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Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 04-11-2020 à 19:58:27

Relecture émouvate

 

 

Au cours d'une quinzaine d'années, je me rendais dans un foyer pour personnes âgées en perte d'autonomie, où mes parents ont terminé leurs jours, dans un climat sain, où travaillaient des femmes admirables. Le lieu n'avait rien de démoralisant. J'y ai même vu des faits amusants, puis je me suis familiarisé avec la réalité de la vieillesse, et aussi celle de la génération de mes parents.

 

 

Pour ma mère, c'était une ou deux fois chaque semaine et donnait lieu, de sa part, à un certain rituel. Ce qui m'avait étonné était son amitié pour une femme, madame Lafontaine, alors que maman avait eu peu d'amies au cours de sa vie. De plus, madame Lafontaine, expansive, était à l'opposé du caractère de ma mère, personne discrète. Photo ci-haut.

 

 

Je me suis alors demandé ce qui arriverait aux gens de ma génération qui atteindraient cette étape. Ceci nous mènerait à 2044. L'idée d'écrire un roman, en 2013, sur ce sujet est venue naturellement. Il portait le titre Manon, depuis changé pour Madame Club-Sandwiche. La dernière année de vie d'une personne de 89 ans, Manon, anciene femme d'affaires dans le domaine de la restauration.

 

 

Le personnage Manon n'est pas un portrait de ma mère. Par contre, madame Lafontaine, sous le prénom de Sylvie, est semblable à la copine de maman. J'avais parsemé le récit de faits réels dont j'avais été témoin au foyer, dont plusieurs vécus par ma mère, décédée en 2019.

 

 

Je suis en train de faire une relecture de ce roman pour l'améliorer et à chaque fois que je croise un de ces faits, je me sens ému, presque troublé. Par exemple, maman fabriquait des fleurs avec des papiers mouchoirs, coloriait beaucoup, ce que j'attribue à Manon. Tout comme maman, Manon adorait le perroquet Délima, appartenant à la responsable de la zoothérapie. Maman, chaque vendredi, cognait à sa fenêtre en me voyant approcher. Manon le fait aussi, quand un de ses enfants la visite.  Chaque fois que je croise un de ces faits, je cesse ma lecture pendant quelques minutes. En visite à la ferme de la zoothérapeute, ma soeur avait pris cette photo, qui, dans le roman, devient ce qui suit.

 

 

 

 

 

 

         Un œuf! Un œuf tout chaud, gracieuseté de madame Poule. Je n’avais jamais vécu une telle chose, moi l’urbaine. Elle était pleine, puis s’est vidée et, aussitôt, cet œuf était entre les mains. Émouvant! Si demain matin, on me sert des œufs au déjeuner, je vais refuser de manger. « Très beau, maman! Ce sera parfait! » Je n’ai pas eu à répondre à la demande de sourire, car Patricia a croqué sur le vif ma réaction joyeuse. J’ai hâte de voir cette photo. 

 

 

 

 

Qu'est donc la vie de personnes âgées en 2044 ? La société a beauucoup changé. Il n'y a presque plus de téléviseurs. Internet est devenu Ultranet et on croise des métiers comme Irréchaire et un objet du nom de Chulybe. Un des pensionnaires est un ancien guitariste tatoué d'un groupe heavy-métal et Sylvie adore écouter la musique du "bon vieux temps" : Led Zeppelin et Black Sabbath. Lors d'un accouchement, un ordinateur remplace le médecin. L'on parle avec effroi des années de rectitude politique, se demandant comment les gens pouvaient vivre avec tant d'entraves, dont un scandale public datant de 2024 et qui, conséquemment, changera profondément la société, redonnant la liberté aux gens et chassant la peur, présente sans cesse dans les médias et à chaque coin de rue.

 

 

 

Le foyer de mon roman porte le nom de Primerose et les employées ont toutes des prénoms de fleurs : Myrtha, Jasmée, Anise, Liserine, Églantine, etc. Primerose n'a qu'un seul employé masculin, un homme à tout faire du nom de monsieur Lafleur.

 

Pour un autre extrait de ce roman :



http://marioromans.vefblog.net/1.html#Extrait__La_radio_et_les_Beatles