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Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 06-12-2020 à 06:50:44

Marie la mécanicienne

 

 

 

Mon roman L'Amicale des fantômes du Trois-Rivières métropolitain révèle un secret : il y a une vie éternelle, après la mort, mais pas tout à fait comme les religions le croient. Les défunts ont la possibilité de revenir sur Terre, chaque nuit, en qualité d'esprits. étant en mesure de revivre les moments les plus heureux de leur existence. Vous ne le saviez pas ? Mario B adore les fantômes. Le moment de bonheur que je vous présente concerne une jeune femme, Marie, qui fut mécanicienne en 1942, pendant la guerre.

 

 

 

Il y eut, pendant une trentaine d'années, un bel aéroport, au Cap-de-la-Madeleine. Pendant la guerre, l'armée se servait de cet aéroport pour une école de jeunes aviateurs. Quelques civils y travaillaient et comme beaucoup d'hommes étaient déjà soldats, on a fait appel à des femmes pour un rôle très rare : mécaniciennes. Leurs tâches consistaient à s'assurer que les avions utilisés par les élèves soient impeccables, entretenus et, en cas de bris, elles pouvaient les réparer.

 

 

 

Marie était une petite fille ayant grandi près de son père, réparateur touche à tout. À dix ans, elle préférait un tournevis à une poupée, développant, au fil de l'adolescence, une passion pour la mécanique. Bien sûr, quand elle se présentait dans une station-service pour un emploi, on lui disait de retourner à ses chaudrons. La venue de cette école d'aviateurs lui a permis de réaliser son grand rêve, alors qu'à la fin de la guerre, on lui a ordonné de retourner aux chaudrons. Chaque nuit, en qualité de fantôme, elle peut redevenir mécanicienne, les plus beaux moments de sa vie. Premier extrait : Marie à l'oeuvre.

 

 

 

 

 

 

« Mary, toi moteur number un. Il y a quelque chose wrong que je ne understand pas. » Sentant Carol pour la première fois inquiète et nerveuse, je pense profondément aux conseils de mon père. Il m’a souvent répété de prendre mon temps, d’observer, d’analyser, avant d’établir un plan et de m’y pencher avec patience. Carol me regarde et je sens qu’elle a des frissons. D’autres filles approchent, intriguées, mais n’intervenant pas. J’ai l’impression d’être un chirurgien dans un hôpital, mais je prouve que je suis une femme en voyant un amoncellement de chair et lance un petit cri de dégoût. « Cela me semble être une souris. Comment a-t-elle pu entrer là ? Rien de brisé, sauf la bestiole! » Mes consœurs rient et applaudissent.

 

 

 

 

 

 

La photo ci-dessus présente bel et bien deux femmes travaillant près d'un avion à l'aéroport du Cap. J'avais quelques données un peu floues, avant de  commencer ce chapitre. Je savais cependant qu'il existait, dans ma ville, un musée consacré aux avions. Téléphonant là-bas, j'explique que je désire des renseignements sur ce chapitre féminin de l'histoire de l'aéroport. On me refère à un homme, très content de m'aider, et qui m'a révélé des faits que  j'ignorais, comme le nombre de femmes engagées (dix), les conditions de vie des élèves, les employés civils du lieu, etc. Je me suis servi de tout ceci pour cette partie de mon roman. L'aéroport a cessé ses activités au début des années 1960. Aujourd'hui, ce vaste terrain est occuppé par mon ancienne école. Encore notre mécanicienne au travail ? Voici :

 

 

 

 

 

« Marie! Approche. Je crois qu’il y a un problème. » J’obéis et vois un boulon tordu. Nous nous demandons comment une telle chose a pu arriver. Il n’y a qu’à le remplacer, mais ma compagne a essayé en vain de le retirer. Je tente de toutes mes forces, sans résultat. Deux autres amies suivent. Il faut le scier, mais comme c’est la première fois qu’un tel pépin se produit, il vaut mieux avertir Carol. « Never saw that. Better voir le book. » Elle a raison, mais le manuel demeure muet sur un tel cas. Scier doucement, et tenter de le bouger à sa base à toutes les cinq minutes. Pas qu’une mince affaire! Mais, toujours papa dans mon esprit : prends ton temps.         

Carol maugrée que l’élève ayant conduit cet appareil s’est nécessairement rendu compte d’un problème, mais il ne l’a pas déclaré, sans doute de crainte de subir des reproches de la part de son professeur. Nous nous relayons, mais c’est moi qui triomphe : je retire le rebelle et nous examinons le fond, ne trouvant rien d’anormal. Par contre, le nouveau boulon refuse de se visser. Carol n’a d’autre choix que d’avertir notre capitaine, qui ne comprend rien à rien non plus. Il me dit, en anglais, de tout retirer. « Mary, do it. You’re the best. » J’ai triomphé de tout ça, mais la grande fierté consiste à revivre ce compliment de mon supérieur. Nous croyons que l’élève a posé un geste très brusque. Le problème est que le prochain jeune à utiliser cet appareil aurait pu subir un accident.

 

 

 

 

 

Commentaires

Marioromans le 06-12-2020 à 18:55:23
Ce fut 'chouette' de l'écrire. 23 courtes histoires de fantômes !! Bou !
chocoreve le 06-12-2020 à 14:29:51
Revivre les moments les plus heureux ! Comme ça serai chouette...