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Titre du blog : Mario Bergeron, romancier du Québec
Auteur : Marioromans
Date de création : 01-01-2016
 
posté le 05-02-2021 à 04:53:13

Partie 2 : Le crépuscule de Grand-Regard

 

 

Le premier tome de la série Grand-Regard débute par sa naissance, puis le dernier se termine par son décès. Cependant, ce moment peut paraître incompréhensible en ne connaissant pas certaines données des quatres fictions, particulièrement la seconde, Grand-Regard et la Lumière. Quoi qu'il en soit, dans la partie 1 de ces trois articles, je présente les éléments logiques menant vers cette finale. L'extrait est un peu long, et c'est pourquoi j'ai omis des passages, représentés par (...).

 

 


Un certain samedi, alors que Madeleine s’est mise au lit tôt et qu’Adèle l’a suivie, afin que le calme se répande partout dans la maison, Adèle se redresse, entrouvre la bouche. « Trois heures… Oui… Ce qui est convenu… Je le ferai… » La romancière se tire promptement de ses couvertures, passe dans la chambre de sa mère, dormant profondément, la bouche ouverte. Adèle lui caresse le front, puis descend rapidement à la cuisine, se verse un verre d’eau, retourne à sa chambre pour se vêtir chaudement, puis s’installe au salon, serrant les poings, avant de bondir hors de la maison.         

 

(...) 


Il n’est pas trois heures quand une plainte provient de la chambre de Madeleine. Adèle se redresse, court vers l’escalier, puis voit sa mère droite dans le lit, hors de souffle. « Je vais mourir, Adèle! Je le sais! J’ai mal partout! Je dois me rendre près de l’arbre géant! Aide-moi, mon amour de fille! »     (...)     Tout de suite, la romancière prend les mains de sa mère, la tire du lit. « L’arbre, Adèle… L’arbre… »



En sortant de la maison, il n’y a plus de ronronnement, comme si le village entier était disparu. Elle soutient Grand-Regard sur le trottoir de la rue des Pêcheurs, où tout semble évaporé. « Il ne mentait pas », de penser Adèle. La distance demeure cependant quelque peu lointaine. « Si tu ne te calmes pas, maman, nous ne serons pas là à temps. Je t’en supplie, ne fais pas d’efforts pour parler. Tout ce que tu peux me dire, je le sais depuis… depuis… Un effort, maman. »

 

(...)

 

Enfin sur place, Madeleine se défait de sa fille et court vers le géant, bras en croix, l’enlace et, aussitôt, une vive lumière remplace l’écorce et entoure Grand-Regard. « Touche-moi, Adèle! Vite, touche-moi! » La femme obéit, recule en voyant que cette luminosité se répand sur ses mains, ses bras, jusqu’à son cou, mais cesse immédiatement quand Grand-Regard s’effondre au sol. La lumière est disparue de l’arbre. Adèle prend sa mère par les bras pour l’éloigner, constate que le visage de Madeleine est celui de ses vingt-cinq ans. Cependant, quand le phénomène se retire du corps de la défunte, la pauvre a de nouveau soixante-quatorze ans, mais le visage inerte a gardé le sourire de sa vingtaine.        

 

 

Adèle recule, regarde le ciel noir sans pouvoir s’arrêter, avant de sursauter en réalisant qu’elle a peu de temps pour transporter le corps vers la maison. En approchant du lieu, elle entend une automobile passer dans la rue, presse le pas avec sa mère entre les bras, puis, enfin à destination, la dépose sur le lit. Elle caresse son visage,  miaule « Maman… Maman, je t’aime tant… J’ai fait ce qui a été demandé, mais en cet instant, je redeviens ta petite fille et je pleure ton nom. » 

 

(...)       

Le soleil va se lever. « Ceci ne m’a jamais impressionné,  mais je sais que maman adorait, ainsi que le coucher de l’astre. Le crépuscule. Le repos du soleil, puis le règne de la lune.  (...)   Café ? Comme maman… Je vais enfiler un chandail pour le boire sur le perron. »  

 

(...)       

 

 

Puis soudain, elle voit accourir Marie-Jeanne, excitée. Adèle aurait préféré quelqu’un de sa famille, mais cette femme aimait Grand-Regard avec passion. « Tu ne sais pas ce qui est arrivé, mam’zelle Adèle! L’arbre géant, qu’on voyait du boulevard, eh bien… disparu! Volatilisé! Les policiers se sont pressés là-bas et les gens, estomaqués, sont réunis pour regarder. Un arbre si gigantesque ne disparaît pas ainsi et… Tu n’écoutes pas, mam’zelle Adèle ? Je… » La femme donne un coup de tête vers l’intérieur et l’autre comprend tout de suite, entre en criant : « Mam’zelle Grand-Regard ! Mam’zelle Grand-Regard! »        

 

Adèle dépose sa tasse, monte lentement pour trouver la femme agenouillée devant le lit de la disparue, pleurant sans pouvoir s’arrêter, comme si toutes les souffrances de l’univers se manifestaient en son cœur. La romancière la prend par les épaules, l’invite à ne pas s’attarder, lui demande de garder la maison, pendant qu’elle se pressera pour réveiller Conrad.         

« C’est peut-être tant mieux et… Je m’excuse de dire une telle chose, mais tu sais sans doute qu’on prétend qu’elle sera maintenant heureuse pour l’éternité. »  Voilà ce qu’il fallait dire à Adèle. « Marie-Jeanne, tu ne peux comprendre jusqu’à quel point elle sera heureuse pour l’éternité. Non, tu ne peux pas… »




 

Mais à qui donc s'adresse Adèle ? Pourquoi dit-elle la parole finale à Marie-Jeanne ? Pourquoi Grand-Rergard, agonisante, réclame l'arbre géant avec insistance ?  Les réponses sont dans la partie 1 des trois articles et s'éclairent davantage avec la partie suivante, indiquant qu'Adèle était une femme profondément, mais vraiment profondément différente...

 

Commentaires

wersc le 13-08-2023 à 18:08:15
sadz
Marioromans le 05-02-2021 à 07:19:34
Ah, merci. C'est d'ailleurs pourquoi les romans de cette série ont été refusés par des éditeurs une dizaine de fois.


Il faut cependant lire l'article suivant pour mieux comprendre celui-ci. Dans quelques jours, je vais écrire la présentation, qui permettra de comprendre l'arbre géant et aussi la lumière qui enrobe mon personnage lors de son trépas.
maxie le 05-02-2021 à 06:41:32
Je suis éblouie devant un tel talent... moi qui suis incapable d'aligner deux lignes correctement

Bravo mon ami, vous avez de l'avenir en ce domaine.

Bonne journée Mario