J'avais en tête VLB, parce que je connaissais l'éditeur, croisé lors de salons du livre et qu'on s'entendait bien. C'était aussi le cas avec la romancière Pauline Gill, vedette VLB. J'ai cependant mis trois années de démarches et envoyé trois manuscrits, dont Le Pain deGuillaume, qui sera publié plus tard par un autre éditeur.
Le dernier roman de la série Tremblay, du moins pour le 20e siècle de Roméo. Hors le premier de la série, les autres ne suivent pas les sentiers battus. Cependant, celui-ci emprunte des sentiers vraiment peu battus. Le texte répondait à un plan de rédaction extrêmement précis et rigoureux. Le personnage Roméo ne parle pas : il écrit. La première partie est à la fois à la première personne (Marie-Lou) et à la troisième (moi-même). Les seuls dialogues sont entre bibi et Marie-Lou. La plupart du temps pour nous engueuler. Enfin, comme dans la partie 2 de Contes d'asphalte, il n'y a pas de chronologie, si bien que Marie-Lou peut passer de 17 ans à 8, puis continuer à 12. D'ailleurs, bien que les parties soient thématiques, il n'y a pas de séparateurs pour les chapitres. La seconde partie, concentrée sur Isabelle, est ma première expérience de roman sans dialogues. Ceci semble complexe, mais je crois que le tout coule avec émotion et drôlerie.
Pour la première fois, l'éditeur a chialé. Son droit, notez bien, car après tout, c'est son produit. On m'a reproché l'aspect voyou trop prononcé de Baraque Bordeleau et les liaisons trop abruptes de la seconde partie. J'ai dû apporter des modifications, assez rapides, mais qui avaient retardé la mise en marché et qui auraient pu m'empêcher de participer aux deux salons du livre les plus lucratifs : à Trois-Rivières et en Abitibi. J'ai réussi à gagner ce point et je me sentais en mauvaise position pour aboyer car ils changaient encore le titre, pour une mauvaise idée. En effet, le personnage Lyse n'apparaît que dans la seconde partie, après 300 pages. Le vrai titre représentait le contenu entier du roman : Cheveux longs et cheveux gris. Bien sûr, quand je suis redevenu propriétaire de mon texte, j'ai remis les choses en place.
Des six romans d'origine de la série Tremblay, celui-ci est mon préféré. D'ailleurs. lors de mes présences aux salons du livre, j'insistais auprès de livre, faisant dire à la responsable du kiosque : "Ça paraît que tu l'aimes, celui-là." Réalité davanage complexe et voici le secret. Lors de la préparation, l'éditeur a de nouveau voulu changer le titre. Cette fois. j'ai répondu promptement NON, suivi d'une quasi engueulade au téléphone, se terminant par : "D'accord, mais tu vas l'assumer, ton titre imbécile!" Ceci m'avait très peiné. car pour assumer ces romans, j'avais participé, à mes frais, à une presque trentaine de salons du livre. Une façon de lui prouver qu'il avait eu tort était d'en vendre plus que les autres. Sa façon d'avoir le dernier mot consistera à faire peu de promotion pour les deux livres suivants, puis de me larguer.
Réunion de deux textes, selon la formule proposée par JCL et acceptée par moi-même, mais sans doute la rencontre la plus inégale de la série. À l'origine, la partie 1 n'existait pas. Dans un tel cas, la partie 2 serait devenue la première de Contes d'asphalte et je n'y tenais pas du tout. Comme il me restait des années inutilisées pour les 1930 et un personnage tout à fait libre, j'ai écrit la courte saga de Simone en... deux semaines. Et cet empressement paraît beaucoup, à cause de trop nombreux dialogues, de répétitions caractérielles. Comparé à la partie Renée, c'est profondément inférieur et banal.