VEF Blog

Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 24-04-2020 à 05:00:57

L'automobile au début du 20e siècle

 

 

 

Deux extraits de mon roman Grand-Regard et les enfants, que je suis en train de créer.

 

 

 

Donatien, époux de Grand-Regard, décide, en 1910, d'acheter une automobile, devenant ainsi le premier citoyen de son village à posséder un tel objet. Le village de Rivière-Aux-Truites est un lieu isolé, peu populeux, dont la seule activité commerciale est la présence de riches touristes, chaque été, pour profiter d'une plage magnifique et d'une rivière poissonneuse. C'est ainsi que Grand-Regard se souvient de la première voiture vue par les siens.

 

 

 

 La première de ces inventions a été vue par la population de Rivière-Aux-Truites en 1906. Cet événement avait causé de d’étonnantes réactions que Grand-Regard avait jugées amusantes. Un touriste bourgeois et son épouse étaient arrivés de la capitale à bord du monstre, ce qui était synonyme d’une aventure hors de l’ordinaire, car les routes ont été construites pour les chevaux et leurs voitures. Le trajet entre Val d’Espérance et le village avait été encore plus difficile.

 

 

En voyant l’objet dans la rue, tous étaient sortis de leurs maisons pour regarder, les uns s’exclamant Oh! et les autres Pouah! Madeleine avait même entendu un vieillard lancer : « Le  monde devient fou! » À cette image, une grand-mère avait hurlé d’effroi. Les enfants, pour la plupart, dansaient de joie en riant beaucoup.

 

 

Profitant de la plage et de la rivière, ces touristes avaient installé leur automobile dans l’écurie de l’hôtel. Deux jours plus tard, l’homme avait rencontré une fâcheuse surprise : une fuite dans son réservoir à essence. Or, bien sûr : aucun commerce local vendant ce liquide. Alors, une dizaine d’hommes avaient levé la main, désireux de se rendre à Val-d’Espérance pour acheter un bidon.  Départ en délégation bruyante. Donatien, appelé à boucher le trou du réservoir ayant causé cet incident, s’amusait ferme en imaginant la tête du vendeur en voyant arriver ce groupe pour cet achat.

 

 

Ravi, l’étranger avait décidé de payer ces hommes, mais ces derniers refusèrent. En guise de reconnaissance, il avait fait monter à son bord femmes, hommes et enfants tout l’après-midi, semant une grande joie dans le village.

 

 

 

 

 

Nous voici quatre années plus tard et Donatien est attendu fermement par les siens. Notons que la voiture a été achetée dans la capitale, livrée par le train à la gare de Val-d'Espérance, puis le nouveau propriétaire n'avait qu'à rouler autour d'une demi-heure jusque chez lui, même s'il n'avait jamais conduit de sa vie.

 

 

 

 

 

Quand on le voit au loin, le trompettiste du village s’avance immédiatement pour faire entendre sa joyeuse musique. Rivière-Aux-Truites n’ayant pas de fanfare, cet homme est tout ce qu’il y a comme base pour un futur orchestre. Les témoins applaudissent. Madeleine joint les mains, heureuse de penser qu’il n’y a pas eu d’accroc. Le maire sort de sa poche de veston son discours.  Il le connaît par cœur, mais le lire parait plus sérieux, quand on est un premier citoyen. Souriant, Donatien descend du véhicule, sans paraître fatigué. Une maîtresse d’école avance avec ses deux premiers de classe, endimanchés, pour offrir un compliment à l’homme du jour.

 

Donatien n’a pas préparé de mot de remerciement, se contente d’avouer que tout s’est bien passé et que cette voiture va aider à améliorer le service électrique des trois villages. Plusieurs se demandent de quelle façon cela pourrait être possible, mais ils se taisent. L’homme invite son épouse à prendre place à ses côtés. L’automobile s’éloigne, encore sous d’autres clameurs.

 « Hou! C’est étourdissant! » Donatien la regarde d’une curieuse façon, étonné par cet aveu. « Je t’ai dit que j’avais vu une de ces mécaniques pour la première fois dans la capitale, mais je n’étais pas montée à bord. » Bien sûr, dès son retour à la maison, Madeleine fera le dessin de ce qu’elle vient de vivre. À destination, Anna, qui gardait les enfants, refuse que le héros du jour la mène jusqu’à sa maison en prenant place à bord. « C’est trop dangereux. Puis, ce sont des affaires s’adressant aux hommes. »

 

 

Commentaires

MarioMusique le 24-04-2020 à 16:26:48
La voiture de la photo date de 1906. Je ne connais pas la marque.
johnmarcel le 24-04-2020 à 12:40:07
Je me souviens de la première voiture de mon père : Une Quatre Chevaux, LA fameuse 4CV Renault, moins de soixante après 1906...

On connait la 4CV au Québec, Canada, Amérique, dans le reste du monde ?

Cette voiture de 1910 est une Ford ?