Mario Bergeron, romancier du Québec

posté le 08-03-2019 à 02:03:24

Quand les enfants rencontrent Rachel et Jackie

 

 

Lors de leur arrivée à Montréal, pour s'installer dans un quartier francophone, Rachel et Jackie Robinson sont l'objet de curiosité. Les deux américains, sans doute craintifs de se retrouver au coeur d'une communauté de Blancs, ne répondent pas à ces hommes et femmes rodant autour de leur logis. Par contre, Paul et Marie, dix ans (et mariés) ont vite compris qu'en passant par l'arrière, ils auront la chance de voir les deux Noirs de meilleure façon.

Paul et Marie veulent devenir des amis des Robinson. Paul est persuadé que l'homme et la femme sont des francophones, Jackie étant Jacques, puis Robinson est un nom si français, tout comme Rachel.

Rachel Robinson a un jour raconté qu'à leur arrivée à Montréal, il y avait deux enfants, habitant l'étage supérieur, qui ne rataient aucune occasion de regarder dans le logement et de saluer le couple. C'était le point de départ pour écrire ce roman, Les enfants, Rachel et Jackie Robinson : un été 1946 inoubliable à Montréal. J'ai reçu la confirmation que le texte de ce roman sera publié dans quelques semaines.

Voici cette première rencontre.

 

 

 

Il semble que tout le monde ait le goût d’imiter les femmes. « Mine de rien », des badauds de toute espèce passent devant la maison. Paul et Marie sentent qu’ils perdent ainsi leur exclusivité et que le quartier entier leur vole l’idée de devenir les meilleurs amis de Jackie et de Rachel.         

Quand l’athlète sort, au début du lendemain après-midi, les flâneurs sursautent et le suivent du regard. La même chose se produit quand son épouse l’imite, vers quatre heures. Marie a vite noté que si tout le monde désire les voir, personne n’approche et que les Robinson ne répondent pas à cette sollicitude. La fillette se dit certaine qu’ils ont peur. « Toi et moi sommes plus intelligents que les grands. » Elle fait suivre cette phrase mystérieuse à Paul par une explication limpide : « Si tout le monde passe devant et qu’ils ne regardent pas, ça veut dire que Jacques et Rachel sont derrière, à la cuisine. »

Conséquemment, voilà le jeune couple, des fleurs de papier entre les mains, qui cogne à la porte arrière. Ils ont vite vu les Robinson attablés. Les deux Américains regardent rapidement du côté de la fenêtre. Le joueur de baseball approche prudemment, sans ouvrir. Il fronce les sourcils en apercevant ces deux puces souriant généreusement.        

« Bonjour, Jacques! Je suis Paul Gilbert et voici mon épouse Marie. Nous sommes là pour te souhaiter la bienvenue à Montréal et pour te demander d’aider les Royaux à gagner le championnat de la Ligue internationale.         

- Nous voulons devenir tes meilleurs amis et t’aider tout le temps. Pour faire des commissions, par exemple. Paul et moi, on connaît tous les magasins du coin. »        

Jackie, intrigué, ne répond pas. Rachel approche, prend le bras de son époux et lui chuchote quelques mots en anglais.          

« Entre Canadiens français, on va s’entraider.         

- Who are these kids?        

- Paul, il ne parle pas français…        

- C’est impossible… Jacques, tu peux parler en français. On n’est pas aux États, ici. Donne tes fleurs, Marie.         

- Oh oui! Voici ces quelques fleurs de l’amitié

- Ils n’ont rien compris…        

- Parle-leur en anglais, mon amour.         

- Heu… Floweuzes!        

- Comme t’es savant, mon cher époux.        

- Thank you. Say thanks, Jack.        

- Thank you, little girl and little boy.         

- Heu… Heu… Tinque hou aussi. Moi : Paul. Elle : Marie.         

- Paul and Mary.        

- Tu vois? Ils comprennent le français. »           

Fier de ce premier pas, Paul raconte tout à ses parents. Le père demeure estomaqué. « Ce n’est pas très poli, mon petit bonhomme, de cogner aux portes des gens sans raison. Cet homme-là est sans doute très occupé et sa jeune épouse nerveuse parce qu’elle arrive dans un pays étranger, loin de ceux de sa race, dans une ville qu’elle ne connaît pas. » Paul, surpris, avale sa salive. Il imagine que la réplique de sa maman pourrait être plus salée et qu’il sera puni. Cependant, elle le déroute en disant que tout ça n’est pas si grave.        

« Je suis persuadée que cette femme est une bonne personne et qu’elle a compris la curiosité des enfants. Elle ne s’est sûrement pas fâchée.        

- Non, maman. Pas fâchée. Marie et moi, on est demeurés sages.        

- Il ne faut pas en prendre une habitude, cependant. N’oublie pas qu’ils doivent se sentir les bienvenus. »

 

Tags: #enfants
 


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1. Maritxan  le 09-03-2019 à 00:43:55  (site)

Salut Mario !
Je suis passée hier soir, j'ai lu ton extrait, mais je n'ai pas laissé de commentaire. Manque d'inspiration de ma part. Le fait d'avoir pris des antibiotiques m'a carrément enlevé mon énergie et vidé la tête.

2. MarioMusique  le 09-03-2019 à 04:58:53  (site)

Alors remplis ta tête chez moi !!!

3. chocoreve  le 10-03-2019 à 15:07:23

les enfants sont curieux, et ça arrange bien les parents parfois !

4. Marioromans  le 10-03-2019 à 22:25:19  (site)

Exactement ! De la part de Paul et Marie, c'est une curiosité démonstrative et qui va s'étendre à d'autres gamins du quartier.

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posté le 05-03-2019 à 06:16:07

Public

 

 

Je dois avouer que je n'ai jamais été inondé de messages semblables, mais que j'en recevais à l'occasion. Lors de mes participations aux salons du livre, je laissais toujours une feuille avec un résumé du plus récent roman, avec un extrait, puis mon courriel. Alors, certaines personnes osaient m'écrire et comme je répondais amicalement à tout le monde, cela a créé de l'attachement.

Je me souviens de cette femme, car à chaque visite au salon de l'Outaouais, elle se pressait pour me rencontrer. Elle était responsable d'une bibliothèque de village de cette région. Ceci date de l'an 2000. Cliquez pour lire.

Tags: #public
 


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1. chocoreve  le 10-03-2019 à 14:45:56

c'est drôle ce que tu écris "osait m'écrire",
c'est tout à fait ce que je ressens, "j'ose"
tout comme le fait de penser qu'il doit être "difficile et ennuyant" pour toi de parler avec des lecteurs.
Je ne sais pas pourquoi c'est ainsi, après tout dans la vie, il y a des gros des maigres, des noirs des blancs, des grands des petits, des gens tellement différents !

2. Marioromans  le 10-03-2019 à 22:23:24  (site)

Je n'ai jamais caché mon adresse de courriel auprès du public, mais je comprends que cela puisse gêner des personnes, Après tout, je n'ai jamais osé écrire à Paul McCartney pour lui dire que j'aime la musique des Beatles !
J'aime communiquer avec lectrices et lecteurs, mais je n'ai jamais forcé la main à personne, contrairement à d'autres auteurs qui ne se privaient pas d'aborder le4s gens avec des questions du style : 'Avez-vous lu mon roman?', 'Quel passage avez-vous le plus aimé ?'
Si on me pose des questions, j'y réponds avec joie. Par contre, je pense que si une personne achète un de mes romans, il lui appartient et n'est plus à moi.
Il y a quelques mois, dans l'autobus, un homme m'a dit : Mario Bergeron de Contes d'asphalte ? J'étais très content.

3. chocoreve  le 10-03-2019 à 22:57:14

Bah oui que tu as dû être content ! ...

Je viens de terminer "gros-nez le quêteux" et vraiment j'aurai dû me procurer une carte géographique pour y suivre le chemin que le personnage parcours, tout autour de Trois rivières ... mais n'ayant pas l'esprit vif ... il me faudra le reprendre ! le personnage m'a intriguée.

Ce roman fut un plaisir.

j'ai constaté aussi (au troisième roman) qu'il n'était nul besoin de lire les romans sur la famille Tremblay dans leur ordre ...

édité le 10-03-2019 à 22:57:55
édité le 10-03-2019 à 22:58:41

4. Marioromans  le 11-03-2019 à 00:42:44  (site)

Pas du tout. Ceci, j'ai eu beaucoup de mal avec cette idée, lors des salons du
livre. On me disait sans cesse : C'est la suite de celui-ci, etc, alors que je leur répétais qu'il s'agissait de tomes, de livres avec leur propre vie, avec des styles parfois opposés.

Oui, Gros-Nez fait le tour du Québec, pour les territoires alors ouverts, puis les États de Nouvelle-Angleterre, l'Ontario. De longues distances !

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posté le 02-03-2019 à 20:47:41

La maudite machine du Fouinard

 

 

Aaaagrrr : Erreur !
Celle-ci est la bonne. La maudite machine, par Octobre.
 

 

Le Fouinard est mon plus récent roman terminé. Il s'agit du texte le plus personnel de tout ce que j'ai pu créer, car il se concentre sur l'année scolaire 1973-74 de ma personne, dans une énorme école du nom de Polyvalente du Cap-de-la-Madeleine. Inscrit aux activités parascolaires, je suis devenu, malgré moi, le grand patron du journal et membre du conseil étudiant. Le Fouinard était un journal parfois à rebrousse-poil, ne suivant pas les sentiers battus, ce qui nous avait causé des problèmes, dont deux saisies de la part de la direction de l'école.

Le roman est basé sur des faits véritables et d'autres de mon invention, mais suivant la logique du temps, des gens présents, des situations. Mon équipe était modeste : Alain, grande gueule et ouvertement détesté par la bande des parascolaires, son copain Robert, caricaturiste au vitriol, mais garçon discret, puis Françoise, adolescente secrète.

Le cauchemar du Fouinard était une antique machine à imprimer, qui brisait sans cesse, parfois de façon spectaculaire, comme dans l'extrait. Une réelle anecdote! On surnommait cette mécanique 'La maudite machine', clin d'oeil à la chanson d'Octobre, que vous pouvez écouter.

La caricature ci-haut est l'oeuvre de Robert. Cela me ressemblait !

Aujourd'hui, je sais que l'année scolaire 1973-74 et le Fouinard allaient forger l'adulte que j'allais devenir, ceci jusqu'à l'instant présent.

 

 

 

 

La vilaine se met à chauffer. En l’approchant, on sent son rayon. Dix pages de plus, elle va nous exploser en plein visage et mettre le feu au local. Il vaut mieux fuir, trouver un bon mur pour s’y cogner nos têtes. Nous reprenons notre devoir à quatre heures, le temps d’une seule autre page, à cause des mêmes symptômes que ce midi. Va-t-il falloir mettre des jours et des jours avant que tout ne soit prêt? C’est décidé : je vais me fâcher.

Le lendemain midi, la page 4 est en route quand, sans avertir, Alain lance un cri d’alarme : « Aie! À crache de l’encre! » Des jets noirs éructent dans toutes les directions. Alain et moi nous nous précipitons tout près, aspergés, énervés, gueulant, donnant des coups de poing. Évidemment, une autre fois, Françoise se lève calmement, puis retire le cordon d’alimentation électrique. Elle n’a reçu aucune goutte. J’en ai sur les bras et le visage, Alain dans ses cheveux, Robert sur sa chemise.

Il y a de l’encre sur le plancher, sur le mur, la petite table où est installée cette dégueulasserie mécanique. Pendant qu’on sacre comme des démons, Françoise, toujours aussi calme, fait le constat : le tube a fendu de haut en bas. En toute hâte, nous filons vers les toilettes et sa fontaine, mais j’ai le temps de voir notre fille marcher calmement, alors qu’un troupeau des activités sort leurs nez dans le couloir pour voir ce qui se passe.Nous avons du mal à enlever l'encre et Robert propose les douches du gymnase. Notre dessinateur est en piteux état. Notre travail de décrassage dure quinze minutes. À notre retour au 1033, il y a foule devant la porte et Alain hurle : « Ôtez-vous de là, bande de propres! » En entrant, nous voyons Françoise en discussion avec le concierge de l’école. « Méchant dégât, les jeunes! Montez à vos cours, pis m’en va tout’ nettoyer ça comme il faut. J’ai du bon stuff ben fort. »

 

Tags: #École
 


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1. Maritxan  le 03-03-2019 à 00:46:54  (site)

Hello Mario,
Robert est un bon caricaturiste... je te reconnais, c'est tout à fait toi à cette époque là ! Rire1

2. Marioromans  le 03-03-2019 à 01:59:50  (site)

Oui, mais nos deux saisies concernaient ses caricatures...

3. chocoreve  le 03-03-2019 à 13:37:43


Pourquoi depuis un lit, sur la caricature ?

La maudite machine aura fait parler d'elle !

4. Marioromans  le 03-03-2019 à 18:35:14  (site)

Parce que j'ai toujours eu du mal à dormir et que je demeurais au lit longtemps. Au cours de cette année scolaire, j'avais été suspendu par la direction de l'école à cause de mes absences matinales. Ce qui, d'ailleurs, ne m'empêchait pas de me rendre à la polyvalente dans le local du journal.
Je fais toujours de l'imsomnie, mais je n'ai jamais dit que j'en 'souffrais'. Je suis allergique au matin ! C'est une mauvaise invention.

édité le 03-03-2019 à 18:36:32

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posté le 26-02-2019 à 06:01:24

Un peu de presse

 

 

Obtenir un article dans un journal réputé ou une revue n'est pas chose facile, surtout quand l'éditeur ne paie pas de publicité dans ces publications. Mon premier éditeur avait du mal à comprendre pourquoi le plus important journal de Trois-Rivières m'ignorait, alors que mes romans se déroulaient dans la ville et que j'étais natif du lieu.

 

Quand il fallait se tourner vers un papier plus modeste, il me laissait libre, à condition de l'avertir. Quand on cogne à une porte avec le bouquin entre les mains, c'est davantage gênant de me mettre à la rue et de faire comme si je n'avais jamais existé.

 

C'est ce qui s'est passé avec ce journal mensuel. La journaliste raconte que nous avons parlé une heure. Tout à fait vrai. Elle dit aussi que je me demandais ce qu'elle retiendrait de tout ceci. Très véritable! Je garde un bon souvenir de cette rencontre, car elles étaient rares, même dans ma ville. Cliquez pour mieux lire.

Tags: #critique
 


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1. chocoreve  le 28-02-2019 à 14:42:16

En effet ça paraît incroyable d être ignoré comme ça ! Je vais de surprise en surprise en te lisant ... quel monde !
C est drôle ce que tu dis : "un hebdomadaire mensuel" ?

2. Marioromans  le 28-02-2019 à 16:22:33  (site)

Ouch! Je ne m'en étais pas rendu compte....

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posté le 23-02-2019 à 22:16:21

Les échecs de Jeanne et de Sweetie

 

 

Au cours des années 1920, Jeanne fut une grande portraitiste et Sweetie une pianiste de salle de cinéma applaudie par les foules. Si la première vit un net déclin à cause de son alcoolisme, la seconde doit faire face au cinéma sonore et au congédiement de tous les musiciens de ciné. Les voilà exilées à Paris où leur situation d'immigrantes ne leur fait pas voir la vie en rose. Travaillant fort pour remonter la pente, les deux connaissent des échecs simultanément, ce qui provoque chez elles une réaction turbulente, comme aux jours fous de 1925. Un extrait de Le destin de Jeanne.

 

 

 

Fière, Jeanne se présente à la galerie où ses douze toiles sont accrochées aux murs. Elle sera dans le coin le plus reculé : place d’abord aux deux français. La jeune Tremblay s’en fiche, assurée que ses portraits sont supérieurs aux âneries des autres. « C’est froid, le Canada? » de demander la paysagiste. Après la première journée, celle-ci a vendu trois toiles, le floral deux et Jeanne aucune.

         

Les visiteurs, relativement nombreux, vont et viennent et Jeanne a l’impression que plusieurs d’entre eux ne sont là que pour se réchauffer. Les plus riches applaudissent les compatriotes et regardent l’étrangère comme une poussière d’une ancienne colonie dont même la royauté ne voulait plus. Un homme, avec une barbichette grise, passe trente minutes à analyser le style de Jeanne, dans un échange chaleureux, jusqu'à ce qu’il s’éloigne sans rien acheter, mais en raflant le premier paysage de la femme. Jeanne rougit de colère, décide de sortir afin de ne pas sauter à la gorge des deux autres.        

« Le principal, c’est de l’avoir fait et…        

- Ta gueule, Sweetie!        

- Jeanne… Je t’en prie…        

- J’ai travaillé comme une dingue pour ces toiles, tu t’es privée de tout pour m’acheter le matériel et je ne demande que le quart de ce que je gagnais en vendant à Montréal et à Trois-Rivières, puis des cons préfèrent acheter des sacramants de paysages et des tabarnaques de pots de fleurs, après avoir passé une demi-heure à me dire que le Canada est beau et que j’ai un accent charmant et…        

- Damned! Fuckin’ shit, comment parles-tu, Jeanne?        

- De plus, je… Oh et puis t’as raison… C’est aussi une journée importante pour toi et je ne dois pas la gâcher. »         

Sweetie porte avec féminité la belle robe achetée pour sa grande première, sans oublier ses boucles d’oreille et son collier de toc, ainsi qu’une goutte de parfum. En arrivant au bistro, il n’y a presque pas de spectateurs. Payer pour une danse et un orchestre complet, ça va, mais donner plus cher pour une pianiste seule, c’est une autre histoire. Quand Sweetie débute, Jeanne compte quinze personnes. La musicienne sourit, explique le but du spectacle, parlant un français volontairement approximatif comme pour prouver son origine américaine, quand soudain interrompue par une interjection masculine : « Où est Albert? Où est l’accordéon? » Sweetie ignore, se met à l’œuvre, jouant le ragtime plus rapidement que son ombre. Un Tiger Rag démesuré est interrompu par la même voix : « Et la valse musette, la nana? Joue la valse, au lieu de produire ce vacarme! On n’est pas chez les nègres, ici! »  Jeanne sent qu’elle doit intervenir.         

« Tu fermes ton clapet. Laisse la pianiste jouer.         

- Je ne l’empêche pas de jouer, cette gueuse de yankee!        

- Elle a triomphé mille fois avec cette musique, elle est meilleure que tous les musiciens de Paris et tu lui fiches la paix.         

- Oh là là, quel accent, hein! De quel bled viens-tu, paysanne? »

 


1925 revit, pas comme à l’Impérial de Trois-Rivières, mais plutôt comme dans une salle de danse de Montréal, alors que le gérant a jeté à la rue ces deux folles de poudrées qui ont provoqué une bagarre, renversé des tables, cassé des verres. Jeanne et Sweetie sont assises dans la neige, sur le bord du trottoir, écroulées de rire, se rappelant les extraordinaires moments qu’elles viennent de vivre, dont un retentissant coup de genou de Jeanne dans les trésors du malotru. Trois heures plus tard, enlacées et saoules, elles rentrent à la maison, en n’ayant pas cessé de rire.

La photo est celle de la comédienne de cinéma Colleen Moore. J'ai souvent identifié le physique de Jeanne à cette jeune femme.

Tags: #jeanne
 


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1. chocoreve  le 25-02-2019 à 15:10:39

Je viens de terminer "l’héritage de Jeanne" sans passer par son destin ... mais tout semble dit, ici dans ce résumé ...
(J'espérais que Jeanne revoit Sweetie après sa période de sevrage, j'espérais une autre fin, mais hélas ...)

Aujourd'hui je m’apprête à commencer à lire "Gros-nez le quêteux" ...

2. MarioMusique  le 25-02-2019 à 17:41:18  (site)

L'idée de l'épisode parisien de Jeanne m'avait été suggérée par un lecteur, rencontré dans un salon du livre.

Jeanne à Paris est beaucoup plus à rebrousse-poil que dans Perles et chapelet, jusqu'à ce qu'elle devienne enceinte et change beaucoup, tout en combattant son alcoolisme.

J'ai aussi écrit un roman sur sa fille Bérangère, qui couvre 40 années. Grâce à Bérangère, Jeanne connaîtra une reconnaissance posthume comme peintre.

Je crois que Jeanne est le personnage le plus singulier que j'ai créé depuis toutes ces années. Elle est pleine de défauts, mais demeure tout de même attachante.

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