Mario Bergeron, romancier du Québec

posté le 04-09-2018 à 19:08:13

Le public des salons du livre, partie 2

 

 

LE PAPA ET SON ADOLESCENTE
: Ceci s'est passé à Sherbrooke. Il y avait un grand nombre de visiteurs quand approchent un homme avec sa jeune adolescente (13 ou 14 ans) qui me raconte que sa fille rêve de devenir romancière et que je serais aimable de lui donner quelques conseils, "si vous avez le temps." La demoiselle semblait très timide. Alors, je lui ai parlé : écrire beaucoup, savoir se remettre en question, ne pas utiliser le passé simple, éviter les dialogues trop longs, établir un plan avant de débuter, etc. Bref, tout ce que je fais! Contents, les deux sont partis. Cependant, une demi-heure plus tard, l'homme revient, seul, et me dit, les larmes aux yeux (Je le jure) "Vous ne pouvez pas savoir jusqu'à quel point c'était important pour elle. D'autres ont refusé de lui parler, mais pas vous, et avec gentillesse. Jamais elle ne pourra oublier cette rencontre."  Moi non plus.

 

 

 

 

LA DAME ÂGÉE DE ROUYN-NORANDA : Une petite dame âgée approche de mon stand et me demande si nous avons des livres de poésie. Ce n'était pas le cas, mais je l'informe qu'il existe un éditeur spécialisé dans cet art et je l'accompagne jusqu'au stand. Un peu plus tard, elle revient, un sac avec dix recueils achetés, puis elle me remercie parce que j'avais pris le temps de lui présenter cette maison. Il y a des remerciements qui vont droit au coeur.

 

 

 

 

L'HANDICAPÉE DE ROUYN-NORANDA : La même journée que la dame âgée, peu après. Une femme handicapée, en fauteuil roulant, obèse, qui roulait près des stands en soupirant "Que c'est beau... Que c'est beau..." Arrivant près de moi, elle se rend compte que j'étais intrigué. Alors, elle m'explique que dans sa petite localité, la bibliothèque a une rampe pour les fauteuils, mais pas assez large pour accueillir le sien. C'est une amie qui va lui emprunter des bouquins. Mais au salon du livre, elle pouvait aller librement, regarder tous les livres, les toucher. Puis elle est repartie en chantant encore "Que c'est beau..."  Jamais je n'ai oublié une telle chose.

 

 

 

LES JEUNES DE MONTRÉAL : Les journées scolaires sont souvent un congé d'école pour enfants et adolescents, et rien d'autre. Parfois, il y a un travail demandé par leurs profs, mais souvent, c'est la course incessante de gauche à droite. Mon éditeur m'avait averti que des adolescents avaient un travail relatif aux livres et qu'ils avaient choisi Contes d'asphalte, me demandant d'être présent à l'heure convenue. Alors, je vois arriver deux garçons et une fille, en uniforme : vestons et cravates, jupe. Un garçon avait une petite caméra, un autre un microphone et la fille tenait le rôle de l'animatrice. Elle me pose des questions très précises sur le roman, indice qu'elle l'avait lu, et sans doute les garçons aussi. C'était très bien fait, poli, pas bêta du tout. Curieux, à la fin, c'était à mon tour d'enquêter. Oui, les trois avaient lu le roman et avaient élaboré les questions ensemble. Ils étaient des élèves d'une école juive de Montréal. Pendant ce temps, les autres passaient leur temps à parler fort, à prendre des signets sans les demander. Ce trio m'a laissé une impression plus que favorable.

 

 

 

Des anecdotes, des rencontres surprenantes, j'en ai vécu beaucoup, comme la femme d'Amos qui riait fort ou mon admiratrice numéro un. Gardons-les pour d'autres occasions.

 

 

LA PHOTO : Au salon du livre de Trois-Rivières, en 2001. Madame tenait à une photographie en ma compagnie. J'ai dit d'accord, à condition d'avoir une copie. Elle a l'air intimidée et a tenu parole.

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1. anaflore  le 05-09-2018 à 05:54:38  (site)

De quoi faire un roman de souvenirs
Bravo pour la photo du jour

2. jakin  le 05-09-2018 à 09:33:50  (site)

Toutes ces anecdotes sont touchantes et montrent que tu es une personne à l'écoute et au grand coeur....

3. chocoreve  le 05-09-2018 à 13:45:23

J adore cette partie 2 !
C est très intéressant les rapports humains .
Établir un plan, tu dis ?
tu peux donner un exemple, concernant l un de tes romans ?

4. Marioromans  le 05-09-2018 à 18:51:48  (site)

Il y a un article sur ce sujet. Voici le lien :

http://marioromans.vefblog.net/11.html#Plan_de_redaction

5. chocoreve  le 06-09-2018 à 14:56:04

Ah ! merci, c'est stupéfiant ...

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posté le 02-09-2018 à 17:30:30

Le public des salons du livre, partie 1

 

 

Il y a des points communs entre les publics des salons du livre. Cependant, il y a aussi des différences, selon les lieux. Il y a des gens intéressés par la lecture et d'autres qui sont là parce que le prix d'entrée est abordable. J'ai déjà croisé, à quelques occasions, des hommes s'avançant vers mon stand pour se vanter de ne jamais lire (Mais ils regardaient les images sur les pages couvertures!) Le public du salon de l'Abitibi-Témiscamingue était très chaleureux, alors que celui de Québec était froid. A Hull, c'était un public acheteur (donc, lecteur) et à Sherbrooke, pas du tout.

 



 

LES PARE-BOUQUINS qu'on appelle Signets, au Québec. Beaucoup de personnes en font collection et ils fréquentent les salons pour gonfler cette collection. Un signet autographié par l'auteur devenait important, à leurs yeux. Je me prêtais à ce jeu, car cela me permettait de parler de mes livres. Par contre, pour une personne hésitante, je n'en laissais pas et donnais plutôt une feuille avec un résumé, un extrait du livre en vedette. Les enfants adorent les signets, mais je n'en donnais qu'aux jeunes s'adressant poliment à moi. D'autres n'agissaient pas du tout ainsi, croyez-moi. J'ai déjà vu un tas de pare-bouquins sur l'asphalte d'un stationnement, lors d'une journée scolaire.




LES DÉDICACES : Presqu'automatiques, lors d'un achat. J'avoue que souvent, je ne savais pas quoi écrire. Mais aussitôt le livre payé, la personne me le tendait et je devais signer. Une fois, une seule, un homme m'avait dit : "On n'écrit pas dans les livres." J'avais eu le goût de le féliciter. J'imagine que ceci peut être flatteur pour la personne se procurant un ouvrage. La photo ci-haut n'est pas truquée. Elle a été prise par ma soeur, alors que je m'apprêtais à signer Ce sera formidable pour une cliente du salon de Trois-Rivières, en 2010.

 

 

LECTRICES ET LECTEURS FIDÈLES : Ces gens arrivent à pas décidés vers le stand, très souriants, s'emparent du plus récent livre, le déposent et demandent un autographe. "Heu... Il faut le payer avant, madame..." Alors, ils racontent leurs passages favoris du bouquin précédent, confient ce qu'ils adorent dans mon travail. C'est très flatteur et si je les reconnaissais au premier coup d'oeil, je ne me souvenais pas de leurs noms. Au fil des salons, ils devenaient familiers, mais toujours gentils et polis.



UNE PHOTO ? Oui, cela arrivait, à l'occasion, surtout de la part des fidèles.



 

LES VISITEURS INDÉCIS : Ils et elles approchent, posent des questions et on sent qu'ils désirent encore plus de détails. Dans la plupart des cas, ils n'achètent pas le livre, mais comme je me suis montré aimable, ils peuvent se le procurer plus tard ou l'emprunter à leur bibliothèque. C'est parfois trompeur. Exemple : à Jonquière, je parlais du roman à un homme costaud, avec sa moustache en fer à cheval, type camionneur et je sentais que je palabrais pour rien quand, à la fin, l'homme, toujours aussi froid, fait : "Je le prends."

 

 

CONCLUSION : J'en ai vu de toutes les couleurs. Des moments drôles, d'autres énervants et des cas très particuliers, émouvants, que je garde pour le prochain article.

 

 

 

PHOTO CI-BAS : Marjolaine Bouchard, grande femme avec une jolie voix et une belle personnalité, très populaire auprès des filles de sa région, mais pas tellement ailleurs... Marjolaine se plaisait à présenter ses livres jeunesse dans les écoles. La voilà souriant à une grande fille, peut-être intimidée parce que Marjolaine s'adressait à elle, avait autographié son livre. Notez l'air ravi de la maman. 

 

 

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1. anaflore  le 02-09-2018 à 20:52:23  (site)

les livres se vendent moins pour nous sur mon ile je pense que c'était le dernier salon aprés 20 ans !!

2. Marioromans  le 02-09-2018 à 22:15:17  (site)

Il y en a sans doute beaucoup plus en France, à cause du bassin de population plus important. Au Québec, il y en a neuf, dans des centres urbains représentant les régions.
Je sais qu'il y en a en Ontario et en Acadie, mais je n'y ai jamais participé.

3. johnmarcel  le 03-09-2018 à 04:39:06  (site)

Il existe depuis trente ans, le salon international du livre de Jakarta, où les visiteurs peuvent acheter et où les éditeurs achètent les droits pour traductions.
Il y a beaucoup de pays asiatiques représentés bien sûr, et quelques européens.
Les Amériques ne sont pas mentionnés dans l'article que j'ai lu.
Des auteurs sont présents.

édité le 03-09-2018 à 04:53:49

4. Marioromans  le 03-09-2018 à 07:05:24  (site)

Ne doutons pas qu'il y en a partout dans le monde. Lors d'un salon à Hull, nous avions comme voisins des Suisses, avec une dame âgée fascinante.

5. chocoreve  le 04-09-2018 à 11:58:04

Je collectionne les signets, appelés marque-pages en France, et je ne demande jamais de dédicaces, ni sur eux, ni sur les livres. Je n’aime pas trouver d’écrits, parce qu’un livre sa vie, ça doit être respecté, ça passe de main en main, pour moi ils sont éternels et pas nous.

J’ai ma réponse à ma question sur les lecteurs qui fréquentent les salons, mais je suis curieuse de lire la partie 2 …

6. MarioB  le 04-09-2018 à 17:32:56  (site)

Moi non plus, je ne demande pas de signer un livre et je n'écris pas dedans, sauf sur la première page, où j'écris la date d'acquisition. Ce que fais aussi pour les disques.

Le livre de Louis Caron, dont je parle sur l'autre site, est plein de phrases soulignées, entourées, de petites flèches. Sans doute de la part d'une personne étudiante qui devait analyser le roman pour un travail scolaire.

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posté le 01-09-2018 à 02:14:56

Fidèle lectrice d'Amos

 

Des courriels semblables, je n'en recevais pas des centaines. Cependant, comme je répondais toujours, les gens appréciaient. Il est évident que cette 'fidèle lectrice d'Amos' avait été rencontrée avant 2002 (moment du message), car on voit qu'elle se sent familière. Elle veut savoir si je serai présent à Rouyn-Noranda, un jour précis. Nul doute que sa visite au salon du livre était prévue ce jour-là.

Une note : le salon du livre de l'Abitibi-Témiscamingue avait lieu dans cinq villes différentes, en rotation. Pour les gens de cette région, rouler un certain temps pour se rendre au salon était chose banale. Ils sont tout le temps sur la route.

Dans les salons, les auteurs voient des centaines de gens. On ne peut tous les reconnaître. Cependant, quand on voyait une personne approcher sourire aux lèvres, sans regarder de tous côtés, on savait qu'il s'agissait d'une lectrice fidèle, qui savait ce qu'elle désirait : acheter le plus récent livre, demander un autographe, prendre une photo.

La chose m'arrivait à quelques occasions, mais plus souvent chez moi, à Trois-Rivières, puis en Abitibi-Témiscamingue, à dix heures de route de mon logis. Voilà pourquoi j'adorais me rendre là-bas. De plus, les Abitibiens savaient que des auteurs ne s'intéressaient pas à leur salon, car trop loin et davantage coûteux. Mais parce que j'étais présent chaque année, ils avaient pris bonne note et se sentaient contents.

Cliquez pour mieux lire.

 


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1. chocoreve  le 02-09-2018 à 15:13:14

Je me pose souvent la question de savoir quels sont les rapports entre un écrivain et justement une fidèle lectrice, comme celle dont tu parles ?

Je me rendais tous les ans au salon du livre à Paris, (rien que pour y flâner des journées entières parmi les livres) et je voyais des files d'attente de lecteurs qui repartaient satisfaits avec simplement un autographe !

2. Marioromans  le 02-09-2018 à 22:16:03  (site)

Réponse dans les prochains articles.

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posté le 28-08-2018 à 21:46:59

Jeanne

 

 

Jeanne est sans doute le personnage le plus singulier de la série Tremblay. Pourtant, un seul roman, Perles et chapelet, lui est consacré. Mais sa présence, dans quatre autres livres, est très notable et elle survit après son décès dans les autres fictions de la série.

Dans Perles, Jeanne est une jeune artiste peintre de grand talent, vivant instinctivement, dans un univers volontairement excessif. Casse-cou, sans gêne, Jeanne n'a peur de rien et surtout pas des interdits. Vêtue et coiffée à la façon des garçonnes américaines de son époque - les années 1920 - Jeanne est aussi autodestructrice, tordue et alcoolique. De plus : elle aime ses semblables, ce qui était un secret difficile à vivre à son époque.

Il y a aussi sa relation particulière avec son frère Roméo. Quand elle était petite, le garçon la protégeait sans cesse. Réalisant que la fillette était douée pour le dessin, Roméo l'inonde de papier et de crayons. C'est lui qui achète ses premiers tubes et pinceaux. À l'époque de Perles, Roméo lui aménage un studio de peintre dans sa maison, organise ses premières expositions et quand, au bord du gouffre, Jeanne désire se rendre à Paris pour retrouver son amie y habitant, c'est Roméo qui paie le billet de la traversée.

Au cours des presque dix années parisiennes de Jeanne, Roméo ne cesse de lui écrire, mais elle répond vaguement ou pas du tout. Depuis longtemps, elle a réalisé que son frère était trop envahissant dans sa vie. Quand Roméo se présente à Paris en 1939 pour la sauver des probables griffes nazies, l'homme est reçu froidement. Mais, manipulateur, il réussit à la ramener à Trois-Rivières, où Jeanne vivra des moments difficiles, jusqu'à son décès, à l'âge de 43 ans. Seule sa nièce Renée possède un indice prouvant que sa tante s'est suicidée.

Roméo sera alors ravagé, mais poursuivra une quête difficile : récupérer les tableaux de sa soeur. Il y consacrera sa vie. De l'aventure sans dessus dessous de Paris, Jeanne rapportera une enfant, Bérangère, qui considère Roméo responsable de la mort de sa mère.

Devenue adulte, Bérangère collaborera avec Roméo pour la recherche de tableaux, tout en entretenant une relation épistolaire avec un ami français de Jeanne. Bérangère et Roméo réussiront : Jeanne Tremblay deviendra, des années après sa disparition, une peintre considérée avec égards. Des expositions de luxe viendront confirmer ce statut, ainsi qu'un livre.

Autre intrusion de feu Jeanne dans la série : son arrière petite-fille, Marie-Lou, aussi peintre, voue un culte à son arrière grand-mère, dans le roman Des trésors pour Marie-Lou.

 

Un extrait de Perles et chapelet. Du pur Jeanne Tremblay !

 

 

 

Les yeux me pétillent. Il y a trop de fumée. Le nez me pique. La bière est affreuse. Je commence à avoir les jambes en guenille. Sweetie boit plus que moi. Elle est drôle à regarder, faisant de grands efforts pour paraître sobre. Nous sommes ivres et savons en profiter. Chaque nouvelle gorgée pousse la couche houleuse reposant dans mes intestins. La folie du lieu me fait accélérer. Je ris plus facilement. Je danse plus frénétiquement. Je fraternise plus ouvertement. Je profite mieux de mes sentiments quand je suis saoule.

 

Mes cheveux fous, mes yeux gourmands et ma bouche toujours ouverte: tout sourit et s’éclaire. Bientôt, nous sortirons et je tiendrai Sweetie par la taille afin qu’elle ne se cogne pas contre les poteaux. Elle prendra la mienne pour que je ne m’éparpille pas dans une vitrine. Et nous chanterons. Mal! Mal et très fort! Puis, nous serons malades. Nous vomirons sans crier gare. Deux fois! D’abord une longue rasade. Puis une moindre, plus claire, environ sept minutes plus tard. À l’hôtel, je me coucherai à gauche et ça commencera à tourner vers la droite. Le contraire pour Sweetie. Parfois, ça tourne à n’en plus finir. Dans un tel cas, je me couche sur le dos, des sueurs plein le visage et la respiration agonisante. Tout s’immobilise. Si je fais la bêtise de fermer les yeux, la chambre s’envole sens dessus dessous. Garder les yeux ouverts! Parfois, un léger relent de vomissure revient vite à la surface. Il est clair. Un jet rapidement envoyé sur le plancher.

 

À l’occasion, j’ai un mal de tête au réveil. De moins en moins. Boire et fêter, il n’y a rien de plus divin! Je plains ceux qui boivent pour oublier. Comme ils doivent s’ennuyer!

 

Cela se passe à peu près ainsi, sauf que pour extraire son jet tardif, Sweetie se trompe de côté et que le tout tombe sur mon pyjama et sur le drap. Elle trouve cela drôle. Moi aussi, tiens! Sweetie se lève, en équilibre précaire sur une jambe, tire le drap qui va choir à la fenêtre, la moitié au vent du printemps. Avec ses mains, elle essaie d’assécher son dégât et, à bout de patience, tire sur mon pantalon. On enlève tout. Il y a trop de sueurs et il fait si chaud. Elle dépose sa tête contre mon cou et je sens sa respiration me chatouiller l’épiderme. Elle s’endort enfin. Moi aussi, après avoir pleuré sans pouvoir expliquer pourquoi.

 

 

 

 

 

 

Lors des trente-cinq salons du livre auxquels j'ai participé avec la série Tremblay, j'entendais parler souvent de Jeanne. Il semble que malgré, ou à cause de ses folies, de ses excès, de ses terribles défauts, ce personnage était le favori du lectorat.

 

Il y a à peine deux semaines, je reçois un courriel d'une femme, en train de reconstituer la série Tremblay (avec douze années de retard) et le livre qui lui manquait ? Perles et chapelet. Il m'en reste deux copies. Elle est partie d'une ville lointaine pour l'acheter. Et elle m'a parlé de Jeanne, même si elle n'a jamais lu le roman.

 

Deux faits rares, dont un que j'ai déjà racontè dans un autre article. Une femme âgée de Trois-Rivières se disait certaine de posséder un tableau de Jeanne et voulait que je passe le voir. Bien que je lui ait expliqué gentiment que Jeanne était un personnage fictif, elle a insisté à trois reprises.

 

Au salon de Montréal, une jeune femme approche et me demande si je suis un homosexuel. Ma réponse négative l'a surprise car, comment un homme peut-il si bien cerner les sentiments d'une femme pour une autre femme ?

 

Ci-haut : une critique de Perles et chapelet dans une revue littéraire. La journaliste cerne très bien le personnage de Jeanne et semble avoir été transportée par sa présence. Cliquez pour mieux lire.

 

 

La photo ornant cet article : Colleen Moore, actrice de cinéma muet. En créant le roman, j'avais des photos de la comédienne me cognant le bout du stylo chaque fois qu'il était question de Jeanne.

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1. chocoreve  le 31-08-2018 à 21:06:21

Les deux y trouvent "leur compte" ? Jeanne protégée pense pouvoir se permettre de vivre pleinement sa vie, sans aucune retenue et Roméo le protecteur se sert de mettre en scène ses talents, que lui ne possède pas ?

Sûr que Jeanne a un grand succès !... une vie comme la sienne, peut en faire rêver plus d'un ! j'aime la photo !

Qu'en est-il de ton article participatif, d'il y a quelque temps, sur les qualités du cœur humain ?

2. Marioromans  le 31-08-2018 à 22:36:18  (site)

Bonne mémoire ! C'était destiné au roman Quand on s'aime bien tous les deux, dont je parle un peu plus bas.
J'ai terminé de le créer, mais pas de le transposer sur un fichier informatique. En premier lieu, je pensais que c'était moyen, mais je crois qu'il est très bien, mais je sais qu'il y aura du travail de transformation lors des relectures.

Une frasque de Jeanne dans Perles et chapelet. Elle se rend dans le stationnement du journal où Roméo travaille, décide d"emprunter son auto, qu'elle met en marche avec sa lime à ongles, puis part à toute vitesse dans les rues pour étourdir Sweetie, puis remet en place la bagnole et part à la course, poursuivie par Sweetie, se demandant ce qui se passe. L'auto n'était pas celle de Roméo. Celle d'un inconnu. Le plaisir de la voler et de la vitesse interdite.

3. johnmarcel  le 04-09-2018 à 07:20:24  (site)

La voiture empruntée qui n'est pas la bonne me fait penser à Proust qui écrit de son personnage, fou amoureux, qui va frapper aux volets de sa dulcinée… en fait il frappe comme un dingue à la mauvaise maison…

4. Marioromans  le 04-09-2018 à 09:26:18  (site)

Sauf qu'elle a volontairement volé cette voiture "pour le pied",

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posté le 27-08-2018 à 01:55:10

Jeanne et le Gros Marteau

 

 

Tremblay et fils
est mon premier roman publié (1996) et je lui accorderai un peu plus d'espace plus tard. J'attire votre attention vers le dessin de la page couverture. C'est le seul de mes romans avec une image représentant une scène du livre.

 

Le dessin a été réalisé par une femme de la ville de La Tuque, suivant à la lettre mon idée. Je lui avais donné l'extrait, afin qu'elle puisse imaginer un dessin fidèle à la scène.

 

Le nom du lieu était la Fonderie Bellefeuille, mais les habitants du quartier le surnommaient le Gros Marteau, à cause de l'ornement planté en devanture. Or, Jeanne, la petite soeur de Roméo, a très peur du marteau, craignant qu'en passant sous l'outil, il ne lui tombe sur la tête. Ceci se déroule au début du 20e siècle. Voici !

 

 

Roméo continue de promener Jeanne dans le quartier et les gens, comme jadis, persistent à penser que le jeune Tremblay est charmant de tant s’occuper de sa petite sœur. Il peut maintenant se balader en toute liberté depuis que les Tremblay et les Trottier ont fait la paix, même si leurs conversations se limitent à quelques grognements. Roméo a dépassé depuis longtemps le va-et-vient de la rue Bureau. Jeanne connaît très bien le quartier. Ce qu’elle aime par-dessus tout : lorsqu’il la transporte sur ses épaules. Elle peut ainsi voir le monde tel un oiseau. Elle sait où se trouve la commune, le Petit Carré, l’école, le fleuve et les manufactures. Cependant, la première fois que Roméo l’a emmenée dans la rue Notre-Dame du côté du Gros Marteau, elle s’est arrêtée promptement, refusant d’avancer, tout en se mettant à hurler et à pleurer. Le garçon ne saurait lui en faire le reproche, se souvenant qu’au même âge, il avait agi de la même façon au moins quinze fois avant de trouver le courage de passer sous le Gros Marteau. Cependant, Jeanne est une petite fille. Pas la même chose!

 

Le Gros Marteau fait partie de la vie du quartier Saint-Philippe depuis longtemps. Isidore, le grand-père de Roméo, y a travaillé à l’époque du Bas-Canada. Chaque étranger passant devant ne peut que s’arrêter et regarder en disant n’avoir jamais rien vu de pareil. En effet, cette entreprise a une enseigne prédominante : un énorme marteau de bois équarri, planté au sommet de la bâtisse et jetant son ombre dans la moitié de la rue. Si ce marteau paraît déjà gigantesque pour un adulte, il devient encore plus menaçant pour un jeune enfant. Roméo n’insiste pas et traverse la rue. Elle le tient par les deux mains en ne détachant pas son regard de ce monstrueux outil. Même arrivée de l’autre côté, Jeanne recommence à hurler, refusant de passer devant. « C’est simplement une enseigne. Très solide! Elle ne te fera pas mal. » Quels torrents! Roméo se juge alors idiot de tenter de raisonner Jeanne. Il dessine donc un long détour pour lui montrer les beaux magasins de la rue Notre-Dame, alors que l’enfant réclame une visite au bateau de pommes des Rouette. Cependant, Jeanne n’oublie pas. Elle rentre à la maison fort nerveuse et sa nuit est scindée par un cauchemar, la faisant hurler : Marteau! Marteau!

Roméo, le lendemain, tente de lui fournir une explication logique. Il la tient doucement par la main jusqu’à l’atelier de Joseph et lui fait nommer tous les outils qu’il pointe du doigt : tournevis, vilebrequin, scie. Puis un petit marteau.

 

 

« Petit marteau.

- Bravo! Celui-là est plus long.

- Long marteau.

- Magnifique! Celui-ci est encore plus gros. Gros marteau. »

 

 

 

Elle repart de plus belle! Louise, affolée par ces cris, vient chercher la fillette et ordonne à son frère de cesser de l’effrayer. Roméo réfléchit après le départ de ses sœurs. Quel enfant du quartier Saint-Philippe n’a pas eu un jour la frousse devant cette horreur? Il y a même déjà eu des mères de familles se plaignant à la famille Bellefeuille, propriétaires du lieu. Certaines se servaient de l’outil comme une menace : « Si tu ne manges pas ta soupe, le Gros Marteau va te cogner sur la tête ! »

 

 

Jeanne arrivera à vaincre sa peur quand son oncle Hector, employé de la fonderie, lui a promis un chien qu'il a apporté au Gros Marteau. La petite fille ne pensera pas à l'outil et passera sous le marteau pour vite caresser le chien désiré.

 

Au cours des années 1920, la municipalité de Trois-Rivières a interdit les enseignes commerciales faisant ombrage à la rue. Le gros marteau est disparu, mais les habitants du quartier ont signé une pétition pour que l'outil reprenne sa place. Le conseil de ville a accepté. Le marteau sera visible jusqu'à la fermeture de la fonderie, au début des années 1960. L'objet a tant frappé l'imagination de générations de Trifluviens que le musée du séminaire de Trois-Rivières l'a récupéré, entretenu et entreposé. C'est là que votre humble serviteur l'a vu.  La photo ci-bas date du début des années 1920.

 

 

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1. chocoreve  le 27-08-2018 à 20:16:43

Un grand frère qui s'en donne du mal pour rassurer sa petite sœur ! c'est adorable.
il faut dire que la photo du dessous est impressionnante, on comprend mieux le ressenti de la petite Jeanne.

2. Marioromans  le 27-08-2018 à 20:52:13  (site)

Tu sais, je n'ai jamais vu cette manufacture et son marteau, mais j'en entendais parler par des plus âgés. !Quand je l'ai vu au musée du séminaire, j'ai réalisé comme c'était imposant.

Dans Ce sera formidable, il est question du Gros Marteau, alors qu'une tempête de verglas s'abat sur la ville et que le marteau est enduit de glace, risquant de tomber. L'oncle Hector, qui est casse-cou, grimple sur le marteau pour casser le glace à coups de pelle.

Quant aux relations entre Roméo et Jeanne, elles sont étranges et devenue adulte, Jeanne a senti que son frère protecteur lui rendait la vie impossible.

3. chocoreve  le 28-08-2018 à 13:47:18

Géniale l'idée du marteau enduit de glace !
j'aime aussi les relations entre Roméo et Jeanne, pas facile sûrement de trouver les mots justes, tout comme d'ailleurs trouver un juste milieu quand on veut protéger l'autre.

4. Marioromans  le 28-08-2018 à 19:33:05  (site)

Il deviendra très envahissant dans la vie de sa soeur. Tiens, tiens... Bon sujet pour le prochain article. En attendant :

http://marioromans.vefblog.net/8.html#Resume__Le_destin_de_Jeanne

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