Grand-Regard, dans la trentaine, poursuit sa passion d'enfance et de jeunesse : dessiner. Elle l'a toujours fait avec talent. Son frère Arthur, maire du village, lui a demandé de produire une vingtaine de dessins à propos de l'histoire de la localité et des deux villages voisins, en se basant sur un texte rédigé jadis par feu le notaire Polydor Gélinas. Le but poursuivi par Arthur : une expostion pouvant intéresser les touristes qui abondent chaque été.
Cependant, pour Grand-Regard, l'histoire peut aussi avoir un autre visage. Son amie Anita, native de la ville, est remplie d'admiration pour un de ces dessins et mon personnage lui explique ce qu'il représente.
Un extrait de Grand-Regard et les enfants, roman que je suis en train de créer. Nous sommes en 1915.
Anita a noté quelque chose que plusieurs personnes du village ont remarqué. Les doigts de la main droite de Grand-Regard semblent toujours tenir un crayon invisible, même dans les tâches ménagères ou quand elle parle avec autrui. Quelques semaines plus tard, elle peut montrer à son amie le second dessin. « Vraiment magnifique, Grand-Regard. Poétique, je dirais! » Alors, Madeleine raconte l’épouse du notaire, qui sortait sur son perron à l’heure où les enfants revenaient de l’école, souvent le samedi entier, alors que des petits du lointain marchaient jusqu’à Rivière-Aux-Truites, sachant qu’en les voyant, la femme leur lirait des histoires, des fables.
« C’était d’une grande douceur et on se sentait ailleurs, loin de l’école, des travaux aux champs, aux jardins. Tous les gens de mon âge te diront ne jamais avoir oublié. Et des plus âgés aussi, car mes parents m’ont affirmé qu’elle le faisait avant ma naissance. Je ferme les yeux et je l’entends encore clairement. Tu sais, sa peine, dans sa vie, fut de ne pas avoir d’enfants. Elle a un jour dit à Arthur qu’elle en avait trente. » Anita serre les lèvres et ce dessin, avec cette femme dans une berçante, un livre entre les mains, avec tant d’enfants pour l’écouter, devient encore plus extraordinaire. « L’histoire, ce n’est pas que les notables, les découvreurs, les politiciens. C’est aussi les gens. C’est moi-même qui interrompt une messe de Xavier et qui accouche dans son presbytère. Quand je serai au Ciel, parmi mes amies les étoiles, des vieux parleront de ceci à leurs petits-enfants. »
Commentaires
Je ne connais pas trop ceci... Cela peut dépendre en effet du livre, mais aussi de la personne s'adressant aux enfants.
C'est très difficile de savoir lire des histoires aux enfants... certains livres comportent des mots, des phrases non adaptés je trouve.
Que c est joli "les doigts qui semblent tenir un crayon invisible"
Bisous