Marguerite Lescop est décédée, âgée de 104 ans. À mes yeux, cette femme d'exception demeurera un grand souvenir de mes participations massives aux salons du livre du Québec, entre 1998 et 2003.
Marguerite était une femme petite de taille et grande de coeur. Elle a vécu cent expériences étonnantes, au cours de sa vie, ce qui l'a incitée à écrire un livre de témoignages de ce vécu. Bien sûr, aucun éditeur n'a voulu de ce texte, si bien qu'un de ses fils a décidé de publier à compte d'auteur. Marguerite ayant une amie animatrice à la télévision d'État, la dame a pu obtenir ce que 98 % des auteurs n'ont pas : de la visibilité médiatique.
Il faut dire que Marguerite était sans cesse souriante, amusante, extrêmement sympathique, si bien que son livre est devenu un important vendeur, cela en 1996 (si je me souviens). Marguerite a donc écrit un second bouquin, puis un troisième, alors que le fils lançait une maison d'éditions portant le nom de Lescop.
Le hasard a fait en sorte que les kiosques de mon éditeur JCL étaient souvent situés près de celui de Marguerite. Alors, entre voisins, nous sommes devenus amis et familiers, nous retrouvant avec joie à chaque étape de la tournée des salons.
Le public approchait Marguerite, particulièrement à cause de ses participations télévisuelles. Elle répondait amicalement à tout le monde. En fait, je l'ai déjà croisée de mauvaise humeur, parce qu'il y avait peu de visiteurs dans un certain salon. Octogénaire, Marguerite vivait tout ceci intensément, sans fatigue apparente, alors qu'il n'y a rien de plus épuisant que de passer une journée entière dans un de ces événements.
Elle me surnommait "Mon petit Mario" et nous nous amusions ferme l'un et l'autre. Lors d'un salon en Abitibi, je me dirige vers le local de pause pour me verser un café et aperçois Marguerite. Je lui donne un bécot sur la joue et la dame s'exclame à haute voix : "Pas ici, mon petit Mario. On nous regarde!"
La maison d'éditions a rencontré des difficultés : les gens achetaient les livres de Marguerite, mais pas ceux des autres auteurs publiés, si bien que le fils a dû fermer boutique. Un moteur important dans la saga de Marguerite fut sa brue Louise, qui s'occupait de tout, tant lors des salons que pour accompagner Marguerite lors de conférences, de divers événements publics.
J'ai eu beaucoup de plaisir avec Marguerite et Louise. Parfois, certains salons étaient pénibles, mais les sourires et la voix de la dame âgée devenaient des incitations à poursuivre.
La photo ci-dessus : Marguerite avait exigé une copie. Promesse tenue et la femme l'avait épinglée sur son frigo. Ci-dessous : Louise dans le petit stand Lescop. Les deux photos datent de 2001.
Commentaires
Merci, merci, Zazoue !
Bravo mon "Mon petit Mario" pour ce bel hommage, ah.. les femmes, pour nous surprendre elles sont fortes !...
Bise d'une vieille dame zazoue fan du petit Mario.