Roméo et Céline Tremblay furent les parents de six enfants. Dans la série de ces romans, je me suis beaucoup plus servi des filles que des garçons. Voici des portraits des enfants de cette famille.
RENÉE, dite CARACTÈRE : En vedette dans L'Héritage de Jeanne, mais aussi présente dans tous les romans suivants. Une demoiselle dynamique qui, mariée, donnera naissance à trois enfants, dont Robert, guitariste des Indésirables, dans les Fleurs de Lyse. Elle s'occupera aussi de Bérangère, fille de sa tante Jeanne. Une personne souriante et sans cesse jeune dans son coeur. La photo ci-haut peut représenter le physique de Renée.
CAROLE : L'intellectuelle de la famille. Très douée pour les études. Adolescente, Carole est happée par un chauffard et demeurera handicapée pour sa vie entière. Brièvement enseignante, Carole vivra un mariage heureux, aura plusieurs enfants et, tardivement, fera face à son destin en devenant étudiante à l'université, à plus de 40 ans. Les Tremblay lui doivent aussi l'arbre généalogique de leur famille. En vedette dans Contes d'asphalte.
SIMONE : La fille "banale" de la famille, qui se dit sans cesse malcheuse et contractera un mariage malheureux. Présente dans la première partie de L'Héritage de Jeanne.
MAURICE : L'aîné de la famille. Jeune adulte, il sera responsable du restaurant le Petit Train, puis propriétaire. Lieu qu'il négligera beaucoup, au cours des années 60. Homme très direct et qui se met en colère facilement.
GASTON : Présent dans L'Héritage de Jeanne. Trompettiste doué, il ne pense qu'à la musique. Alors que sa famille est contre la seconde guerre mondiale, Gaston est en faveur. Il recevra son avis de mobilisation vers la fin du conflit et mourra dans un accident sur une base militaire.
CHRISTIAN : Le négligé par excellence de la série Tremblay. Le benjamin de la famille, on sait peu de choses sur lui, sinon qu'il fut scout, copain avec la petite Bérangère et, adulte, sera boulanger. Un de ses fils, Clément, deviendra propriétaire du Petit Train, rebaptisé La Pitoune, dans Les Fleurs de Lyse. J'ai mentionné que Clément aura un fils, Éric, né au cours des années 80, et qui pourrait devenir la voie pour un autre roman de la série Tremblay, comme lien direct avec tous les ancêtres nommés dans les quinze livres de la série.
L'extrait, de L'Héritage de Jeanne. Gaston a reçu son avis militaire et doit prendre le train pour un camp, le lendemain. Il fuit les siens, sachant qu'ils veulent faire de lui un déserteur. Renée le trouve. Ce sera la dernière fois qu'elle verra son frère vivant.
« Il est venu, le petit imbécile ! Avec son ordre de départ signé pour demain matin. Il voulait que je le cache pour la nuit. J’ai eu le goût de l’assommer », de m'expliquer Maurice. Je repars à la course. Gaston n’est ni chez son amoureuse ni chez ses amis musiciens. Un autre coup de téléphone chez moi : rien ! Me voilà à perdre ma guerre. Je parcours les rues jusqu’à deux heures de la nuit. Toujours le néant ! Le cœur blessé, je retourne chez moi avec la ferme intention de le coincer au départ du convoi, demain matin. Puis, comme un mirage, je vois Gaston assoupi sur le parterre d’une maison de la rue Cartier, à quelques pas de la gare. Je le secoue avec mon pied.
« Il n’est pas trop tard, Gaston. Rocky a une place pour toi. Il fait des voyages toute la nuit. On n’a qu’à aller chez lui et attendre son retour.
- Je ne suis pas un lâche ! Je ne me cache pas !
- Si notre oncle Adrien avait été un peu plus lâche, il serait encore de ce monde ! Si papa avait été un peu plus lâche, il n’aurait pas le bras gauche comme tu sais depuis toutes ces années ! Je n’ai vraiment pas envie de te raconter tout ça une autre fois. J’ai plutôt le goût de me trouver une pelle, de t’assommer et de te traîner par la peau du cou jusque chez Rocky. C’est par amour que je veux t’empêcher de partir. C’est parce que je t’aime, maudite patate niaiseuse !
- Est-ce qu’on peut parler posément, Renée ?
- Essaie toujours.
- Tu sais bien que le conflit achève. Ils n’auront même pas le temps de me mettre à l’entraînement qu’ils vont me confier à la section de musique, et si la guerre se poursuit, je risque de la passer à jouer de la trompette dans des fanfares. C’est la réalité que toi et papa ne voulez pas voir. J’aurai la tête haute parce que je n’aurai pas agi en peureux comme les déserteurs de ton Rocky.
- Tu n’es pas du monde, Gaston Tremblay ! Et bien naïf !
- J’en ai plein le dos de me faire marcher sur les pieds par toi ! J’en ai plein mon casque de demeurer dans la même maison qu’une demi-folle et un petit singe savant en chaise roulante ! J’en ai par-dessus la tête de tes discours et de ceux de papa ! Je suis fatigué de cette maudite ville de Trois-Rivières où il ne se passe jamais rien ! J’ai besoin d’air pour respirer, j’ai besoin de voir ailleurs ! »
Mon sang ne fait qu’un tour dans mes veines et je donne des coups de pied à mon frère. Il saisit ma jambe et me fait tomber, me colle les épaules au sol et me dit d’aller au diable. Je l’abandonne et boxe les poteaux de téléphone que je rencontre en retournant à la maison.