GROS-NEZ LE QUÊTEUX (Publié par Marcel Broquet en 2015
RÉSUMÉ :
Entre 1890 et 1915, la vie d’errances et de surprises d’un quêteux surnommé Gros-Nez, homme au physique imposant, quelque peu philosophe, vivant là où bon lui semble, rendant service à tout le monde en retour d’un repas, d’un gîte. Avant tout : un observateur des attitudes et des mœurs de ses frères et sœurs de l’humanité.
CARACTÉRISTIQUES :
Roman sans chronologie, chacun des chapitres thématiques forme une petite histoire en soi, ayant peu de relation avec ce qui précède et ce qui va suivre. L’accumulation des thèmes (Hommes, femmes, enfants, les quatre saisons, l’amour, l’amitié, la campagne, la ville, etc.) sert à dessiner le caractère de bonté et de justice du personnage en vedette. Un roman de 350 pages, avec dialogues, à la troisième personne, mais où les êtres humains côtoyés ne portent pas de nom, sinon celui de Joseph Tremblay, ami de Gros-Nez. Les mœurs des époques abordées sont respectées, ainsi que quelques aspects d’histoire sociale. Le roman présente sa large part d’humour.
Gros-Nez apparaît dans les romans publiés Ce sera formidable et Le Petit Train du bonheur.
Un personnage discret, même s'il apparaît dans cinq des six romans de la série Tremblay. Céline Sicotte est l'épouse de Roméo. À l'image de l'homme, elle n'a connu d'amoureux qu'une seule personne. Ils se sont rencontrés à treize ans et à dix-huit, ils étaient mariés. Le couple aura six enfants.
Céline sera une femme traditionelle, dans son rôle d'épouse. Fervente catholique, elle règne dans sa maison et adore les tâches relatives à ses devoirs.
Jeune, cette rousse était bègue, défaut qui ira en diminuant en prenant de l'âge. Pourtant, dès le début, Céline croit que Roméo pense trop à Jeanne. Quand l'homme désire se rendre en France pour chercher sa 'petite soeur' de presque quarante ans, afin de la protéger de la possible guerre contre les Allemands, Céline s'oppose à son époux. Au retour de Jeanne à Trois-Rivières, la femme se montrera très froide à l'endroit de sa belle-soeur. Céline perdra la vie au début des années 70. Roméo sera ravagé.
En ayant terminé la série Tremblay, j'avais alors décidé d'ajouter une troisième partie à Petit Train, au moment où Roméo revient de la guerre 14-18 et désireux d'empêcher les jeunes de s'enrôler. Il trouvera un immense appui chez Céline. Cette partie inédite du roman a donc cette jeune femme comme narratrice. Une injustice a ainsi été corrigée : ce personnage est important et méritait mieux que la discrétion des autres romans.
L'extrait, de Contes d'asphalte : Une des filles de Céline, Carole, est en visite dominicale avec son mari Romuald et leurs enfants, avec Martin comme narrateur. Les grands-parents sont heureux de les recevoir. On peut y voir le rôle traditionnel charmant de Céline.
Nous avons l’habitude de visiter grand-père Roméo chaque dimanche, sauf pendant le temps où ma mère attend un bébé. Papa espace alors ces occasions, pour ne pas fatiguer maman. Quand nous nous y rendons, j’ai pu observer un rituel se répétant à chaque fois et qui, après avoir consulté mes amis, semble le même dans toutes les familles. D’abord, grand-père fait comme si notre arrivée est une surprise, même si nous l’avons averti par téléphone la veille. Souriant, il ouvre les bras et fait : « Entrez ! Entrez ! Ne restez pas dehors ! » Grand-maman Céline, derrière, les bras tendus, est prête à recueillir nos vêtements et à les mettre en tas sur un lit, même s’il y a un placard au salon. Ensuite, grand-père répète : « Entrez ! Entrez ! » même si nous sommes déjà en dedans. De la main, il nous indique le salon.
Grand-mère revient avec un plat de nourriture : du sucre à la crème, des beignets, des chips ou des guimauves. Après, grand-père se tourne vers mon papa pour lui demander des nouvelles de l’usine. Grand-mère regarde maman enceinte jusqu’aux yeux en disant : « Ma pauvre petite fille ! »
Nous, les enfants, demeurons tranquilles, surveillons, pour une millième fois, le décor inchangé du salon. Il y a un large sofa avec des bouts de dentelle sur les appuie-coudes. Deux fois sur trois, ils tombent quand nous y déposons les bras. Sur les murs : les photos religieuses favorites de grand-mère et aussi une belle peinture, œuvre de la grande-tante Jeanne. J’aime bien l’antique appareil de radio, aussi gros qu’une télé. Il a deux petits boutons, un cadran et une enceinte sonore qui ressemble à une bouche à quatre dents. Sur le téléviseur règne le Sacré-Cœur lumineux de grand-maman Céline.Soudain, les grands-parents se rendent compte que nous nous ennuyons. Grand-mère court chercher sa boîte de jouets qu’elle installe au milieu du plancher. Ce sont de vieux jouets, ayant sans doute appartenus à nos parents. C’est pourquoi nous apportons parfois nos propres joujoux. Ainsi, aujourd’hui, j’ai emmené Coco, toujours très content de rencontrer Fido, le chien de peluche de ma cousine Johanne. Après quinze minutes, grand-maman invite ma mère à la cuisine. Les hommes demeurent au salon pour fumer et parler de politique. Nous les laissons pour jouer dans le couloir. À cinq heures, nous soupons. Grand-mère Céline a préparé un immense choix d’aliments, toujours en trop grande quantité. Nous devinons que grand-père Roméo va passer la semaine suivante à manger des restes. Après le repas, nous retournons au salon, mais les femmes ne quittent pas à la cuisine. À notre départ, grand-père Roméo nous dit toujours : « Vous reviendrez ! » tandis que grand-maman Céline fait : « Attention à la route, là ! » C’est toujours ainsi, mais je ne m’en lasse pas. J’aime l’odeur de cette maison, les photographies sur les murs et les histoires que grand-père aura eu le temps de me raconter. Dans l’auto, papa confie toujours à ma mère : « Ils vont bien, hein », et maman lui répond : « Oui, ils vont bien. »
J'ai parlé de ceci sur mon site Mario Multicolore. Une photo de 1922 présentant un terrain de baseball logiquement situé pas loin de chez moi. Je m'y suis aventuré dans l'espoir de retracer un vestige, mais découvert un site où les gens vont mettre au fleuve des embarcations, le tout avec aussi un parc de détente et un large stationnement asphalté. Or, tout ceci a toujours la forme du terrain de 1922. Trois éléments de la photo ancienne sont toujours sur place et en les utilisant, j'ai pu retracer où se situent aujourd'hui ces trucs d'autrefois. J'appelais ceci chercher un fantôme du passé.
Il n'en fallait pas plus pour avoir une idée de roman, que je vais commencer à créer en septembre prochain. L'idée de base découle du terrain de baseball : mettre en scène des lieux du passé du Trois-Rivières métropolitain qui n'existent plus, mais dont le lieu, par contre, est toujours là, sous une autre forme. Ne pas utiliser un endroit de jadis où il n'y a plus rien, de nos jours.
Ces lieux du passé sont habités, chaque nuit, par des fantômes y ayant connu de grands bonheurs lors de leur vie terrestre. Il fallait les trouver, bien que j'en connaissais plusieurs de mémoire vive. Je me suis servi des livres d'histoire (avec photos) sur Trois-Rivières et le Cap-de-la-Madeleine, ce qui a résulté en le fouillis que vous voyez ici :
Chemin faisant, des éléments de forme se sont précisés. Il devra y avoir 14 chapitres (j'avais pensé 12, en premier lieu) alternant entre le fantôme d'un homme et celui d'une femme. Il devra aussi y avoir une alternance entre un lieu de Trois-Rivières et un autre du Cap. J'ai aussi décidé de couvrir cent années, réparties en dix décennies (1890 à 1990). Il n'y aura pas de dialogues dans le roman et tous les chapitres auront vingt pages. À partir du fouillis, j'ai pu établir un plan de rédaction de ces chapitres, ce qui a donné un autre fouillis. Celui-là :
Tout allait rondement pour les douze premiers chapitres, mais j'ai eu un mal fou avec les 13 et 14, et j'ai dû modifier l'ordre de ce plan, réalisant, en écrivant ceci, qu'il y avait une erreur dans mon idée des alternances. Le numéro 5, sur ce brouillon, est crédité à TR, alors qu'en réalité, ce lieu est situé au Cap.
À ce point, j'ai les lieux, les décennies, mais pas les noms des personnages (sauf deux). Je ne connais pas non plus leurs caractères. Il faudra m'y pencher pour compléter le plan, sans oublier de prendre des notes sur les contextes socio-historiques des époque.
Voici ce à quoi tout ça pourra ressembler.
1 Homme, TR, 1930, Grand magasin Fortin, aujourd'hui le local est occupé au premier étage par un café. Mon personnage sera un commis.
2 Femme, Cap, 1960, Restaurant Carrousel. Thérèse Fiset en était la propriétaire. Je l'ai connue! Aujourd'hui : bazar de machins usagés.
3 Homme, TR, 1910, Cinéma Bijou. Aujourd'hui : Boucherie. Mon personnage sera un pianiste.
4 Femme, Cap, 1950, Manufacture Tooke. Aujourd'hui : le centre commercial près de chez moi. La Tooke fabriquait des chemises et employait majoritairement des femmes. Mon personnage sera donc une ouvrière.
5 Homme, TR, 1970, Bar le Rio. Aujourd'hui un café. Le bar de mes jeunes jours, où on trippait solide au son de la meilleure musique heavy-rock au boutt', man !
6 Femme, Cap, 1980, Hôtel de ville. Aujourd'hui édifice à logements. La femme sera réceptioniste. Eh oui : pas de robots qui vous répondent au téléphone !
7 Homme, TR, 1925, Gare. Aujourd'hui un centre d'arts. Personnage : employé de la gare (fonction à déterminer).
8 Femme, Cap, 1942, Aéroport du Cap. Aujourd'hui : une vaste école pour adolescents. Pendant la guerre, cet aéroport était une école de pilotage pour les jeunes de l'armée et il y avait des femmes employées comme mécaniciennes. Sujet cousu d'or !
9 Homme, TR, 1900, Académie de la Salle. Aujourd'hui : édifice à bureaux. Mon personnage sera un religieux enseignant aux enfants.
10 Femme, Cap, 1960, deux possibilités : une pâtisserie, aujourd'hui un Poulet Frit Kentucky, ou une station service Irving, aujourd'hui une pharmacie. Je préférerais la pâtisserie, mais je ne me souviens plus du nom ! Ma voisine d'en bas enquête...
11 Homme, TR, 1890, Marché public. Aujourd'hui : édifice à bureaux de divers services. Le personnage sera le clerc (comme l'on disait) du marché. Un peu le gérant, en somme.
12 Femme, Cap, 1970, supermarché IGA. Aujourd'hui : vaste marchand de bric-à-brac. Mon personnage sera une caissière, possiblement Mimi. Oui, oui, la vraie Mimi !
13 Homme et femme, TR, 1990, Disquaire le Colimaçon. Aujourd'hui : une épicerie 'nature' flanquée d'un café-restaurant. Le couple travaillant au Colimaçon étant encore vivant, je devrai me tourner vers deux fidèles clients.
14 Homme, Cap, 1920, terrain de baseball. Aujourd'hui : aire pour embarcations maritimes. Je tiens à cet élément. Le personnage est Augie Swentor, joueur américain, mais qui a fait partie de trois équipes du Québec au cours d'une très courte carrière.
Notons que les lieux ne se répétent pas. J'aurais pu choisir deux usines, deux cinémas, mais il n'y en a qu'un seul. Il y a encore des choses à décider, entre autres sur les caractères de ces fantômes. Possible qu'il y ait, à la fin, un chapitre de conclusion, lors d'une réunion festive des fantômes.
Le titre de travail du roman : L'amicale des fantômes du Trois-Rivières métropolitain.
1. chocoreve le 05-07-2019 à 23:40:48
Wahou un sacré chantier ! tu dois avoir hâte de tout mettre en branle ! Quelle aventure ce doit être ! ... quelle chance d'avoir ce dont ...
2. MarioB le 06-07-2019 à 00:23:38 (site)
Je suis content de ce que j'écris actuellement : Grand-Regard et la jeunesse, mais je sais que ce sera terminé en août ou septembre, d'où la préparation de ceci.
Je n'ai pas encore trouvé le nom du commerce vendant des pâtiseries et ma soeur ne s'en souvient pas non plus. Je connais un centre d'archives qui a sans doute des annuaires commerciaux des années 60 et j'y trouverai le nom,
Parfois, il arrive que je glisse un souvenir personnel dans un de mes romans. C'est le cas pour le passage de ce texte. Au cours de mon enfance, il y avait dans mon quartier un tout petit bureau de poste, tenu par deux femmes âgées et le lieu était quelque peu sinistre, étrange. Ces dames étaient très lentes pour répondre à la clientèle. Voici de quelle façon j'accorde ce souvenir à mon personnage Roméo.
Quand j’étais petit, notre bureau de poste du quartier Saint-Philippe me laissait une grande impression. Il était tenu par deux sœurs vieilles filles, une paire devant atteindre cent cinquante ans d’âge. L’une s’appelait Lucie et l’autre Lucille. Sur le mur, il y avait une photographie de leur père Lucien. Je ne tenais pas vraiment à connaître les autres noms des membres de cette famille…
Lucie marchait très lentement, mais elle avait l’air d’un lièvre en comparaison avec Lucille. Leur comptoir était au même étage que la cuisine de la maison. Quand j’entais pour le courrier, je savais ce que les sœurs avaient mangé au dernier repas. J’adorais me rendre porter les lettres de maman! Le modeste bureau de poste m’apparaissait mystérieux et envoûtant.
En poussant la grande porte qui craquait, j’entendais le drelin discret d’une clochette, accrochée aux rideaux gris. Les murs étaient d’un vert pâle repoussant. D’un côté trônait la photo du père, avec son air de statue, sa barbichette blanche et ses yeux enfoncés. Puis, de l’autre, un antique et énorme calendrier. La distance entre la porte et le comptoir était courte, mais ce trajet me semblait une éternité. Enfin arrivé, j’attendais patiemment, bercé par le tic-tac d’une horloge si vieille que je pensais qu’elle indiquait l’heure d’il y a cinquante ans. Alors, une autre porte craquait, poussée par Lucille, la plus lente. L’horloge camouflait à peine ses pas traînants, qui produisaient des shh! shh! shh! Arrivée de peine et de misère face à moi, elle demandait : « Oui?» J’adorais ces « Oui?», me donnant la chair de poule. « Ce sont des lettres pour envoyer à Montréal, mademoiselle Lucille. Il me faut deux timbres." Elle prenait les enveloppes entre ses mains osseuses, remontait le nez en entrouvrant la bouche et lisait les adresses.
« C’est pour Montréal, mon petit.
- Oui, mademoiselle.
- Deux timbres pour Montréal.
- Voilà ce que ma mère désire, mademoiselle. »
Elle déposait les enveloppes, restait de marbre dix secondes, puis ouvrait un grand tiroir qui craquait, comme tout ce qu’il y avait en ce lieu. Elle sortait une grande feuille de timbres, puis, méticuleusement, avec l’aide d’une règle, déchirait deux timbres avec précision. Alors, elle replaçait la feuille dans le tiroir, puis tirait sa vieille langue blanchie par trop d’hosties et humectait mes timbres.
« Vous désirez autre chose?
- Non, Mademoiselle.
- Désirez-vous un reçu? »
Je n’avais nullement besoin d’un reçu pour un si minime achat, mais je lui répondais par l’affirmative, pour la joie de faire prolonger le plaisir que sa lenteur me procurait. Après dix secondes de silence mortuaire, Lucille atteignait son carnet de reçus. Elle prenait trente autres secondes pour mettre la main sur l’encrier et vingt pour prendre sa plume. Une fois, - <ins> ô joie! - il n’y avait plus d’encre dans le bocal. Désemparée, Lucille avait tendu le cou pour regarder autour d’elle, avant de se retourner pour murmurer un cri d’alerte à sa sœur. Tic, tac l’horloge. Shh! shh! le bruit de ses pas. Côte à côte, elles discutaient de la situation. Lucie s’en retournait pour quérir un pot neuf et le rapporter à Lucille. Temps de l’opération? Environ sept minutes, pendant lesquelles Lucille ne me parlait même pas. Je n’entendais que le bruit de l’horloge, tout en recevant dans le dos le regard glacial de la photographie du père.
Lucille trempait sa plume avec prudence. Elle me demandait mon nom, même si je la visitais deux fois par semaine depuis cinq ans. Crrr! crrr! de faire la plume sur le papier. Trois minutes plus tard, elle prenait un gros tampon et imprimait vigoureusement – vraiment! – le sceau sur mon reçu. Ensuite, elle consacrait une minute à vérifier si tout était en ordre.
« Votre reçu. Deux timbres apposés. Deux lettres pour Montréal. Est-ce tout, petit garçon?
- Oui, mademoiselle.
- Ça vous fera deux sous. Les postes canadiennes n’acceptent pas le crédit. »
Je lui tendais ma pièce de dix sous. Elle reprenait sa plume pour calculer dix moins deux. Lucie, plus vive, savait cela par cœur. La manœuvre accomplie, elle faisait glisser un autre tiroir pour y pêcher huit sous, qu’elle me remettait un à un en comptant. Je disais merci et lui souhaitais une bonne journée. La porte franchie, je me penchais pour la voir s’en retourner à la cuisine à petits pas. De retour à la maison, ma mère, inquiète de ma longue absence, me demandait où j’avais perdu mon temps en sortant du bureau de poste. « Mais maman, j’étais au bureau de poste! »
1. johnmarcel le 29-06-2019 à 07:50:35 (site)
Des sous… comme en France ?
Dire sou pour centime…
Au Québec, sou pour cent…
2. Marioromans le 29-06-2019 à 08:04:39 (site)
Oui, des sous.
Il y avait des pièces de 1 sou (et qui n'existent plus), de 5, 10, 25 sous, 50 (disparues aussi).
100 sous = 1 doillar.
20 5 sous = 1 dollar
10 10 sous = 1 dollar
4 25 sous = 1 dollar
Cent est un mot anglais. Il a été franciscé comme 'cenne', mais demeure toujours un anglicisme. Ne se rencontre pas dans mes romans.
3. chocoreve le 29-06-2019 à 14:55:26
J'ai connu la même chose avec une dame qui tenait un bureau de tabac et qui enveloppait tout aussi lentement et soigneusement, les paquets de cigarettes, dans du papier krapht... avec mes frères nous faisions les courses pour nos parents, tous les dimanches en sortant de la messe !
Souvenirs souvenirs
4. Marioromans le 29-06-2019 à 18:11:51 (site)
Il y a longtemps de cela, et c'est fou comme je m'en souviens, comme je les entends, comme je revois ce petit lieu... Ne pas l'avoir écrit dans le roman ne m'aurait pas empêché de me souvenir.
5. Maritxan le 30-06-2019 à 15:52:52 (site)
Salut Mario !
J'ai bien aimé ton texte, j'ai même souri en arrivant à la dernière ligne « Mais maman, j’étais au bureau de poste ! ». Trop mignon comme réponse .
Bonne journée !
6. MarioMusique le 30-06-2019 à 18:43:59 (site)
Merci !
Il est normal que mes romans de la série Tremblay portent parfois la marque de mes études universitaires, car même au bacc, je préparais ce que je ferais à la maîtrise : l'histoire des salles de cinéma de Trois-Rivières.
Le Bijou est le premier ciné de la ville, ouvert en 1909 et fermé en 1913, devenu trop petit. La photo ci-haut est la seule qui existe du lieu. Le local est toujours en place, ayant gardé la même forme, et abritant une boucherie.
Nous sommes en 1910 et mon personnage Roméo, alors adolescent, parle avec ferveur de ses visites au Bijou. Un extrait de Petit Train.
Je raffole du tintamarre du théâtre Bijou, les applaudissements des spectateurs, la musique du petit orchestre et la voix puissante du conférencier, nous expliquant les séquences et les sentiments des personnages. J’adore voir sur cette scène les comédiens de vaudeville, les jongleurs et chanteurs, les magiciens et le dresseur de petits chiens. Il n’y a rien de plus vivant que le Bijou, me permettant de voyager sans quitter Trois-Rivières. J’ai pu voir sur l’écran des gens d’autres pays, ainsi que leurs coutumes, comme ces hommes de l’Ouest américain, peu recommandables parce qu’ils passent leur temps à tirer du pistolet. Céline croit que c’est épouvantable, que les États-Unis ne sont pas un pays à visiter, avec tout ce danger.Je souris et lui explique qu’il s’agit sans doute d’un trucage. J’ai aussi vu des lions, des éléphants et des hommes à la peau noire. Les Arabes! Les Chinois! La grande ville de Paris! Londres et New York! Souvent, les vues nous font rire jusqu’à étouffement car les acteurs se donnent des coups de pied au derrière et se lancent des tartes à la crème à la figure. Peut-on imaginer si je me mettais à projeter des tartes à tout le monde? Les policiers me jetteraient en prison. Dans les vues animées, c’est permis. Quand je sors du Bijou, je n’ai plus de tracas car le spectacle m’a transporté ailleurs, le temps d’une heure. Ma mère n’aime pas ce genre de distractions, pas plus que Louise. De son côté, mon père ne se fait pas prier pour partager ces joies avec Jeanne, riant sans cesse devant les images ou tremblant de terreur en voyant des animaux féroces. Pour la consoler, je la serre contre moi et lui promet une friandise. En rentrant à la maison, la belle dessine tout ce qu’elle a vu au Bijou.
1. chocoreve le 21-06-2019 à 08:49:17
L espace d un instant j étais au cinéma bijou avec Roméo et Jeanne.
2. MarioMusique le 21-06-2019 à 18:52:21 (site)
C'était une petite salle de 200 places. Le Bijou a fermé ses portes parce que le propriétaire a ouvert un lieu plus vaste, à quelques pas.
Pendant longtemps, le local a été occupé par un casse-croûte. Aujourd'hui, quand je regarde à l'intérieur de cette boucherie, je vois encore la forme allongée que pouvait avoir un cinéma.
Commentaires
1. Fanny39 le 16-07-2019 à 11:16:31 (site)
Merci pour ce conseil de lecture pour l'été
2. Marioroman le 16-07-2019 à 18:23:35 (site)
C'est aussi bon le printemps, l'automne et l'hiver