Nous sommes en 1924. Grand-Regard a vécu un mauvais moment lors d'une exposition de ses peintures, dans la métropole. Broyant du noir, elle se rend dans la petite forêt, au nord du village, où elle avait rencontré l'esprit d'un homme d'une autre galaxie. Retournant à la maison, elle a la surprise de voir son époux Donatien, marchant à sa rencontre.
Secret de cet extrait. Dans ce roman, Grand-Regard et les enfants, les chapitres ont tous dix pages. J'étais arrivé à la neuvième et exprimé les sentiments décidés d'avance. Je ne savais plus quoi écrire pour atteindre la dixième page. Sans trop réfléchir, j'ai créé ceci, tout doucement. Note : Madeleine est le prénom de Grand-Regard.
Grand-Regard approche de la rivière, se déchausse, salue le clapotis de l’onde. Elle y dépose les pieds, même si l’eau est très froide, en ce moment de l’année. Soudain, elle sursaute en entendant quelqu’un marcher dans le sentier. Madeleine sourit, car malgré la noirceur, elle reconnaît la silhouette de Donatien. « Un problème? Non. Les enfants sont couchés et notre Germaine monte la garde, prête à intervenir si Adèle refuse de dormir. Je voulais voir ta solitude et…. Tu as oublié le fanal? Oh, je sais que je ne l’ai pas apporté non plus, car tu es ma lumière. Te souviens-tu de la nuit de notre mariage? Nous étions venus près du grand arbre pour regarder les étoiles et j’avais juré que moi-même serais ta lumière. Tu voudrais y retourner ? Prends ma main et nous nous marierons une seconde fois. »
Le silence… Pourtant, elle entend sa présence, sa respiration, son corps, son âme. De retour près de l’Immense, Madeleine regarde le ciel, comme elle l’avait fait ce jour-là. Donatien a entendu le secret plusieurs fois, mais n’y a jamais cru, pensant que c’était une fantaisie propre à Grand-Regard. Cependant, il s’est toujours montré attentif à ce qu’elle disait. Depuis les récentes peintures, l’homme frémit en pensant : « Et si c’était vrai ? Ce qu’elle m’a raconté va au-delà de l’imagination. » Il avance, prend sa main, y dépose délicatement ses lèvres.
« Froid, n’est-ce pas? Retournons à la maison. Je fermerai l’électricité, installerai une chandelle sur la table, déposerai une bûche dans le poêle et nous l’écouterons chanter sa chaleur. Nous ne parlerons pas, car l’amour, nous le vivons et n’avons plus besoin de paroles. »
Dans le sentier, Grand-Regard lance « Attention! » en vain, car Donatien trébuche vers l’avant à cause d’une branche rebelle. Comment a-t-elle fait pour la voir, par une telle noirceur ? Elle se précipite à son bras pour l’aider à se relever, mais elle ne dessine aucun pas, demeurant accrochée à son corps. Elle passerait la nuit entière dans cette position. « Ça va. Je n’ai pas de mal. » Il repart, mais elle ne lui en veut pas, sachant que la bûche et la chandelle l’attendent. « La seule fois que j’ai mal, c’est lorsque tu es loin de moi. » La femme ricane brièvement. Le cliché la ravit et elle sent des frissons sur ses bras.
La rivière de nouveau en vue, Donatien approche, dépose une main dans l’eau pour la nettoyer de la terre de sa chute. « Pas si fort! Tu fais peur aux poissons! » L’homme ne presse pas la marche, comme s’il désirait que ces moments soient éternels, mais soudain, elle soupire, admet que la température est fraiche.
Alors, Donatien tient parole. Germaine s’est couchée. Le couple se regarde et n’entend pas Adèle, qui les observe. Quand l’homme se rend compte de cette présence fantôme, il sursaute, mais ne crie pas « Va te coucher! » et elle ne dit point « Au lit! » La fillette se lance entre les bras de sa mère. « Adèle, ma petite, bien plus tard, ô vraiment plus tard, tu te souviendras de cet instant en pensant que tu as vu l’Amour. »
La dernière phrase n'est pas gratuite. La fillette a pour sa mère un profond amour, hors des conventions. Dans le quatrième tome de la série (à venir), Adèle, devenue romancière, écrira, avec l'aide de son frère et de sa soeur (jumeaux) la saga de Grand-Regard, peintre à la mode des années 1920 et plus tard oubliée. Même adulte, Adèle ne cessera d'aimer profondément sa maman. La petite fille de cette scène mourra à 104 ans, dernière descendante de la légende Grand-Regard.
Commentaires
Tout ceci m'échappe un peu... Je suis un peu 'ancien', avec Internet !!
@Marioromans:
Je viens de constater que tu n'as pas mis ce formulaire d'inscription sur aucun de tes blogs. Pas étonnant que tu ne trouves pas cette fameuse liste d'adresses mail dont je te parle. Je pense que cela n'a rien à voir avec les parasites commerciaux. Je ne suis sûrement pas la seule à avoir cette ribambelle d'adresses mail (1235 inscriptions, c'est énorme, on n'est pas sur Facebook ici !).
Bizarre pour une "newsletter" qui ne fonctionne pas depuis plusieurs années !
Pas trouvé ce que tu racontes. Cependant, je sais qu'il y a souvent des parasites commerciaux sur cette plate-forme.
Salut Mario !
Je suis contente de savoir que tu ne lâches pas le morceau. Je t'ai toujours dit que l'histoire de Grand-Regard me touchait. Je souhaite sincèrement que ce roman trouve preneur.
Je saute du coq à l'âne : As-tu déjà jeté un coup d’œil dans "l'édition du blog" à la rubrique "Mailing liste" ? Moi, j'ai eu la surprise de me trouver 1235 adresses mail. Jamais eu autant d'inscriptions sur un de mes blogs. Je trouve ça très bizarre pour ne pas dire louche, surtout que la newsletter de Vef n'a jamais marché ( du moins depuis que je suis là) . Jette un coup d’œil chez toi, je suis sûre que tu vas en trouver autant.
Je me sens très content de ce personnage et débuterai le tome 4, aussitôt le 3 terminé, sans doute en août.
:Le premier texte est actuellement en évaluation chez un éditeur important, mais je ne me fais pas d'illusions : un roman sans dialogues n'est sans doute pas dans leurs cordes, pas plus que la présence pourtant attachante d'un extra-terrestre.
Par contre, il semble que l'éditeur des dernières années soit encore intéressé à ma plume. Je devrais avoir des nouvelles en août. Si ça ne fonctionne pas chez l'autre, je recommanderai Grand-Regard à cet homme.
Je fais tout ça pour moi-même, mais je sens que le public pourrait adorer ce personnage.
C'est beau !
Le personnage de Grand-Regard respire l'amour, on ne peut pas faire autrement que de l'aimer.
Merci d'avoir su lui donner vie !