Mario Bergeron, romancier du Québec

posté le 15-01-2020 à 10:36:46

Le poète minable

 

 

Nous sommes en 1949, au début d'une nuit de septembre, moment idéal pour qu'un poète raté se manifeste. Un extrait de Une journée, une rue, cent personnages.

 

 

         Il se penche vers la feuille, posée sur le bois de son secrétaire. « L’angoisse de la page blanche! » Le thème du poème à créer est choisi depuis longtemps : l’automne. Après son poème sur l’hiver, un autre sur le printemps et un troisième à propos de l’été, celui sur l’automne allait de soi. L’homme à lunettes se frotte les yeux, penche la tête vers l’arrière, se plaignant en secret : « Inspiration! Inspiration! Quelle angoisse d’être poète! Je vais tout de même écrire le titre de l’œuvre et ainsi, ma page sera moins blanche. » Il ricane, plonge la plume dans l’encrier et, avec le plus grand soin, trace sévèrement chaque lettre.         

Le geste accompli, il se lève, essuie ses lunettes avec sa cravate, puis va à la cuisine pour chercher un verre d’eau, avant de retourner vers sa page, avec le titre parfaitement tracé au milieu. Il prend la plume et écrit le premier mot du futur poème : « L’automne… » Logique! Le poème sur l’été commençait par : « L’été… »         

« Quatre autres poèmes et j’aurai atteint la cinquantaine, nombre suffisant pour mon futur recueil. Les éditeurs seront étonnés. Ils vont se chamailler entre eux pour savoir qui me publiera. Au plus offrant mon génie, messieurs! Une étoile va naître! Je m’y prépare depuis tant d’années. J’ai trois maisons d’éditions en vue. Les plus importantes. Un tel talent doit débuter par le sommet. L’aveugle qui refusera mon œuvre s’en mordra les pouces pendant longtemps. »        

Il reporte son regard vers la feuille, sent des sueurs froides perler sur son front, ose même dénouer sa cravate. Puis, il a comme une illumination et se presse de coller le second mot au premier : « M’étonne. » Souriant, il frappe le bois du secrétaire, se presse de retourner à la cuisine pour un autre verre. Il arrête à la salle de bains, se passe de l’eau dans le visage et raconte à son miroir : « L’automne m’étonne. Quel bon début, pour un poème! Du pur génie! Étonner est le dernier mot que le public attendra. Les saisons ravissent, mais dire qu’une d’entre elle étonne devient d’une profonde nouveauté. Car il n’y a rien d’étonnant, dans une saison! Les vrais poètes peuvent se permettre une telle fantaisie. Je possède un don. Je le sais depuis toujours, même si j’arrive à me surprendre moi-même. L’inspiration est une muse puissante. Vite! Il faut poursuivre tout de suite! L’automne m’étonne… Ah! »         L’automne l’étonne, mais pour quelle raison? Le jeune poète réfléchit, pense qu’il faut éviter les clichés des compétiteurs, qui, inévitablement, parleraient de feuilles qui tombent, des coloris. La seconde phrase doit être à la hauteur de la première et provoquer autant de surprises. Quelle angoisse pour cette deuxième phrase! « La souffrance! La souffrance du poète! Elle ne me quittera donc jamais? Je me souviendrai toujours des cinq mois nécessaires pour mon poème sur les champs de blés. J’en perdais l’appétit, le sommeil. Je pleurais, j’avais mal à la tête et rien d’autre n’habitait mon âme que le poème. Le reste de l’univers n’existait plus. Mais quel résultat! Phénoménal! Quand l’éditeur va lire ce sommet, il laissera tout de suite tomber la feuille pour convoquer ses collaborateurs à une réunion d’urgence, alors que sa secrétaire tapera le contrat qu’il viendra me porter lui-même. Ce jour est proche! Mon jour! En attendant, j’ai ce nouveau défi… L’automne m’étonne… » 


Quelques minutes passent, insoutenables, pendant lesquelles le jeune homme doit de nouveau s’éponger le front, se frotter les yeux, se gratter le cuir chevelu, jusqu’à une autre illumination : « Sa chaleur m’épate… » Triomphant, le poète crie sa joie, se frappe les genoux vigoureusement avec la paume de ses mains et, bras aux cieux, parcourt le couloir de long en large cinq fois, avant de s’écraser dans le fauteuil du salon, hors de souffle, heureux, transi.         

« Alors là… Le génie vient de s’exprimer au-delà de tout. Quand ils vont lire ça! Quand ils vont lire ça! Dès la seconde ligne : ce qui est impossible. Et deux fois! Parler de la chaleur en été : oui! Mais parler de la chaleur de l’automne : tant surprenant, puissant! Les lecteurs avertis sauront lire entre les lignes que je ne parle pas seulement de température, mais de bienveillance. Et puis, utiliser le verbe épater. En poésie! Quelle audace! Est-ce possible? Avec moi : oui! De la modernité, que diable! La moitié du vingtième sera bientôt à notre porte, après tout. Quand j’y pense! Épater! La critique sera en pâmoison, c’est certain. Oui, mais… la suite… J’ai chaud. Trop de spasmes créatifs. Un peu d’air me fera le plus grand bien. »        

Rapidement, à pas saccadés, l’homme se rend sur le trottoir. La douceur de la nuit, le calme, tout le berce. Il tend les mains en chante : « Poésie… Poésie… Ma vie… Ô nuit! Ô noire! Écoute, nuit : L’automne m’étonne, sa chaleur m’épate… » La nuit l’applaudit, pendant qu’il se penche pour la remercier. Heureux, il envoie des bises, puis se sent ému en constatant que les étoiles lui font des clins d’œil.  En rentrant, il se presse pour boire un autre verre d’eau. « La suite… La suite… Voilà que l’angoisse et la souffrance m’étourdissent à nouveau… La suite doit être à la hauteur du début. » Il tourne sur lui-même, décoiffé, cherchant le prochain mot, jusqu’à ce qu’il entende un talon frapper le plancher du second étage.         

« La jeune épouse…. L’ai-je réveillée? Je m’en voudrais… Oui, au fond, il vaut mieux se mettre au lit que de souffrir tant pour que la suite surgisse de mon esprit bouillant de poésie. Puis, après tout, je travaille demain dès dix heures. Quand j’y pense : moi, livreur à bicyclette pour une épicerie! Un poète de mon envergure! Mes futurs biographes seront sidérés! Vite! Au lit! Je te reviendrai la nuit prochaine, ô muse! Pourrais-je dormir, après tant d’émotions? Je… Oh! oui, madame... »

 

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posté le 05-01-2020 à 15:53:02

Le petit homme

 

 

Honoré Tremblay est un personnage qui n'apparaît qu'une seule fois dans ma série. Dans la seconde partie de Perles et Chapelet, se déroulant lors de la grande dépression des années 30. Je cherchais à créer un personnage à l'image de cette crise et l'idée m'est venue de m'inspirer des poèmes joual et misérables de Jean Narrache.

Honoré est analphabète, ouvrier sans qualifications, n'ayant d'ailleurs pas le physique d'un homme d'usine, car il est tout petit. Un catholique convaincu et la religion dirige sa vie. De plus, il est malchanceux. Quand Honoré s'installe dans une filée pour travailler une journée, il est le dernier, celui toujours refusé. De plus, il a un curieux tic : il répète la fin de ses phrases. Voici la rencontre entre la vieille fille Louise et le vieux garçon Honoré.

 

 

 

«Si c’est pas épouvantable de gaspiller d’l’argent de même pour des affaires comme ça, alors qu’y a du pauv’ monde qui crève de faim. Oui, qui crève de faim.»


Louise regarde quelques furtives secondes le client qui vient de passer cette remarque. À bien y penser, il a tout à fait raison, mais, d’un autre côté, cet argent est le bienvenu. Il y a des journées entières que mademoiselle passe derrière son comptoir sans vendre pour trois dollars.

 

« En tout cas, madame, il est bon, vot’ café d’la crise. Oui, il est bon.

- Il s’agit de notre café régulier, monsieur. Je suis heureuse qu’il soit à votre convenance.

- J’veux dire par là que deux tasses pour cinq cennes, c’t’un prix de générosité. Ça laisse p’t’être deviner que vot’ restaurant a moins d’clients qu’avant. Oui, moins d’clients. »

 

Que dire à un étranger qui vient de donner son cinq sous et qui, selon Louise, ne se mêle pas de ses affaires? Qu’il a tort et ainsi le chasser? Mademoiselle esquisse un bref sourire et offre une autre tournée. L’homme dit non de la main.

 

« En fait, j’n’ai pas d’aut’ cinq cennes, madame. J’vais aller coucher chez vot’ curé. L’église est proche?

- Oui, tout près d’ici. Je vais vous indiquer le chemin. 

- L’prix du billet pour l’train, c’est à peu près tout c’qu’il m’restait. Ça va aller mieux demain. Y a plein d’usines dans vot’ belle ville. J’vais trouver de l’ouvrage, c’est certain. Oui, certain. »

 

 

Un autre miséreux. Quelqu’un dans son patelin a dû lui donner de faux espoirs en lui vantant la situation du Trois-Rivières de jadis. L’homme se lève en saluant très poliment Louise.


«Que l’bon Dieu vous protège, madame. Vous êtes une personne très généreuse. Oui, généreuse.» Louise se rend compte alors que ce client est tout petit, que ses pieds ne devaient pas toucher le plancher quand installé sur son tabouret. Il remet son chapeau rond et part avec une minuscule valise dans sa main droite. Louise imagine mal qu’un tel bout d’homme puisse être un ouvrier d’usine. Il ressemble plutôt à un commis voyageur vendant des cartes de souhaits.

 

Il revient le lendemain matin à la première heure. Voilà certes deux mois que Louise n’avait pas eu un client à l’ouverture. Il pousse la porte, marche à pas menus, s’immobilise pour saluer Louise en soulevant son couvre-chef, puis s’installe au même banc que la veille.

 

« Vot’ vicaire est bien bon. Il m’a hébergé et m’a donné un beau vingt-cinq cennes. J’lui ai offert de travailler pour rembourser. Oui, rembourser.

- C’est très poli de votre part, monsieur.

- Vous avez aussi une belle église. Elle est très grosse pour une église de paroisse. L’bon Dieu doit se sentir heureux d’habiter une aussi belle maison. Oui, une aussi belle maison.

- Les paroissiens de Notre-Dame-des-Sept-Allégresses se montrent, en effet, très fiers de leur temple.

- M’sieur l’curé m’a offert l’déjeuner, mais c’était trop d’bonté. J’vais m’contenter de vot’ si bon café, madame. Il est toujours à deux pour cinq cennes? Pour cinq cennes?

- Pourquoi répétez-vous toujours deux fois les derniers mots de vos phrases?

- Pardonnez-moi? »

 

Quelle sotte! Louise met une main devant sa bouche pour cacher son embarras. Cette impolitesse! Une question malhabile! Elle qui a l’habitude de se montrer très discrète envers les clients et leurs tics. Le petit homme ne semble pas avoir entendu sa remarque. Il prend sa tasse, fait son signe de croix avant la première gorgée. Louise marche vers la fenêtre pour cacher sa confusion. De plus, elle ne veut pas le déranger. Elle l’entend soupirer : «C’t’un beau restaurant. Oui, un beau.» Louise marmonne une prière pour calmer son embarras.

 

« Y a un crucifix, une statue de la Vierge et un cadre du Sacré-Cœur. C’n’est pas tous les restaurants qui respectent la religion. Oui, respecter.

- Monsieur le curé vient bénir le Petit Train une fois par année. Je suis fière de dire que c’est un endroit propre et très respectable.

- C’est le nom? Le Petit Train?

- Oui, parce que situé face à la gare.

 - Une bonne idée. Félicitez vot’ mari. Oui, le féliciter. »

Honoré ne quittera pas Trois-Rivières, vivra cent misères, tout en s'attachant à Louise. Le sentiment sera réciproque, mais l'homme et la femme prendront deux années avant de se dire qu'ils sont amoureux.

Les deux sont attirés par la solution à la crise du gouvernement du Québec : la colonisation de l'Abitibi. Un mariage est prévu, mais Louise fera un volte-face surprenant : poursuivre le rêve de son enfance et devenir maîtresse d'école. À plus de quarante ans, elle retournera à l'école des Ursulines et deviendra religieuse.

En épilogue, j'indique qu'Honoré est parti seul pour l'Abitibi et ne sera pas cultivateur, mais employé de la mine de Val d'Or. Malchanceux. il a raté le remonte pente à la fin d'une journée travail et personne n'a remarqué son absence. Il est mort dans le fond de la mine.

 

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posté le 30-12-2019 à 11:16:34

Roman documenté

 

 

 

À mon entrée à l'université, 1993, je suis devenu fou amoureux des microfilms d'anciens journaux, y trouvant des tranches de vie sociale comme rarement les historiens en ont présenté. À ce moment, je préparais le roman qui deviendra la seconde partie de Perles et chapelet et qui portait alors le titre de Mademoiselle et le petit homme. Le personnage principal était Louise Tremblay, célibataire malgré elle, s'occupant tant bien que mal du restaurant familial le Petit Train. L'époque : la grande dépression des années 30. Alors, hop, aux microfilms pour mettre la main sur tout ce qui était intéressant relativement à ce moment d'Histoire. J'en ai tant trouvé que ces extraits de journaux sont devenus le squelette, le plan de ce que sera le roman. Approche que des critiques ont jugée originale : ce qui sépare les chapitres sont des extraits du journal local. Voici un exemple.

 

 

 

 

 

En se couchant, ce soir-là, Louise sursaute, effrayée par des petits bruits et des murmures venant de la rue. S’emparant immédiatement de son chapelet, elle avance prudemment vers le coin de sa fenêtre et voit des gamins dévalisant ses déchets. Ils ne demeurent pas assez longtemps pour qu’elle puisse téléphoner aux policiers. Louise se recouche mais tarde à s’endormir. Et si les gens du quartier préfèrent quêter et fouiller ses poubelles au lieu de venir au restaurant? Et si cette histoire de crise était vraie? 




«Malgré qu’elle ait diminué d’intensité, la crise du travail est loin d’être disparue en notre ville», nous déclarait hier M. Émile Thellier, organisateur des Syndicats catholiques et nationaux. «Nous recevons encore chaque jour des demandes d’emploi qui s’élèvent parfois à plus d’une vingtaine. Nous avons réussi à trouver du travail pour une majeure partie des membres de nos Unions, mais il en reste cependant un certain nombre qui sont encore sans ouvrage.


Un simple fait qui peut réaliser toute l’étendue du chômage, c’est qu’il y a actuellement 900 demandes de travail pour les nouveaux quais. C’est dire que les chômeurs, à l’heure actuelle, dépassent certainement le millier à Trois-Rivières. Cependant, l’activité croissante pour la construction de l’aile du séminaire et de l’orphelinat Saint-Dominique, ainsi qu’aux nouveaux quais, laisse prévoir que, d’ici peu, le nombre de sans-travail en notre ville sera considérablement réduit.» 

 

 

 

Le Nouvelliste, 1er mai 1930.

 

L’été arrive comme tous les autres. Louise a horreur de cette saison, car les gens ne viennent jamais au restaurant. De plus, les enfants crient, les jeunesses s’excitent et des femmes – certaines femmes – se parent comme des etc, etc.

 


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1. ANAFLORE  le 31-12-2019 à 06:06:06  (site)

Bravo pour la photo du jour
Belle écrit

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posté le 14-12-2019 à 04:48:30

Une petite fantôme

 

 

Voici un chapitre complet du roman que je suis en train de créer. Son titre : L'amicale des fantômes du Trois-Rivières métropolitain. Rappel : Après la mort, Roger et Annette (et non pas Dieu...) permettent aux trépassés les plus méritants de revivre chaque nuit, en qualité d'esprit, les moments des plus grands bonheurs de leurs vies sur Terre.

Le plus jeune de mes fantômes est une petite fille de quatre ans, prénommée Mimi et ayant vécu ses plus beaux instants sur Terre en 1971. Chapitre complet, donc. Dix de mes pages manuscrites. Un peu long, peut-être, mais cela devrait vous amuser et, en toute logique, la finale va vous vous faire pleurer.

 

 

 

 

         Bonjour! Je suis une fantôme! Je vis pour toujours des moments de bonheur. Dans mon cas, c’était facile à révéler au bon Roger et à la sainte Annette : avec ma maman, quand nous nous rendions au grand magasin Laurentien, du Cap-de-la-Madeleine. Oh, j’aimais aussi mon papa la moustache, ainsi que mon vieux frère de huit ans. Mais pour une petite fille de quatre ans, il n’y a rien de mieux qu’une maman. Sa mère s’appelait Mireille et c’est en son honneur qu’on m’a baptisée Mimi. Mireille était ma mère-grand, mais pas comme dans les contes de fée. Elle parcourait la ville à bicyclette en chantant Elvis Presser.   


      Maman était la plus belle, la plus gentille, la plus plus. Elle me racontait des histoires d’un beau livre illustré avec des lapins, des fleurs et une princesse. Elle lisait tout le temps des gros bouquins sans dessins. Papa, pour sa part, écrivait des mots pour les sports d’un journal et il me faisait rire en tapant sur une machine sans regarder les boutons. Des histoires comme  2-0, 5-3, 10-7 et match nul. J’ai grandi avec les mots, si bien que même en ne fréquentant pas encore l’école, je pouvais écrire Mimi. Pas compliqué, mon prénom. Maman s’appellait Élizabeth. Vraiment plus compliqué. Papa? Paul! P-A-U-L   J’ai dix doigts et je peux les écrire : 1, 2, 3, 4, etc. En fréquentant l’école, la maîtresse dira que je suis savante, pour mon âge. Je lui apporterai une pomme pour mettre sur son bureau. Mon année pour le bonheur, c’est 1971. Mile n’œuf sang soizante et once.

 

          Mon bonheur aurait pu être à la maison, avec mes parents et le vieux. Non. Oh, j’y ai été heureuse, surtout à Noël et le jour de ma fête de l’anniversaire de naissance. Puis il y avait une piscine pour moi seule, dans la cour. Pas une grosse : une petite pour une petite fille. Le vrai bonheur : partir avec maman pour nous rendre chez Laurentien.   


      Laurentien est grand parce qu’il a deux étages  Au premier, c’est pour les madames et les monsieurs qui veulent des bottes, du linge, une cravate et des affaires de ce genre. Il y a aussi des disques et des crayons pour grands, différentes choses. Pour les caisses afin de payer :  deux anciennes fillettes : Annette et Chose. Oui, pareil comme toi, Annette! Elle est très gentille. « Bonjour, madame Francoeur. Allo, Mimi. » Alors, je rougis et je cache ma bouche avec mes mains. 


        Au deuxième étage, on voyait toutes sortes de machins pas importants, sauf les jouets. Oh, que c’est beau! Oh, que c’est drôle! Bien sûr, il y en a dans tous les magasins, mais chez Laurentien, c’est différent et mon papa m’a expliqué pourquoi. Le patron de Laurentien a signé une entente exclusive avec le père Noël et tous les jouets sont fabriqués au pôle nord, par les lutins de l’homme le plus important du monde entier. Maman ne m’en achète pas tout le temps, sinon la maison serait trop pleine. Par contre, les cahiers à colorier, je peux en avoir à volonté. Ce n’est pas coûteux et j’ai toujours le crayon à la main, surtout le rouge.  


        Voilà les jours les plus heureux et Roger et Annette sont gentils de me permettre de les revivre, et même d’en inventer, à condition que ça demeure dans le local de Laurentien. J’invite parfois d’autres filles fantômes et on s’amuse follement. Le jour, je vais du côté de notre maison pour revoir maman, même si ça me donne le goût de pleurer des larmes de invisibles.  Papa aussi, qui n’écrit plus des sports dans le journal et marche avec une canne, Je vais vous donner un exemple de ce que je fais. Nuit! Nuit! Nuit reviens!        

Je suis en train de jouer avec ma Barbie quand maman entre dans ma chambre pour me demander si j’aimerais l’accompagner pour des commissions chez Laurentien. Ouiiiiiii ! Je bondis et je danse le gogo! Elle me dit qu’une fille doit être vêtue proprement pour une telle sortie. Ma robe rouge sera parfaite, celle avec des petits oursons tout en bas.

 

          Nous sortons pour attendre l’autobus Cap St-Odilon, qui nous mènera au terminus de la rue Fusey. J’aime bien voyager dans ce véhicule car tout le monde regarde et pense : « Est donc cute, c’t’e p’tite là! » De plus, les enfants ne paient pas. Il faut être grande, pour débourser. L’enfance est un moment économique. Cette phrase n’a pas été dite par moi au monsieur qui écrit mon témoignage, parce que je ne sais pas ce que ça veut dire. Il a voulu faire son savant.  Le chauffeur porte une jolie casquette et semble content de me revoir. Ça, c’est de moi.  


       Il y a plein de gens, dans l’autobus. Des personnes de tous les âges, dont un curé qui lit un livre, sans doute un roman avec des saints. La plupart s’en vont vers les magasins de Trois-Rivières, alors que le meilleur d’entre tous se situe au Cap. J’espère que cette fois, maman va m’acheter un jouet. Par contre, j’aime bien le reste de Laurentien parce que tout le monde me sourit et quand maman touche des vêtements, elle me donne des frissons de bras.

 

         D’accord, maman : regarde et touche. Mais pas pendant une demi-heure! Pire que tout, elle n’achète rien et recommence dans la rangée suivante où, malheur, elle rencontre une ancienne compagne de l’école et elles se croient obligées de résumer les dix dernières années de leurs vies. Les jouets! Les jouets! Au deuxième étage. Par là! Jouets! Et… quoi? Les disques? Peuh! C’est de l’argent qui ne servira pas aux joujoux. « Regarde Mimi. Gilles Vigneault. On ne l’a pas, celui-là. Papa sera content. C’est là-dessus que Vigneault chante en riant parce que tout le monde est malheureux. Je vais le prendre! »

 

         Bon, voilà des pyjamas de bébé, maintenant. Pourquoi? Est-ce qu’elle en a un dans le ventre et qu’elle ne me l’a pas dit? À moins que ça lui rappelle des souvenirs. « Je suis toujours ton bébé, maman, et les bébés, ça aime les jouets. » Par là-bas… Au deuxième. Enfin, dans la bonne direction! Noooon! Ne pas arrêter pour regarder des niaiseries comme des piles pour la lampe de poche! 


        Enfin, nous y voici! La différence avec les autres magasins est que Laurentien va à l’essentiel : pas besoin de montrer cent poupées. Les dix plus belles suffisent, surtout qu’elles sont approuvées par le père Noël. Oh, comme elles sont mignonnes! Puis les autos qui sourient, le jeu pour apprendre à compter, un extraordinaire singe de peluche et un oiseau qui fait pit pit quand on pèse sur son ventre. « Je veux tout, maman! » Il semble que l’achat du disque du gars qui rit l’ait ruinée… « Choisis des petites choses, Mimi. » Des billes! C’est si amusant, sauf la fois où mon frère avait marché sur l’une d’entre elles… Il y a aussi un beau crayon avec une plume au bout. Un crayon pour chatouiller sous les bras. Mais comme j’hésite entre toutes ses splendeurs, je décide de me montrer logique : c’est le début de l’été et pour jouer dans le sable, rien de mieux qu’un seau avec une pelle.

 

           « Très bien, ma fille. Papa projette de nous emmener à la plage du Lac-à- la-Tortue et tu pourras te servir de ceci. » Une tortue dans un lac? Oh, je veux bien voir ça de près. J’ai déjà eu une tortue, mais mon ours de peluche Idéfix l’avait mangé. Maman me laisse regarder un peu plus et je dévore des yeux le singe de peluche, le gardant pour un futur achat, quand maman n’aura pas gaspillé ses sous pour du linge ou pour un stupide disque.

 

         Maman regarde aussi les jouets. Elle les touche, elle! Notre panier plein, nous passons par le comptoir de la caissière. Madame Annette est absente. À sa place, il y a une adolescente. Voilà mon futur métier : caissière chez Laurentien! Il ne pourra en exister un meilleur!          Avant de reprendre l’autobus, nous arrêtons au Carrousel, où madame Fiset me sourit et me donne un bonbon, après avoir dit à maman qu’elle sert des vraies de vraies frites. À cette heure, je n’ai pas droit à une crème glacée, mais à un verre de limonade rouge, alors que maman boit du café brun. Quelle belle journée! Je vais tout raconter à papa et il sera content.

 

         Je possède beaucoup de jouets, dont la bicyclette de mon frère. Papa a ajouté deux petites roues derrière, parce qu’il semble que je sois trop petite et qu’avec seulement deux roues, je vais me casser le menton. J’ai une maison de poupées, une cuisinière en plastique bleu avec des fleurs jaunes dessus, puis une table de cuisine. Celle-ci ne sert qu’aux poupées, parce que trop menue pour des vrais enfants. J’ai aussi des jeux instructifs, un ours de peluche qui s’appelle Milou, des livres avec des beaux dessins et un camion de pompier avec une clochette. Mais oui, une fille peut maintenant s’amuser avec des jouets de garçons à cause de la libération du soutien-gorge. Cependant, je n’ai jamais vu mon  frère bercer une poupée.

 

          Les enfants sont nés pour jouer. Malheureusement, il n’y en a pas beaucoup de mon âge, dans mon quartier. C’est pourquoi j’ai si hâte de fréquenter l’école car des filles de ma bande, il y en aura trop dans ma classe et que je pourrai choisir. J’aime aussi chanter des airs folkloriques comme Dans ma camaro, j’irai sur les chemins d’été, là là lère. Mon frère a une belle guitare et arrive à jouer quelques succès de la radio de CKTR.  

        À la maison, j’ai une belle chambre pour moi seule, avec un bureau blanc sur lequel maman a collé des petits visages pas de nez, mais qui sourient et ont des yeux amusants. Mon lit est confortable et c’est aussi l’opinion de Philomène, une poupée très vieille qui a appartenu à mamie Mireille et qui passe ses journées entières sur le lit, y travaillant comme décoration. Je garde tout propre, avec le chiffon, aussi le balai, même si maman prétend que je ne connais pas les coins. J’aime l’aider à faire le ménage et quand papa tond la pelouse, c’est moi qui la dépose dans un sac. Maman passe le balai en chantant, tandis que papa s’occupe de l’aspirateur en chantant aussi, mais je ne reconnais pas la chanson car sa machine mène trop de bruit.         J’aime quand maman se maquille. Quand je serai grande, en plus d’être caissière chez Laurentien, j’exercerai un second métier : être belle. Je connaîtrai tout du rouge aux lèvres et du fond éteint. Je rencontrerai un joli gars et je ferai de maman une mamie d’un magnifique bébé fille qui s’appellera Laurentienne. Ce sera une vraie de vraie  vie magnifique! Avec mon enfant, je monterai au second étage de vous-savez-où et je lui dirai : « Regarde et touche. »

 

         Comme le monsieur avec des lunettes l’a écrit parce que je lui ai dit, il existe d’autres petits fantômes au Cap et à Trois-Rivières. Il y a un gars qui revit sans cesse à la Maison des Jouets de la rue Saint-Olivier, un autre qui fréquente l’école de La Salle et joue au hockey. Il y a une fille qui passe ses nuits sur les genoux du père Noël – quelle chanceuse! – et une autre qui est morte à cent-deux ans, mais qui, pour l’éternité, a mon âge pour bercer une poupée.

 

         Ma plus grande amie petite est Hortense, qui vit dans le département des jouets chez Fortin en 1897. Je m’y suis rendue souvent et les joujoux de ce temps lointain étaient différents, mais apportaient beaucoup de joie aux enfants. À sa première visite chez Laurentien, elle a eu peur en voyant une petite auto. Par contre, j’ai bien aimé la voiture tirée par un cheval magnifique, tout en bois verni.

 

          « Bou! Salut, Hortense! T’aurais le goût de jouer avec moi la nuit prochaine? Oui? Nous aurone beaucoup de plaisir! » En premier lieu, elle a été surprise par la forme de mon poêle en plastique, mais cela n’a pas duré longtemps. Cette fois, on va jouer au mariage. Je fais le gars et je travaille pour la ville du Cap pour boucher les trous dans les rues et pendant ce temps, ma belle épouse me prépare à souper. Voilà mon magnifique camion de réparateur. Vroom! Vroom! Oh, un trou dans la rue Fusey? Inadmissible!

 

          Hortense aime bien les couteaux, les fourchettes et la vaisselle, à cause des couleurs vives. Une fourchette rose, c’est impossible, mais chez les enfants, cela existe. Elle a décidé de me préparer un ragoût aux cerises. Je me régale en y pensant. Elle chante en agitant une cuillère (verte) dans un beau chaudron décoré de marguerites. Hein?  Un autre trou? Ah, quelle journée, mais quelle journée! Vite, la douceur du foyer, près de ma chère épouse! 


        « Mon bon mari, notre nouveau bébé a eu mal aux dents et a beaucoup pleuré. » Je m’en occupe et…où est-il? Ah oui, je me souviens : près de la petite vache en peluche, dans la rangée près de la fenêtre. Guili mon petit z’enfant, papa ne fera pas bobo. Il faut aider les mères, tel est le devoir d’un bon père. Je le berce, alors que mon épouse, qui a mal à la tête, avale une aspirine aux fraises.          Hortense m’annonce qu’elle désire quarante-trois poupons. C’est le nombre offert par Laurentien. Quel bonheur, que la vie familiale! Tu dis? Notre cheval a mal à une patte? J’y vois immédiatement. Petit, petit, viens vers moi. Ah, je comprends : il a une étiquette de prix collée sous un sabot! La nuit passe si rapidement et Hortense et moi connaissons le grand avantage d’être fantôme : pas besoin de remettre les jouets sur les tablettes, car ni Fortin ni Laurentien n’existent dans la réalité des vivants.  


        Au cours de mon autre vie, j’étais une petite fille obéissante et sage et… enfin… parfois! Mes parents aimaient beaucoup les sorties pour nous faire plaisir. Visiter un zoo pour manger du chocolat, un voyage au parc d’amusement La Ronde, de Montréal, pour boire de la limonade, puis l’Expo annuelle de Trois-Rivières pour se délecter de barbe à papa, même s’il porte surtout la moustache. On peut y voir des vrais chevaux et des véritables vaches, puis monter dans les affaires qui tournent et font ding dong, sans oublier le manège à zong zong zong. Comme papa travaille pour les sports, je me suis rendue voir Rusty et les Expos au parc Jarry, et j’ai agité un joli fanion. Que dire du patin libre à l’aréna Jean-Guy Talbot? J’ai aussi joué au mini-putt du parc Des Chenaux. L’étape numéro 8 était très difficile… 


        Maman est davantage culturelle : le cinéma une fois par mois, pour voir un film avec Yogi le Nounours, puis des festivals, des parades. Je n’ai pas le temps de m’ennuyer! Maman raffole de me raconter des histoires du genre fables Fontaine. J’ai tant hâte de fréquenter l’école pour lire mes propres livres, bien que je sens que je vais peut-être m’ennuyer de la voix de ma mère. Excusez-moi, car une autre nuit arrive.  


       Toi, tu es gentille! Bonjour, Claudette! Tu vas bien, Danielle? Comme tu es de bonne humeur, Nicole! Saluez Diane, notre nouvelle pensionnaire. « BONJOUR, DIANE! » Très bien, mes enfants! Je vais vous préparer une bonne collation avec mes beaux ustensiles de cuisine qui… qui… (C’est fermé solidement, ce sac…) Des bonnes tartines. « OUI, OUI, MADAME MIMI! » Dans des belles assiettes avec un Mickey la Souris dans le fond. « OUI, IL EST COMIQUE, LUI! DONALD AUSSI! » En attendant, chantez la pièce de folklore que je vous ai enseignée. « COMME J’AI TOUJOURS ENVIE D’AIMER, COMME J’AI TOUJOURS ENVIE DE TOI, Ô TOI QUE J’AIME TRA LA LA LÈRE! »

 

          Voilà votre goûter. Avec du beurre d’arachide pour Diane, des confitures aux bleuets pour Nicole, du chocolat pour Claudette. Danielle? Rien dessus? Comme tu voudras. Miam que ce sera bon, mes gentilles filles! « M  + M + M = MIAM MAMAN MIMI! »   Oh, Claudette, tu as du chocolat autour des lèvres. Je vais te nettoyer. Après cette collation, mes filles vont sauter à la corde dans la cour, avant de regarder Bobino à la télévision, puis elles m’aident à la cuisine, tout en chantant.

 

          Ah, quelle journée! C’est fatiguant, mais quand on aime son métier, cela devient très satisfaisant. Maintenant qu’elles dorment, je vais relaxer au lit en regardant les images d’un livre de Tintin le Gaulois. C’est l’histoire d’un petit éléphant rose perdu dans la forêt et sa maman, inquiète, téléphone Tintin pour le retrouver avant que le grand méchant loup ne  le… Quoi? Qu’est-ce que j’entends? Une petite qui pleure! Sûrement Diane qui n’a pas digéré sa crème glacée à la pistache verte. Mon devoir avant tout! « OUIN OUIN OUIN! » Pauvre enfant! Je vais courir chercher ma trousse d’infirmière, dans la rangée où il y a aussi des autos à piles. Voilà! Où est ma coiffe de garde-malade de la Croix-Orange? Où? Je ne peux pas sans ma coiffe et… « OUIN OUIN OUIN! » Qu’importe, j’arrive, pauvre gentille orpheline! Exact : une indigestion de vert qui lui donne mal au tibia du thorax. Heureusement que dans ma trousse, j’ai des pilules à la vanille idéales pour ce genre de bobo. Avale, jolie Diane. « GLOUP GLOUP. » Ça va mieux? « AAAAA… » Que je te chante une berceuse? Bien sûr. Oh… la nuit achève. On continuera demain, mes amies. « OUIIIIII! »  

         Le jour, je fais comme les autres et je vois ce que le monde est devenu. C’est parfois drôle, mais d’autres fois effrayant. Triste aussi, car chez maman, je… Je ne dois plus le faire et des larmes de fantôme, c’est aussi crève cœur que celles d’une fille vivante. J’aime regarder les enfants qui donnent des coups de pieds sur un ballon pendant leur récréation puis quand ils sautillent sur le trottoir en attendant l’autobus jaune. J’évite la rue Fusey, qui fait tant pitié… Le beau local de Laurentien en a vu de toutes les couleurs : un magasin vendant du papier et des rubans de machine à écrire, un dépanneur, un autre, puis le vide… Au second étage, là où il y avait les jouets, se trouve un logement. Tant mieux si cela peut servir à quelqu’un. Puis en face, le local du monsieur qui vendait du vrai chocolat est devenu un dépanneur. Il y a beaucoup de dépanneurs. Ça dépanne des gens,  j’imagine. J’ai alors tant hâte à la nuit suivante!

 

         « Samedi, ce sera l’anniversaire de naissance de ta grand-maman Mireille. Tu vas lui acheter un beau cadeau et une carte de souhaits que tu vas choisir toi-même. On va aller chercher ça chez Laurentien. » Oh oui, tant oui! Cap St-Odilon, madame patate frite Fiset et hop : le Paradis!

 

          Je choisis la carte tout de suite, celle avec des angelots. Maman me traine par la main vers le comptoir avec de la poudre, du maquillage et un ensemble pour mettre dans une sacoche. Aucun intérêt! Je sais quoi lui offrir. Nous voilà parmi les jouets et je pointe un chat de peluche. « On peut pas acheter ça à une femme de plus de cinquante ans, Mimi. C’est une décoration pour bébés naissants.» Je ne discute pas et continue à montrer avec mon doigt. Maman pense que je désire ce chat. À la maison, j’ignore le portatif de sac à main et emballe le chaton. « Mimi. Cesse cet enfantillage. » J’aime revivre ceci, car je connais la suite : mamie a été très contente. Les enfants connaissent mieux les grand-mères que les adultes.

 

         Que de plaisirs chaque nuit chez Laurentien! Cela me permet d’imaginer maman à mes côtés. Le jour, quand je rode près de la maison… Je ne voulais pas le dire, mais voici : maman est une septuagénaire vivant modestement dans un tout petit logement. Papa l’a quittée au cours des années 1980. Mon frère, qui a préféré les garçons, ne l’a pas fait grand-mère et il habite en Belgique. Moi, j’y serais arrivée! Elle aurait bercé mes enfants. Mais pourquoi meurt-on à six ans? Je ne comprends pas! Pas de belle et longue enfance, d’adolescence, d’amitié, d’amour, de coup de foudre, de métier, de maternité. Six ans! Je n’avais même pas terminé ma première année d’école. J’ai crié, tant crié qu’Annette et Roger ont eu beaucoup de mal à me calmer, car je savais que maman pleurait à se fendre le cœur. 


           Maman ne sort presque plus, lit encore beaucoup et, dans le salon, il y a une photographie de moi. Elle la regarde et soupire. Je ne dois plus voir ça! Il ne faut plus que j’y retourne! Ceci veut surtout dire que lorsque son moment sera venu, elle tendra les bras vers moi en murmurant : « Mimi… ma Mimi. » Et ensemble, nous irons main dans la main chez Laurentien pour toute l’éternité.

 

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1. Nikole-Krop  le 04-11-2020 à 17:29:46  (site)

Je n'ai pas pleuré ... sans doute ai-je un cœur de pierre.
Tu en as des choses de petite fille dans la tête, Mario ! ... :-). Tellement ... autant, non plus sans doute, que de jouets dans un magasin ...
(Je me permets de signaler une coquille : "fatiguant" pour "fatigant")
Bonne journée !

2. Marioromans  le 04-11-2020 à 19:36:31  (site)

Merci d'avoir lu ceci. Je sais que pour le type de communication que nous faisons, c'est un peu long.

Trois chapitres plus loin, il y a le témoignage d'un homme qui travaillait au garage Turcotte, toujours sur la rue Fusey, comme remorqueur et c'est lui qui s'était rendu vers le lieu d'une terrible collision frontale où la petite Mimi fut broyée, à l'âge de 6 ans. Ému, l'homme se rend parfois chaque nuit pour voir Mimi fantôme pour jouer avec elle..

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posté le 11-12-2019 à 01:26:14

Salon du livre de Trois-Rivières 2003

 

 

Ce type de feuille arrivait par la poste, indiquant les heures de signature au stand de l'éditeur. Habituellement, j'étais présent tout le temps, de l'ouverture à la fermeture. Ceci était épuisant, car il fallait demeurer assis pendant des heures, sur des chaises inconfortables, sans oublier des montagnes de bla bla bla inutiles. Un effort de ma part, car je ne suis pas une personne sociable. À la fin de ces journées, je m'endormais, mais contre toute logique, les salons du livre activaient mon insomnie.

 

 

Ce qui a été ajouté à la main concerne les entrevues pour ces journées, dont une le mercredi, c'est à dire la veille de l'ouverture du salon. J'avais alors beaucoup d'entrevues, surtout pour la radio. C'était le résultat d'un sixième salon consécutif dans ma ville. En premier lieu, il y en avait un peu moins. Ces récentes années, il n'y en a plus, même si on fait des demandes en ce sens à chaque occasion.

 

Il y a la mention de la "recherche pour les romans historiques" dans le cadre d'une table ronde, en compagnie de romancières de ce style. Je me souviens surtout qu'une de ces femmes m'avait adressé des reproches en public, ce que je n'avais pas du tout aimé.

 

Une tranche de vie sur un bout de papier, sans cesse dans mes poches pendant quatre jours. Vous aurez noté ma terrifiante calligraphie.

 


Commentaires

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1. johnmarcel  le 11-12-2019 à 05:00:20  (site)

Des reproches ?
On t'a critiqué sur ta façon de mener tes recherches historiques ? Pas assez poussées ?
Pour moi un roman historique est un ouvrage qui mêle faits de l'Histoire et fiction…

2. ANAFLORE  le 11-12-2019 à 06:55:20  (site)

Il y a toujours des envieuxCalimero

3. Marioromans  le 11-12-2019 à 07:03:34  (site)

J'avais dit qu'un roman ne devait pas devenir un cours d'histoire, car les gens de ces époques ne vivaient pas ces situations comme des historiens les verront plus tard.
La femme s'est peut-être sentie concernée, mais je ne la visais pas particulièrement, n'ayant jamais lu ses romans,

4. chocoreve   le 12-12-2019 à 01:08:41

Tu n es pas sociable dis tu ?
Ne fallait t'il pas l être quand tu faisais de la radio ?
Et oui ! Impossible de te relire Mario ! ... tu peux laisser n importe quel texte traîner sur ton bureau Sourire1

5. MarioMusique  le 12-12-2019 à 02:16:45  (site)

Je ne parlais pas, à la radio : je choissais les chansons à faire entendre en ondes, puis je préparais le café.
J'ai aussi écrit de la pub, mais c'est un des pires moments de ma vie.

6. nemo slot  le 01-02-2024 à 16:15:02  (site)

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