Les gens lisant ce roman peuvent penser : "Mario a décidé de présenter un tremblement de terre, comme excuse pour une conquête romantique." Eh non! Je n'ai pas inventé ce tremble-terre (car c'était le terme du 17e siècle) qui, avec ses récidives, avait fait souffler un vent de panique sur la colonie entière. Anecdote relatée dans les livres d'Histoire et qui peut servir un écrivain.
Guillaume pense enseigner les bonnes manières distinguées et le langage de qualité à Gaspard. Le jeune homme, bien que paysan, semble en connaître davantage que le boulanger dans ce domaine. Pour qu’il rencontre le plus souvent Barbe, Guillaume organise plusieurs soirées. C’est au cœur de l’une d’entre elles que la terre se met à trembler avec tant de violence que les pots et ustensiles tombent de leurs tablettes. Les cris d’effroi de Barbe sont aussi perçants que ceux du boulanger. Dans un coin, un garçon est agenouillé et prie en pensant que la fin du monde vient d’arriver. Son voisin se dit prêt à retourner en France à la nage. Guillaume sort à toute vitesse de la maison, comme la plupart des habitants du bourg. Cette fuite l’empêche de constater que Gaspard a été le premier à se rendre auprès de Barbe pour la protéger, la rassurer et essuyer ses pleurs. Quand il rentre, Guillaume voit ces jeunes gens se tenir les mains. Le tocsin hurle quelques minutes plus tard, car une maison a pris feu. Sans aucun doute que ce tremble-terre a fait voler les tisons de l’âtre vers la paille disposée le long des murs, pour protéger contre le froid. Tous se lancent vers les puits et font une chaîne impuissante face au brasier. Une autre chaîne encore plus vaine se forme entre la maison déchirée et le fleuve. Guillaume a souvent vu les flammes briser tant de cœurs. Il se demande par quel miracle sa maison, si exposée au feu du fournil, a pu éviter un tel triste sort. Les hommes combattent le sinistre et les prétendants de Barbe profitent de cette occasion pour tenter de devenir des héros, entrant dans la maison touchée pour en extirper des meubles ou de quelconques objets.
«Quel était ce phénomène, monsieur?
- J’espère qu’il ne s’agissait pas de la colère de Dieu. Je ne puis vous dire, Gaspard. C’est la première fois qu’une telle chose se produit. En avez-vous déjà entendu parler en France?
- Non. J’ai eu beaucoup de peur, mon ami, mais mon cœur a tremblé davantage quand j’ai pris les mains de la demoiselle Barbe.»
Commentaires
Elle deviendra son épouse.
Très jolie la fin de ce texte ... trembler davantage en prenant la main d une demoiselle !