manger un morceau, quand soudain, un sifflement, tel une plainte, le fait sursauter. Il voit approcher un chien. « Qu’est-ce que tu fais là ? Tu es le gardien de ces boîtes ? T’as faim, n’est-ce pas ? Approche et partageons. Je m’appelle Gros-Nez. Et toi? Sans nom ? C’est en quelque sorte un nom. Le menu est frugal mais délicieux. Approche, n’aie pas peur, Sans-Nom. »

 

Le chien régalé, il pose sa tête contre les jambes du mendiant pour, une minute plus tard, répéter le même geste contre son bras, comme s’il devinait que son bienfaiteur a mal à cette partie de son corps et que son affection l’aidera à oublier cet inconvénient. En réalité, cette bête semble aussi avoir besoin d’affection, l’humidité coulant de ses yeux et s’incrustant dans le poil signifiant une profusion de larmes. Gros-Nez le caresse gentiment et le chien s’endort. L’homme se demande de nouveau comment cet animal a réussi à grimper dans ce wagon. Peut-être appartient-t-il à un passager. Quoi qu’il en soit, il se sent calmé par la présence de Sans-Nom. Soudain, il a le goût de regarder le contenu des boîtes. Des conserves ! En voler une seule pour nourrir le chien ? Le quêteux se sent tiraillé par la question. Non ! Il vaut mieux oublier cette idée.

 

« Mon vieux Sans-Nom, j’ai été heureux de te rencontrer. Je dois te quitter. Ne t'inquiètes pas, car ton maître va venir te chercher quand il sera rendu à sa destination. Au revoir, gentil chien ! » L’animal suit l’homme jusqu’à la porte. « Retourne là-bas ! » Têtu… « Couché ! » Il ne veut pas. Voilà le mendiant sur le bord du vide, cherchant l’endroit idéal pour sauter. Opération parfaite et, en se relevant, il voit que le chien l’a imité, qu’il semble blessé. « Cet idiot s’est sûrement cassé une patte ! » Gros-Nez court le chercher, le garde dans ses bras, l’invite au repos dans un boisé. « M’ouais… J’aurais dû chaparder une boîte de conserves… Où suis-je ? Pas de ferme aux alentours. Il faut se mettre en route, Sans-Nom, trouver un village et signaler ta présence à un chef de gare. »

 

 

 

Le chien refuse de quitter l'homme et quand le quêteux prend une direction, l'animal aboie pour le diriger dans la direction opposée. Au fil des jours, Gros-Nez se rend compte que Sans-Nom cherche les rails de chemin de fer et désire monter dans un wagon.

 

Poussé par la curiosité, le mendiant obéit, ne se doutant pas  qu'ensemble, ils allaient parcourir une très longue distance, connaissant la faim et la misère. Sans-Nom se dirige vers l'Ontario, à plus de 500 kilomètres de son lieu de départ. Arrivé à un point, le chien marche vers une direction précise, rendant Gros-Nez de plus en plus curieux. Voici le secret :

 

 

 

 

Gros-Nez a senti son cœur prêt à bondir hors de son corps quand il a vu son compagnon se diriger avec précision vers une rue, puis une seconde, une troisième afin de s’asseoir devant une maison. Il aboie et une femme sort, lève les mains aux cieux, court pour se précipiter vers l’animal, suivie de deux jeunes enfants, les larmes aux yeux, n’en finissant pas de donner de l’affection à leur King. « Il fallait marcher tout ça pour apprendre que je viens de servir un King anglais… » La confession de Gros-Nez estomaque la femme. « J’ai franchi tout ça en le nourrissant, en le protégeant. »


 

La femme garde silence, éberluée, rougissante. Le quêteux attend l’invitation à entrer, qui tarde à venir. « Il a gravement mordu une petite fille du quartier. Il y a eu plainte à la police, qui voulait le tuer. Mon mari a juré qu’il le ferait, mais ne s’y est pas résolu. Il l’a mis dans un wagon de train. » Gros-Nez hoche la tête, satisfait de la confession. « Maintenant, il ne mordra plus. Il n’a d’ailleurs pas du tout cherché à le faire depuis toutes ces semaines. C’est un bon chien. Reste à savoir si la petite victime l’est tout autant. Les chiens sont les reflets de leurs maîtres et je vois que vous êtes d’aimables personnes. Vous avez un animal d’une extraordinaire fidélité. »

 

Commentaires

banga le 23-02-2020 à 14:29:24
Bonjour mon ami Mario , oui je l’espère pour toi que ça ne se déroulera pas pendant tes vacances vérifie quand même les dates qui sont indiqués dans mon article lol (rires) on ne sati jamais.

Ce livre me parai très intéressent , et comme tu dis dans ton commentaire, Chiens et chats traités avec amour ont beaucoup d'amour et d'attachement à donner et je dirai parfois plus que certain humains , et il en est de même pour les chats j’en ai deux.

Je te souhaite une bonne fin de dimanche et une très bonne semaine , amitié.
Marioromans le 16-02-2020 à 22:10:35
Chiens et chats traités avec amour ont beaucoup d'amour et d'attachement à donner.

On parle souvent de chiens fidèles, mais je t'assure que c'est aussi le cas pour les chats.
chocoreve le 16-02-2020 à 19:56:46
Étrange je n ai gardé aucun souvenir de l histoire de ce chien dans ce livre, tout comme l 'étrangeté des réactions des chiens envers les hommes et peu importe le maître. A ce qu il me semble ...