Mario Bergeron, romancier du Québec

posté le 08-08-2019 à 18:49:58

Le vieil homme et l'adolescente

 

 

Pas de conflits de générations dans la première partie de ce roman, se déroulant au cours des années 60. Roméo Tremblay, septuagénaire, vient en aide à deux de ses petits-fils, musiciens dans un groupe de rock du nom de Indésirables. La présence de Roméo leur apportera leur seul moment de gloire, alors qu'une chanson, Grand-père à gogo (Version française de Johnny B. Goode) deviendra leur seul succès de leurs quatre 45 tours. Ceci était dû à la présence de Roméo au sein des Indésirables, lors d'un passage à la télévision.

 

 

Il est donc normal que Roméo se prête à un peu de promotion en compagnie de ses jeunes copains, comme dans le cas i'extrait, alors que le groupe est présent chez un disquaire pour autographier leur disque. Cependant, ce passage est basé sur un fait réel.

 

 

En 2000, au salon du livre de Hull, nous avions comme voisins d'en face une délégation de Suisse, où on croisait une dame âgée (sans doute près de ses 80 ans) trés douce et gentille avec qui nous avons fraternisé pendant quatre journées. Un jour, je vois une adolescente un peu maussade, mais que la dame prend en main. Elle lui parlait très paisiblement et je les regardais, intrigué, me demandant ce qu'elle pouvait bien raconter à la jeune, qui s'était éloignée paisiblement, visiblement impressionnée par ce que son aînée lui avait raconté. Et c'est devenu un passage de mon roman.

 

 

 

 

Nous sommes heureux de voir des jeunes qui attendent l’ouverture du disquaire. Quand grand-père descend de son véhicule, il est accueilli par les cris des filles, comme s’il était Paul ou John. Nous nous installons derrière notre table et c’est lui qui autographie les pochettes de 45 tours ainsi que les textes de Didi, ce qui laisse supposer à certaines adolescentes que ce vieillard pourrait bien être leur nouvelle idole. (...)

 

 Ce sont les filles qui vont vers lui. Elles ne cessent de lui dire qu’il est beau et dans le vent, qu’elles souhaiteraient avoir un grand-père comme lui. Il lève son petit chapeau et leur fait des compliments démodés qui font rougir les adolescentes. Les gars, de leur côté, préfèrent notre mâle présence, surtout du côté de Baraque et de Charles. Dans tous les groupes de rock and roll, ce sont toujours les guitaristes et les chanteurs qui ont le haut du pavé. Nous expliquons les paroles de Générations, ce qui devient tout de suite une invitation pour que les cœurs s’ouvrent. Les jeunes confient immédiatement les problèmes rencontrés avec leurs parents. Je vois grand-père prendre les mains d’une fille pour lui expliquer que ce qu’elle vit avec sa mère n’est pas si grave. Elle est déçue par cette réponse. Grand-père se lève, l’emmène à l’écart. Ils échangent pendant presque quinze minutes. Je ne peux m’empêcher de regarder de leur côté. La fille l’examine avec de grands yeux admiratifs, alors qu’il parle doucement, en posant de petits gestes avec ses doigts. Je me rends compte tout de suite qu’elle est impressionnée par ses propos. À la fin, la fille lui donne un gros baiser sur la joue, sort avec un sourire très large et le coin des yeux mouillés de larmes.

 

Tags: #roméo
 


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1. chocoreve  le 10-08-2019 à 08:18:53

En te lisant je me disais que Roméo était vraiment un homme "à part" à toujours venir en aide à tout le monde, depuis toujours, un homme exceptionnel, attentif aux autres...et je me demandais qui, dans ta vie, avait pu t inspirer ce personnage ?
Bise

2. Marioromans  le 10-08-2019 à 19:10:19  (site)

Je réponds à ta question par l'article suivant.

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posté le 27-07-2019 à 21:17:31

Blasphèmes et patois

 

 

Attribuer un patois à un personnage de roman sert à lui donner une personnalité propre, de permettre de le reconnaître facilement. Idem pour les blasphèmes. bien que ces derniers servent à cerner une situation, de colère habituellement. J'emploie très peu de jurons québécois, sauf dans le cas des Baveux. Habituellement, il y en a un ou deux, bien placés!  Voici un petit tour d'horizon de ces aspecs de mes romans.

 

 

 

MADAME ANTOINE : Antoine est mal engueulé. Il blasphème beaucoup. Nous sommes au 18e siècle et la plupart des jurons étaient de nature "divine". Les blasphémateurs pouvaient être arrêtés par les autorités publiques et fouettés. Ce sont des jurons d'ancien régime, aujourd'hui disparus, sauf dans le cas d'un seul, maintenant déformé. Une partie du répertoire d'Antoine : Tort à Dieu, Par le sang du Christ, Vierge noire.

 

 

 

PERLES ET CHAPELET & LE DESTIN DE JEANNE : Jeanne utilise souvent "Diable", ce qui peut paraître banal, mais était mal vu au cours des années 1920, surtout par la voie d'une femme. Dans Le destin de Jeanne, elle a aussi recours à quelques 'sacres' québécois dodus.

 

 

 

MÊMES ROMANS : Sa compagne Sweetie est anglophone, et même si elle parle français, son juron favori est demeuré anglais : "Damned!", c'est à dire "Damnation!"

 

 

QUAND ON S'AIME BIEN TOUS LES DEUX : Max et Betty emploient des déformations légères de jurons. Pour l'homme : "Batinse!" (Baptême) et pour la femme : "Saudit" (Maudit). Par contre, leur jeune amie Suzanne ne se prive pas de lancer quelques blasphèmes habituellement réservés aux hommes.

 

 

L'HÉRITAGE DE JEANNE et autres : Renée lance sans cesse "Patate!", souvent suivi d'un autre mot. J'avais écrit un article sur la science de la patate signée Renée. Voir :

 

http://marioromans.vefblog.net/14.html#Patate

 

 

 

LES FLEURS DE LYSE : À l'origine, le patois de Baraque était "'Stie", diminutif de Hostie. L'éditeur m'en a adressé le reproche. J'ai atténué le mot, devenu : Stiffie. Redevenant propriétaire de mon texte, j'aurais pu remettre les 'Stie, mais j'ai décidé de garder Stiffie, ce qui fait un peu étrange dans la bouche de cet ours mal léché de Baraque.

 

 

 

LES FLEURS DE LYSE : Dans la seconde partie du roman, se déroulant au cours des années 70, les sacres volent souvent chez les personnages, mais Dur, copropriétaire du café la Pitoune, présente un patois singulier : "Pénis."  Aucune invention de ma part, car j'ai connu un gars qui le disait tout le temps.

 

 

 

EH ATTENDANT JOSEPH et autres : Nous sommes au 19e siècle et Isidore emploie un dérivé d'un blasphème de l'époque de la Nouvelle-France : "Torrieu" (Tort à Dieu). Son épouse Émerentienne tente de le corriger. C'est aussi à ce moment, en réaction contre le catholicisme ultramontain, que sont apparus les blasphèmes québécois toujours en circulation de nos jours, cela dans les camps de bûcherons. Émerentienne ne comprend pas pourquoi Isidore se met à dire Callis, Hostie, Tabarnake, mais se doute qu'il y a quelques chose de "pas trop catholique" derrière ces mots.

 

 

 

LE COCHON DE BÉRANGÈRE : La fille de Jeanne, née en France, a comme patois un innocent "Flûte".

 

 

 

LE DESTIN DE JEANNE : Brunette, jeune fille gardienne de Bérangère, y va de "Mince". Le roman se déroulant en France, on croise quelques locaux et leur classique "Putain de merde." Jeanne, travaillant dans un bistro comme serveuse, enseigne l'art du sacre québécois à un vieil homme, très intéressé par ce langage.

 

 

 

LE ROI DES CADEAUX : Fifine, comédienne de vaudeville, ne jure que par "Ouistiti".

 

 

LES BAVEUX : Feu d'artifice de sacres québécois : mes jeunes Baveux, même devenus âgés, parsèment tous leurs échanges d'hostie de crisse de tabarnaque de sacramant. Et c'est sans doute pourquoi ce roman ne sera jamais publié...

 

 

 

Un court dialogue de ce roman. Intel présente ses disques de Jimi Henrix à Baril. Ravie, elle exprime sa joie ainsi :

 

 

.« Ciboère que t’en as, des records! J’en ai jamais vu gros comme ça! T’as sûrement toutes ceux d’Jimi Hendrix. Lui, y’éta’ flyé en sacramant, surtout quand y joua l’hyme national avec ses dents.

- Oui, je les ai tous, Baril.

- Calvaire, t’en a plus’ qu’un poste de radio! Janis, tu les as tout’ itou?

- Tabarnaque que oui, Baril. »

 

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1. chocoreve  le 06-08-2019 à 20:06:07

Mince.. c'est le mot que j emploie, et ma petite-fille aussi puisqu elle reproduit...
Et mince tu n as pas vu mon commentaire sur le post précédent..
Bises Mario

2. Marioromans  le 06-08-2019 à 23:24:35  (site)

C'est un patois un peu mince !!! Ah Ah!

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posté le 24-07-2019 à 21:14:38

Un souvenir

 

 

Un souvenir en pensant à ma mère qui vient de quitter ce monde.

J'ai toujours beaucoup aimé la photo ci-haut. Ma mère avait 17 ans, au début des années 40. Une fois par année, elle se rendait chez un pro pour une photo de haute qualité.

Pour les romans de la série Tremblay,  j'avais l'habitude de proposer les photos de Trois-Rivières que l'on voit en bas. L'éditeur s'occupait du médaillon.

Sauf dans le cas de L'Héritage de Jeanne. J'avais en tête de proposer cette photo. Or, maman, à ce moment sortait très peu et j'ai profité d'une de ses rares absences pour descendre rapidement fouiller dans ses albums, extraite la photo, filer en faire une photocopie de qualité, puis la remettre dans l'album.

L'éditeur a accepté. Ils ont simplement inversé la photo, pour ce résultat :



 

J'ai pensé à cette photo non pas parce que ma mère  est présente dans le roman, mais bien parce qu'elle illustrait très bien l'époque où se déroule l'histoire. De plus, la seconde partie est consacrée à des jeunes femmes du temps. On y croise cependant un clin d'oeil à maman, avec un personnage surnommé Puce, car c'est ainsi que la père de maman la surnommait et qui sera repris par son époux, mon père.

 

 

Ma mère a vu le résultat aussitôt que j'ai eu le roman entre les mains. Elle... n'était pas contente, parce que je ne lui avais pas demandé, que j'avais fouillé dans ses albums sans autorisation. Pourtant, quinze minutes plus tard, elle téléphonait à sa soeur pour lui annoncer que "Mario a mis mon portrait sur son livre."

 

 

 

 

 

Autre secret relatif à ce roman.   L'imprimeur avait fait une erreur et livré ce que vous voyez à l'éditeur. Très mal imprimé! L'éditeur a refusé et a retourné les copies, ordonnant à ces gens d'accomplir comme il faut le travail pour lequel ils étaient payés.

L'imprimeur a simplement découpé les pages imprimées et les a insérées dans une enveloppe imprimée comme il faut, faisant en sorte que ce roman est légèrement plus petit que les autres de la série.

 


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1. anaflore  le 25-07-2019 à 07:51:26  (site)

Belle jeune fille
Toutes mes condoléances pour ta maman une triste nouvelle smiley_id121607smiley_id121607

2. Maritxan  le 25-07-2019 à 12:51:26  (site)

Bonjour Mario !
Je ne suis pas très présente en ce moment sur les blogs et je le regrette. Ma vue s'est détériorée à cause de la cortisone qui a accéléré la cataracte. Heureusement que tu écris en gros et en gras, ça m'aide bien ! Entre autre... je dois me faire enlever une glande surrénale le mois prochain... décidément ça n'en finit pas ! Pour une raison que j'ignore mon moral ne va pas trop mal !
À part ça, je suis toujours contente de te lire. Sourire1

3. Marioromans  le 25-07-2019 à 16:07:32  (site)

J'écris en gros caractère et en fondé, sinon je ne serais pas capable de me relire ! Je sais que cela peut rendre service à des gens.

4. chocoreve  le 06-08-2019 à 13:29:41

Puce est aussi le surnom de ma fille, et pucette celui de ma petite fille...
Ta maman a râlé, car ça ne se fait pas de fouiller dans les affaires personnelles , mais a sûrement été très fière !
Bises

5. Marioromans  le 06-08-2019 à 23:25:32  (site)

Bien sûr, on disait Puce parce qu'elle n'était pas grande.

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posté le 18-07-2019 à 05:01:49

Grand-Regard et son premier corset

 

 

Nous sommes à la fin du 19e siècle et les petites filles, aux premières manifestations de la féminité, doivent changer leurs habitudes vestimentaires avec, entre autres, l'arrivée d'un corset. Voilà ce que doit vivre Grand-Regard. Elle n'est pas d'accord du tout !

 

Petite note, avant l'extrait : Madeleine est le véritable prénom de Grand-Regard. Conrad est son père, Juliette sa soeur et Arthur son frère. De mon roman en cours de création : Grand-Regard et la jeunesse.




Mais la nouvelle situation de Madeleine fait naître une étape à laquelle elle ne pensait pas et qui rend Juliette très contente d’avoir l’honneur de lui présenter son premier corset. « Quel est le nom de l’idiote qui a inventé un tel carcan? Je ne pourrai jamais porter une horreur semblable! Je vais étouffer vingt fois par jour! » Même si l’aînée sait que sa cadette est différente, elle n’attendait pas une réaction aussi vive.  « On s’y habitue rapidement et tu arriveras à te presser de le mettre chaque matin. C’est notre féminité, petite sœur. » Arthur, témoin, l’assure que la souffrance sera plus grande au couvent. « Il faut souffrir pour devenir maîtresse d’école. » Elle lance un « Ah! » si retentissant qu’il arrive même à faire sourire Conrad. Pour mettre fin à ce drame, Madeleine a le goût de sortir, pieds nus, de se presser vers le sentier des pêcheurs, bras aux cieux. Cependant, les regards de tout le monde la retiennent.

 

« Les femmes qui labourent aux champs ne s’embarrassent pas d’un tel ornement. Pour traire une vache ou lever les œufs, pas besoin de ça! » Juliette la laisse parler, devinant que la jeune en aura pour une demi-heure et qu’il surgira quelque chose d’inattendu.

Les jours suivants, Grand-Regard voit des corsets partout, comme si elle n’avait jamais remarqué la chose avant. Même la vénérable retraitée madame Olive en porte un. Et madame Notaire, donc! Soudain, elle se souvient que sa mère… Croisant le curé, elle ose lui lancer son désir de devenir un garçon, lui demande de déchirer son baptistère et de lui en fabriquer un autre au nom de Roger. Erreur… Ce religieux n’entend pas du tout à rire. « C’est pourtant beau, Roger. Et ça ne porte pas de corset. »

 

(...)

 

« Les prêtres ne connaissent rien aux corsets. On ne leur enseigne pas au séminaire », d’assurer Grand-Regard, devant madame Notaire qui met ses doigts devant sa bouche pour ne pas rire face à la jeune fille. En guise de réponse, la dame parade, en lui fredonnant comme cela est distingué. « J’ai décidé que la vie serait belle, madame. Donc : pas de corset. » Madeleine en raconte tant et tant que cela devient sujet de rigolade chez les femmes, lors de leurs rendez-vous pour le thé. Pourtant, dès la messe du dimanche suivant… « Tout le monde me regardait, Arthur, et ils riaient. Va les corriger! »


 

Bien sûr, Grand-Regard, comme toutes les autres de son époque, portera le corset, mais gardera pour cette pièce vestimentaire une aversion certaine.

 

 


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1. chocoreve  le 22-07-2019 à 19:47:14

Ton texte m a donné l envie de me renseigner sur l histoire du corset. Je ne sais pas pourquoi, mais je n aurais jamais imaginé que l idée de sa création vienne d une femme ! ...
A bientôt Mario

2. MarioMusique  le 22-07-2019 à 21:00:36  (site)

Je ne sais pas si le corset est une invention d'une femme. Ceci est simplement la réaction d'une fille de 12 ans qui, bien sûr, savait que le corset existait et qu'elle en porterait un devenue grande, mais ne pensait pas que cela serrait tant la taille.

Je ne sais pas si tu as lu mon commentaire sur l'autre site, mais les deux romans sur le Klondyke, ce n'est pas de moi, mais de la part d'un gars portant le même nom. Ceci porte beaucoup à confusion et je déteste cette situation.

3. chocoreve  le 23-07-2019 à 15:58:43

Oui Mario j'ai lu ton commentaire sur l écrivain qui porte le même nom que le tien. Je comprends que ce doit être embarrassant !
A bientôt !

4. chocoreve  le 23-07-2019 à 16:02:22

"Quel est le nom de l idiote ..." dans le texte.
C'est cette phrase qui m'a interpellée...

5. MarioMusique  le 24-07-2019 à 04:32:00  (site)

Très bien, très bien. Merci.

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posté le 16-07-2019 à 20:35:53

Personnage réel : Pierre Boucher

 

 

Il y a plusieurs personnages réels de l'Histoire du Québec dans mes romans. Parfois, ils sont simplement nommés, à d'autres occasions, ils apparaissent brièvement (Maurice Duplessis, Samuel de Champlain) et, enfin, il y a des personnages marginaux, tout à fait réels, mais qui font tout de même partie du patrimoine socio-historique. Parmi les 'célèbres' : le curé Chamberland, Ralph Burton, Jackie et Rachel Robinson, ou Ludger Duvernay, dont j'avais parlé dans cet article :

 

 

http://marioromans.vefblog.net/2.html#Personnage_reel__Ludger_Duvernay

 

 

Voici Pierre Boucher, personnage colossal de l'Histoire du Québec. Bien que natif de France, cet homme consacrera sa vie au Canada. Explorateur, interprète (Il maîtrisait plusieurs langues amérindiennes) juge, capitaine de milice, seigneur, Boucher a écrit le tout premier livre sur le Québec. Il est décédé à plus de 90 ans, ce qui était très rare, au 17e siècle. De nos jours, des écoles, rues, places publiques, musés, tant de choses portent son  nom, dont une municipalité : Boucherville. Bien sûr, il fut gouverneur du bourg de Trois-Rivières et, dans le roman Le pain de Guillaume, il entretient des relations avec mon héros.

 

Condamné injustement par un gouverneur, Guillaume croupit dans un cachot de Ville-Marie (Montréal) quand Pierre Boucher le visite pour lui annoncer de bonnes nouvelles.

 

 

Au milieu de septembre, Guillaume a la surprise de recevoir la visite de Pierre Boucher, capitaine et juge des Trois-Rivières. Sans roulement de tambour, l’homme lui annonce que l’ordre de sa déportation, signé par Duplessis-Kerbodot, est maintenant caduque depuis qu’il est lui-même devenu gouverneur du bourg.

 

Guillaume, ému jusqu’aux larmes, s’agenouille devant lui et prend sa main droite, après avoir s’être signé. Pierre Boucher lui ordonne de se tenir droit comme un homme.

 

 

 

«Je vous félicite, excellence, pour cette nomination. Depuis longtemps, j’ai pensé que vous étiez le meilleur homme pour devenir notre gouverneur. Je vous promets mon dévouement et mon obéissance, comme un humble serf le doit à son seigneur.

- Notre habitation n’est plus la même depuis ces massacres à cause de l’initiative peu instruite de mon pauvre prédécesseur. Les veuves pleurent autant que les orphelins. Notre unité s’est dissolue depuis cette victoire des Agniers. J’ai besoin de vous pour nous unifier à nouveau.

- De moi, excellence?  Moi, un simple boulanger?

- Vous avez été le seul homme assez courageux pour tenir tête à cet insensé qui a mené la Nouvelle-France au bord du gouffre qui nous absorbera bientôt si nous ne sommes plus unis. Tout le monde parle de plus en plus de partir, mais votre amour pour les Trois-Rivières les fera demeurer.  Seul Guillaume Tremblay, dit le Poltron, peut m’aider à rétablir notre unité. Si vous vous acquittez de votre tâche, monsieur, je vous octroierai une seigneurie.

- Je veux avant tout retrouver ma boulangerie, excellence.»

 

 

 

Guillaume a débuté cette journée sur la paillasse de son cachot et la termine sur le matelas douillet d’une chambre de la maison du sieur de Maisonneuve. Entre temps, il a accompagné Pierre Boucher pour une visite de ce magnifique bourg. À ses yeux, Ville-Marie est une réussite sans conteste et doit devenir un modèle pour les Trois-Rivières, si jamais Dieu permet aux habitants de survivre à cette guerre iroquoise que plusieurs Français considèrent comme l’ultime. Tôt le lendemain matin, Guillaume mange des fruits veloutés et boit une coupe du meilleur vin. Il fait ses adieux chaleureux au gouverneur qui l’a si bien traité, malgré tous ces jours au cachot. Quelques Hurons transportent le canot de Pierre Boucher jusqu’au fleuve, alors que Guillaume cherche les autres indigènes de l’escorte.

 

 

«Vous êtes venu ici seul?

- Oui, bien sûr.

- Le nouveau gouverneur des Trois-Rivières prend le risque de franchir cette distance considérable alors que nous sommes en guerre et que vous représentez une capture de choix pour les Agniers.

- Oui, monsieur. Les Hurons des Trois-Rivières sont plus utiles à ce bourg en demeurant là-bas. Et n’avez-vous jamais apprécié la grandeur incomparable de ce pays, alors que vous êtes seul face à cette nature et à son créateur? Il s’agit là, monsieur, d’une expérience du plus haut enrichissement.»

 

Tags: #histoire
 


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