Au cours des premières années du 20e siècle, mon vagabond Gros-Nez vivra une aventure étonnante. Utilisant les wagons de marchandise pour se déplacer clandestinement, mon personnage rencontre un jour un chien qui semble perdu. Gros-Nez croit que l'animal appartient à un cultivateur des environs, désireux de perdre la bête en le déposant à cet endroit. Perspicace, mon héros, mais il ne s'attendait vraiment pas que tout ceci durerait deux mois, dans une direction opposée à la sienne. D'abord, la rencontre entre Gros-Nez et le chien que l'homme baptisera Sans-Nom.
Après un arrêt à Sherbrooke, Gros-Nez a le goût de la beauté des paysages de la Beauce. Une pause dans les Bois-Francs sera aussi la bienvenue. Il s’installe près du chemin de fer de la rive sud, le plus ancien tracé du Canada. L’homme s’est un peu étiré les muscles des bras en saisissant le wagon, mais il sait que la douleur sera passagère. Il s’installe contre le mur, prêt à manger un morceau, quand soudain, un sifflement, tel une plainte, le fait sursauter. Il voit approcher un chien. « Qu’est-ce que tu fais là ? Tu es le gardien de ces boîtes ? T’as faim, n’est-ce pas ? Approche et partageons. Je m’appelle Gros-Nez. Et toi? Sans nom ? C’est en quelque sorte un nom. Le menu est frugal mais délicieux. Approche, n’aie pas peur, Sans-Nom. »
Le chien régalé, il pose sa tête contre les jambes du mendiant pour, une minute plus tard, répéter le même geste contre son bras, comme s’il devinait que son bienfaiteur a mal à cette partie de son corps et que son affection l’aidera à oublier cet inconvénient. En réalité, cette bête semble aussi avoir besoin d’affection, l’humidité coulant de ses yeux et s’incrustant dans le poil signifiant une profusion de larmes. Gros-Nez le caresse gentiment et le chien s’endort. L’homme se demande de nouveau comment cet animal a réussi à grimper dans ce wagon. Peut-être appartient-t-il à un passager. Quoi qu’il en soit, il se sent calmé par la présence de Sans-Nom. Soudain, il a le goût de regarder le contenu des boîtes. Des conserves ! En voler une seule pour nourrir le chien ? Le quêteux se sent tiraillé par la question. Non ! Il vaut mieux oublier cette idée.
« Mon vieux Sans-Nom, j’ai été heureux de te rencontrer. Je dois te quitter. Ne t'inquiètes pas, car ton maître va venir te chercher quand il sera rendu à sa destination. Au revoir, gentil chien ! » L’animal suit l’homme jusqu’à la porte. « Retourne là-bas ! » Têtu… « Couché ! » Il ne veut pas. Voilà le mendiant sur le bord du vide, cherchant l’endroit idéal pour sauter. Opération parfaite et, en se relevant, il voit que le chien l’a imité, qu’il semble blessé. « Cet idiot s’est sûrement cassé une patte ! » Gros-Nez court le chercher, le garde dans ses bras, l’invite au repos dans un boisé. « M’ouais… J’aurais dû chaparder une boîte de conserves… Où suis-je ? Pas de ferme aux alentours. Il faut se mettre en route, Sans-Nom, trouver un village et signaler ta présence à un chef de gare. »
Le chien refuse de quitter l'homme et quand le quêteux prend une direction, l'animal aboie pour le diriger dans la direction opposée. Au fil des jours, Gros-Nez se rend compte que Sans-Nom cherche les rails de chemin de fer et désire monter dans un wagon.
Poussé par la curiosité, le mendiant obéit, ne se doutant pas qu'ensemble, ils allaient parcourir une très longue distance, connaissant la faim et la misère. Sans-Nom se dirige vers l'Ontario, à plus de 500 kilomètres de son lieu de départ. Arrivé à un point, le chien marche vers une direction précise, rendant Gros-Nez de plus en plus curieux. Voici le secret :
Gros-Nez a senti son cœur prêt à bondir hors de son corps quand il a vu son compagnon se diriger avec précision vers une rue, puis une seconde, une troisième afin de s’asseoir devant une maison. Il aboie et une femme sort, lève les mains aux cieux, court pour se précipiter vers l’animal, suivie de deux jeunes enfants, les larmes aux yeux, n’en finissant pas de donner de l’affection à leur King. « Il fallait marcher tout ça pour apprendre que je viens de servir un King anglais… » La confession de Gros-Nez estomaque la femme. « J’ai franchi tout ça en le nourrissant, en le protégeant. »
La femme garde silence, éberluée, rougissante. Le quêteux attend l’invitation à entrer, qui tarde à venir. « Il a gravement mordu une petite fille du quartier. Il y a eu plainte à la police, qui voulait le tuer. Mon mari a juré qu’il le ferait, mais ne s’y est pas résolu. Il l’a mis dans un wagon de train. » Gros-Nez hoche la tête, satisfait de la confession. « Maintenant, il ne mordra plus. Il n’a d’ailleurs pas du tout cherché à le faire depuis toutes ces semaines. C’est un bon chien. Reste à savoir si la petite victime l’est tout autant. Les chiens sont les reflets de leurs maîtres et je vois que vous êtes d’aimables personnes. Vous avez un animal d’une extraordinaire fidélité. »
Obtenir un article sur nos livres, les faire connaitre via un média, est un acte très difficile. Il l'était au moment de cet article (2001) et la situation est devenue encore plus ardue presque vingt années plus tard. Mon premier éditeur, avec pignon sur rue au Saguenay, tentait très fort, avec des résultats discrets, sauf peut-être dans sa région, où il avait des contacts avec les journaux, revues, radio, gnagnavision. Pour rencontrer ces gens, je me suis rendu à quelques occasions dans ce coin de pays, toujours bien accueilli et traité avec respect.
À cette occasion, je faisais figure de vétéran avec mon cinquième roman, entouré de deux hommes débutants. Nous avions en commun des livres se déroulant dans le passé. Les questions du journaliste s'adressaient aux trois à la fois. Je me souviens que nous avions eu beaucoup de plaisir et qu'aucun ne cherchait à nuire aux autres. J'ai poursuivi ma route, mais n'ai plus jamais entendu parler des deux autres. J'aime bien mon mot de la fin, car c'est une situation que je vis toujours de nos jours lors de la création d'un roman. Cliquez pour lire.
Un troisième article consécutif à propos de mon personnage Suzanne, en vedette dans Horizons et aussi dans Quand on s'aime bien tous les deux. Nul besoin de la décrire. En lisant ses citations, vous cernerez très bien sa nature.
« Si c’est noir, c’est bon. Comme mes cheveux, mes humeurs. »
« La stupidité est nécessaire à tout succès. »
« Chauffeur du dimanche ! D’ailleurs, nous sommes dimanche. »
« La noirceur se fond à la route et mes phares sont l’âme qui caresse le noir. »
« La santé ? Ça ne m’a jamais préoccupée, ce truc pour gens malades. »
« J’écris tout le temps, même quand je n’ai pas de crayon entre les doigts. »
« J’étais une solitaire et je suis devenue une solitaire sociable. »
« J’ai toujours pensé que je suis une interdiction. »
« Quand je serai maîtresse du monde, je vais interdire le port de talons aiguilles. »
« Pas besoin de sourire pour rire. »
« Stupide soleil ! Qui a inventé ce machin ? »
Parlant de ses spectacles de récitation : « Je n’aimerais ni me voir ni m’entendre. Ça me ferait peur. »
« J’imagine que je suis particulière. »
« L’écriture est une aventure et ne doit pas devenir une routine. »
« À New York, tout est loin. »
Suzanne décrit son baptême de l’air : « Propre. »
« Il y a la nuit qui m’attend, la route, puis écrire quand je serai de retour chez moi. Je ne dois pas décevoir ces amants. »
Suzanne a deux objets qu’on ne voit jamais dans une cuisine : un divan et un dictionnaire. Elle motive ce dernier élément : « Au cas où j’aurais une fringale de mots. »
Suite à une remarque sur sa grande consommation de café : « C’est ce qui coule dans mes veines. Alors, j’ai besoin de ma dose. »
2. Marioromans le 03-02-2020 à 17:24:53 (site)
Très bien !
Il y a d'autres pensées café deux articles plus bas.
Voici le roman qui est mentionné dans un autre roman. Je m'explique : dans mon texte secret Horizons, mon personnage Suzanne, en 1960, trouve un emploi dans une tabagie tenue par un homme prénommé Max. Bedonnant, à demi-chauve, la mi-soixaintaine, Suzanne le trouve d'abord vulgaire et tapageur, avec sa passion pour la culture de série Z (Les sports amateurs, les raconteurs de blagues dans des cabarets de tierce zone, la musique western, etc.) Sauf que peu à peu, mon personnage se rend compte que Max est un homme de coeur, très généreux et à l'écoute de son prochain.
Un jour, ce célibataire par la force des choses rencontre une femme de son âge, Betty, ayant les mêmes caractéristiques. Coup de foudre! À ce moment, Suzanne échange beaucoup avec ce couple inhabituel. Promesse du rêve de leurs vies : un mariage. Mais deux semaines avant la cérémonie, Max est emporté par une crise cardiaque.
Suzanne s'occupe alors de Betty, ravagée, et décide d'écrire cette histoire d'amour, qui devient, en 1964, son plus important succès en librairie.
Or, j'ai décidé d'écrire ce roman mentionné dans Horizons, mais en version québécoise, le situant en 1966-1970, dans un contexte culturel du Québec. Ainsi s'ajoute une passion de Max et Betty pour le chanteur de charme Yvan Daniel et sa chanson Quand on s'aime bien tous les deux (Fichier audio) et qui devient le titre du roman.
J'ai d'abord été mal à l'aise de transformer Suzanne en Québécoise, d'autant plus qu'il y a des nuances entre l'idée de base racontée dans Horizons. En fin de compte, créer cette histoire a été une aventure extraordinaire et je considère le résultat avec égards.
L'extrait : Comme dans Horizons, après la disparition de Max, Suzanne s'occupe de Betty, très démoralisée. Les deux femmes, que tout sépare (l'âge, une culture différente) deviendront de tendres amies. Mais le tout a débuté de façon difficile.
« Suzanne! Je veux mourir pour rejoindre Max! Viens me tuer! Je n’ai pas le courage pour le faire comme une grande fille!
- Te tuer? De quelle façon?
- N’importe quelle saudite manière!
- J’ai un poignard. J’arrive! Ne bouge pas! »
La première fois, Suzanne avait été prise de panique. Cependant, après la quatrième, elle peut se permettre de l’humour, même si la jeune femme sait qu’en entrant dans la maison, elle trouvera la pauvresse dans un piteux état. Betty a surtout besoin d’une présence. Quelle tristesse de penser qu’elle a passé sa vie à côtoyer des femmes et qu’il n’y en a aucune pour lui venir en aide. Pendant tant d’années, Betty a entretenu des relations avec des filles d’Ève qui ne sont demeurées que des connaissances et non des amies. Lors de l’enterrement de Max, il n’en est venu aucune. Zéro. Par contre, le grand patron était présent, pour tenir la main de celle qui fut son employée modèle. Peu de clients de la tabagie et un seul commerçant du grand boulevard : le disquaire.
Betty s’ennuie, ce qui l’incite à se morfondre davantage et trop penser à celui avec qui elle partagerait cette maison, après un voyage de rêve à Hawaii et la promesse de tant de moments exaltants, au cours des prochaines années. L’intérieur de la maison a été modifié, mais cela ne change rien à l’affaire : Betty voit l’homme dans tous les coins. La seule pièce qui n’a pas été touchée est cet aménagement du sous-sol comme lieu de détente. Max y tenait tant, mais les promesses relatives à cet endroit font en sorte que la femme se sent incapable d’y séjourner, même si elle a tenté.
Quand Suzanne se présente, elle se voit encore bouleversée par les traces de larmes sur le visage de son amie. Fin décembre, Betty s’était mise à manger comme un goinfre, afin de devenir cardiaque à son tour et de rejoindre Max. Suzanne, avec peu de mal, avait réussi à lui expliquer l’absurde de cette initiative et à l’inciter à faire tout le contraire : un régime amaigrissant.
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Suzanne Staniowski est le personnage le plus particulier de mes créations. Elle est apparue dans mon roman secret Jenny de Manchester en 1979 et quand j'ai décidé de recommencer ce texte, sous le titre de Horizons, bien sûr que Suzanne était présente. J'ai aussi présenté sa version québécoise dans Quand on s'aime bien tous les deux.
Suzanne est une très belle femme, poète, romancière, chanteuse. Elle ne sourit guère, semble méfiante envers les gens qu'elle ne connaît pas. Elle adore les cigarettes, la nuit et le café, en buvant une grande quantité chaque jour.
Quelques citations de Suzanne, à propos du café, extraites de Horizons.
« Quelqu’un veut du café ? Ce serait tellement plus humain. »
Répondant à une personne lui demandant combien elle boit de tasses de café par jour, Suzanne révèle : « J’ai cessé de les compter à l’âge de huit ans. »
Même situation : combien de cafés par jour ? « Autant qu’il y a de doigts dans mes trois mains. »
En visite chez une amie, Suzanne réclame du café. Comme il n’y en a pas, elle dit : « Maison incomplète. »
Lors d’un voyage au Brésil, on lui offre du café local, qu’elle juge très corsé : « Renverse une tasse sur le capot de ta bagnole et la peinture va écailler. »
Une amie lui fait remarquer que sa tasse de café est vide. Alors, Suzanne répond : « C’est horrible. »
1. johnmarcel le 18-01-2020 à 18:26:46 (site)
Le café au Canada est-il léger comme celui des américains, ou même des anglais ?
Y a-t-il une différence de goût entre le café Québécois et celui des autres provinces ?
2. MarioMusique le 18-01-2020 à 19:45:13 (site)
C'est du café léger, mais pour le corsé, il y a des torréfacteurs, diverses marques, mais les gens ont l'habitude de se contenter des produits à grande surface, type Maxwell House.
Dans le roman, Suzanne commande du "café prolétaire."
3. Maxie le 22-01-2020 à 14:52:17 (site)
Du café "prolétaire" c'est quoi cette ségrégation !
je plaisante, le café trop fort est très mauvais pour le coeur donc à boire avec modération....
Merci pour tes visites chez moi tu es un véritable pote .. pour la peine je te fais la bise
Commentaires
1. chocoreve le 16-02-2020 à 19:56:46
Étrange je n ai gardé aucun souvenir de l histoire de ce chien dans ce livre, tout comme l 'étrangeté des réactions des chiens envers les hommes et peu importe le maître. A ce qu il me semble ...
2. Marioromans le 16-02-2020 à 22:10:35 (site)
Chiens et chats traités avec amour ont beaucoup d'amour et d'attachement à donner.
On parle souvent de chiens fidèles, mais je t'assure que c'est aussi le cas pour les chats.
3. banga le 23-02-2020 à 14:29:24 (site)
Bonjour mon ami Mario , oui je l’espère pour toi que ça ne se déroulera pas pendant tes vacances vérifie quand même les dates qui sont indiqués dans mon article lol (rires) on ne sati jamais.
Ce livre me parai très intéressent , et comme tu dis dans ton commentaire, Chiens et chats traités avec amour ont beaucoup d'amour et d'attachement à donner et je dirai parfois plus que certain humains , et il en est de même pour les chats j’en ai deux.
Je te souhaite une bonne fin de dimanche et une très bonne semaine , amitié.