J'ai terminé Grand-Regard et les enfants mardi le 11 août. J'avais débuté le 15 mars. Pas terminé de copier le texte dans son fichier et, bien sûr, aucune relecture pour les corrections et améliorations. Le roman sera légèrement plus long que les deux tomes précédents.
Cela va de soi que dès le 12 août, le tome 4 était en route, sous le titre de Grand-Regard et le crépuscule. Les semaines précédentes, j'avais établi un plan informel. Ceci signifie surtout que j'ai noté des données qui ne seront pas obligatoirement dans le texte.
Par contre, ce roman aura la même forme que les trois précédents : courts chapitres de dix pages, représentant des années, pas de dialogues, se déroulant dans un lieu qui n'existe pas et n'ayant aucune référence culturelle et langagière propre à un territoire précis.
Le plan informel est avant tout constitué des personnages déjà présents, puis les nouveaux. Nous sommes au début des années 30, et cinq des six enfants de Grand-Regard vont se marier. À leurs suites : des enfants. J'ai établi vingt petits-enfants, mais seulement deux filles auront de l'importance. Quoi qu'il en soit, ces petits et leurs parents peuvent apporter des éléments d'intrigues, tout comme le fait que le village de Rivière-Aux-Truites a de plus en plus l'apparence d'une petite ville.
Par contre, il y a deux lignes directrices pensées depuis longtemps. Ayant atteint 50 ans, Grand-Regard craint beaucoup la vieillesse. Cependant, au cours de la décennie 1930, elle sera très active, surtout comme romancière, partageant cette passion avec sa fille Adèle, exceptionellement douée et qui rencontrera du succès.
D'un autre côté, le vieillissement tant craint surgit à sa soixantaine, en 1940. Problèmes de santé, tant pour elle que pour son mari Donatien, puis décès de son frère, de sa soeur, sans oublier que des lieux chers à son enfance et à sa jeunesse vont disparaître avec le progrès du village.
L'autre partie de la ligne directrice : une grande admiration venant d'Adèle et des jumeaux Jeanne et Robert, désireux de démontrer publiquement jusqu'à quel point leur mère fut une femme exceptionelle. Grand-Regard disparaîtra en 1954, âgée de 74 ans. Un tome 5, peut-être ?
Quoi qu'il en soit, voici la première page :
« A A A A A ATCHOUM ! » Grand-Regard dessine un mince sourire, immédiatement camouflé par sa main droite. Il ne peut exister que son fils Conrad pour souffrir d’un vilain rhume le jour de son mariage, se déroulant par une journée de juin à la chaleur écrasante. Considérons, de plus, que cette température dure depuis plus d’une semaine. Quoi qu’il en soit, la femme devine que les fidèles assistant à cette pieuse occasion vont en parler pendant des années.
Cérémonie dans la norme, peut-être ordinaire, mais pas pour les deux familles impliquées. Pour Madeleine Dupont, surnommée Grand-Regard, il s’agit de la seconde occasion, ayant permis à Germaine, sa fille ainée, de prendre époux en la personne d’Henri Michel. La jeune femme est déjà mère d’une fille, Dolorès, et la voilà en attente pour une récidive.
Conrad, vingt-et-un ans, est aimé par la population entière des trois villages voisins, situés dans un coin défini comme isolé, sur les rives d’un magnifique fleuve géant. Des noms rustiques : Pointe-à-Pierre, Côte de l’Est et, enfin, le lieu natal de Grand-Regard : Rivière-Aux-Truites. Le nouveau marié est sans cesse souriant, de bonne humeur, connaît cent histoires amusantes, se montre gentiment pince-sans-rire et travaille comme commis et boucher à l’épicerie du village, tenue par le maire Omer Cartier. De plus, Conrad…. « A A A A A ATCHOUM ! »
Le prêtre, pourtant un homme sobre et sérieux, ne peut s’empêcher de sourire très brièvement face à cette situation. Sans aucun doute la première fois en trente-trois années comme curé de Côte-de-l’Est. Personne ne la voit, mais la mariée Rita, de dos aux fidèles, semble très amusée par cette situation. Donatien, l’époux de Grand-Regard, ne peut s’empêcher de souffler à son oreille : « Si on demande à notre fils d’embrasser la mariée, pendant la noce, la pauvre va éternuer à son tour et devra garder le lit pendant dix jours. »
Le Oui enfin prononcé, l’annonce du prêtre officielle, le couple marche lentement dans l’allée et les témoins voient facilement que le jeune homme se retient avec force pour ne pas… En sortant, il tend la main à un badaud, réclamant un mouchoir. Mais qui donc est muni d’un tel objet par une si chaude journée estivale ?
Commentaires
Ah, quel plaisir que tu passes par ici !
Oui, Conrad est une personnage moqueur, qui aime rigoler.
Souriant ou pince-sans-rire, le Conrad ? Il y a là un paradoxe qui me fait ... sourire ...
En effet... Merci.
Dans le récit, j'ai relevé une petite erreur de frappe...
« Si on demande à notre fils d’embrasser la mariée, pendant la noce, la pauvre sera va éternuer à son tour ...»
Je suppose qu'il faut lire, "la pauvre Rita va éternuer à son tour..."